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Education populaire (science et techniques), luttes diverses et variées (celles ci qui imposent de "commencer à penser contre soi même") et musiques bruitistes de toutes origines

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Billet de blog 6 janvier 2011

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La guerre des sciences : de l'imposture de Sokal à la question du Climat

L'affaire Alan Sokal montre un régime bien particulier de discussion des sciences. Le régime normal de fonctionnement de la science comprend des périodes de consensus, de calme, de progrès partagés qui mettent tout le monde d'accord mais aussi des périodes de querelles, ou les conceptions antagonistes se résolvent dans le fracas et les arguments choc. Les faits sont bien souvent des faits disputés. Les théoriciens eux peuvent être aussi attachés a leurs créations qu'une mère juive à son rejeton dans les films de Thomas Gillou (la vérité si je mens 1, 2 ou 3) Tout différent est la situation de "guerre des sciences", dans laquelle il y a deux parties en présence, et dans laquelle on doit obligatoirement "choisir son camps", sous peine d'être conspué par les protagonistes. De même, une autre différence essentielle est que lors d'une querelle, même forte (les murs du labo tremblent !) L’objectif des camps opposé est d'arriver à un accord, même si ça peut être dans la douleur. Dans le cas d'une guerre des sciences, le contexte est tout autre, et on ne désire pas tant arriver à un accord que de détruire l'adversaire. Jusqu'a présent, l'exemple que tout le monde pourrait avoir en tête est la fameuse querelle lancée par le canular fait par le physicien Alan Sokal, relayé par un livre "Impostures intellectuelles" coécrit avec le physicien belge Alain Bricmont. Celle ci ferait presque exemple de bluette calme par rapport au conflit qui est en train de se livrer autour de la question du climat, qui a cette particularité d'être une "guerre de science", mais de guerre civile, livrée entre partisans de "sciences physiques" contrairement à "impostures intellectuelle" qui opposait "sciences dures" et humanités... Le régime normal de fonctionnement de la science comprend des périodes de consensus, de calme, de progrès partagés qui mettent tout le monde d'accord mais aussi des périodes de querelles, ou les conceptions antagonistes se résolvent dans le fracas et les arguments choc. Les faits sont bien souvent des faits disputés. Les théoriciens eux peuvent être aussi attachés a leurs créations qu'une mère juive à son rejeton dans les films de Thomas Gillou (la vérité si je mens 1, 2 ou 3) Tout différent est la situation de "guerre des sciences", dans laquelle il y a deux parties en présence, et dans laquelle on doit obligatoirement "choisir son camps", sous peine d'être conspué par les protagonistes. De même, une autre différence essentielle est que lors d'une querelle, même forte (les murs du labo tremblent !) L’objectif des camps opposé est d'arriver à un accord, même si ça peut être dans la douleur. Dans le cas d'une guerre des sciences, le contexte est tout autre, et on ne désire pas tant arriver à un accord que de détruire l'adversaire. Jusqu'a présent, l'exemple que tout le monde pourrait avoir en tête est la fameuse querelle lancée par le canular fait par le physicien Alan Sokal, relayé par un livre "Impostures intellectuelles" coécrit avec le physicien belge Alain Bricmont. Celle ci ferait presque exemple de bluette calme par rapport au conflit qui est en train de se livrer autour de la question du climat, qui a cette particularité d'être une "guerre de science", mais de guerre civile, livrée entre partisans de "sciences physiques" contrairement à "impostures intellectuelle" qui opposait "sciences dures" et humanités...

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L'affaire Alan Sokal montre un régime bien particulier de discussion des sciences. Le régime normal de fonctionnement de la science comprend des périodes de consensus, de calme, de progrès partagés qui mettent tout le monde d'accord mais aussi des périodes de querelles, ou les conceptions antagonistes se résolvent dans le fracas et les arguments choc. Les faits sont bien souvent des faits disputés. Les théoriciens eux peuvent être aussi attachés a leurs créations qu'une mère juive à son rejeton dans les films de Thomas Gillou (la vérité si je mens 1, 2 ou 3) Tout différent est la situation de "guerre des sciences", dans laquelle il y a deux parties en présence, et dans laquelle on doit obligatoirement "choisir son camps", sous peine d'être conspué par les protagonistes.

De même, une autre différence essentielle est que lors d'une querelle, même forte (les murs du labo tremblent !) L’objectif des camps opposé est d'arriver à un accord, même si ça peut être dans la douleur. Dans le cas d'une guerre des sciences, le contexte est tout autre, et on ne désire pas tant arriver à un accord que de détruire l'adversaire. Jusqu'a présent, l'exemple que tout le monde pourrait avoir en tête est la fameuse querelle lancée par le canular fait par le physicien Alan Sokal, relayé par un livre "Impostures intellectuelles" coécrit avec le physicien belge Alain Bricmont. Celle ci ferait presque exemple de bluette calme par rapport au conflit qui est en train de se livrer autour de la question du climat, qui a cette particularité d'être une "guerre de science", mais de guerre civile, livrée entre partisans de "sciences physiques" contrairement à "impostures intellectuelle" qui opposait "sciences dures" et humanités...

Le régime normal de fonctionnement de la science comprend des périodes de consensus, de calme, de progrès partagés qui mettent tout le monde d'accord mais aussi des périodes de querelles, ou les conceptions antagonistes se résolvent dans le fracas et les arguments choc. Les faits sont bien souvent des faits disputés. Les théoriciens eux peuvent être aussi attachés a leurs créations qu'une mère juive à son rejeton dans les films de Thomas Gillou (la vérité si je mens 1, 2 ou 3) Tout différent est la situation de "guerre des sciences", dans laquelle il y a deux parties en présence, et dans laquelle on doit obligatoirement "choisir son camps", sous peine d'être conspué par les protagonistes. De même, une autre différence essentielle est que lors d'une querelle, même forte (les murs du labo tremblent !) L’objectif des camps opposé est d'arriver à un accord, même si ça peut être dans la douleur. Dans le cas d'une guerre des sciences, le contexte est tout autre, et on ne désire pas tant arriver à un accord que de détruire l'adversaire.

Jusqu'a présent, l'exemple que tout le monde pourrait avoir en tête est la fameuse querelle lancée par le canular fait par le physicien Alan Sokal, relayé par un livre "Impostures intellectuelles" coécrit avec le physicien belge Alain Bricmont. Celle ci ferait presque exemple de bluette calme par rapport au conflit qui est en train de se livrer autour de la question du climat, qui a cette particularité d'être une "guerre de science", mais de guerre civile, livrée entre partisans de "sciences physiques" contrairement à "impostures intellectuelle" qui opposait "sciences dures" et humanités...

Retour sur l' "Affaire Sokal"

Tout allait démarrer lorsque Sokal qui se réclame du marxisme allait attaquer le camp dit "postmoderne", particulièrement puissant dans l'université américaine. Il allait placer un "coup de maitre" en faisant publier un article fantaisiste dans la revue de référence du courant post moderniste "Social Text". Celui ci "Transgresser les frontières : vers une herméneutique transformative de la gravitation quantique [" initiât alors une bataille furieuse entre les deux camps en présence. Remarquons que Social Text n'est pas (contrairement à ce qui est souvent dit par les thuriféraire de Alain Sokal) une revue "scientifique" à proprement parler (même si elle est publiée par l'université de Duke) Une revue "scientifique" est une revue dont la qualité des articles est garantie par un processus de lecture et de vérification faite par des experts du domaine considéré. C'est pour cela qu'un article de "Nature" fait autorité. Or social Text n'était pas une revue "à comité de lecture". Par contre si rapidement quelques lecteurs perspicaces ont décelé la supercherie, elle est passée "comme une lettre à la poste" auprès de lecteurs peu attentifs, ou dénué de toute culture scientifique élémentaire... On peut dire donc que la plaisanterie, d'un intérêt limité, avait été utile. Mais rapidement, il allait lancer un brûlot avec son collègue Alain Bricmont "imposture intellectuelles", qui allait s'attaquer aux philosophes et penseurs références de la "french theory", ainsi qu'a Bruno Latour le sociologue des sciences le plus connu... Cela devais lancer la fameuse "science war" qui allait déchirer le monde intellectuel des deux cotés de l'atlantique ! Assez bizarrement, en effet, la querelle allait s'exporter de notre coté ! Il est de fait que les auteurs cités étaient tous français (alors que ceux qui les reprenaient de façon encore plus fantaisistes étaient épargnés) mais ne jouissaient plus en France de positions académique, voir même d'un réseau de fan... Mais ce changement géographique allait permettre à des commentateurs de taper sur "la pensée 68", ce qui est une constante de la droite réactionnaire française (et ce n'est pas Sarkozy qui dirait le contraire !) Foin de Lacan, Deleuze et autres... Ce qui fait qu'en France, la guerre s'est terminée faute de combattants... Par contre, aux usa le courant de la french Theory ne s'en est jamais remis. Bien entendu, les philosophes et autres sociologues n'ont pas acquis pour autant un minimum de culture scientifique...

La guerre du climat

La querelle sur l'origine entropique ou non du dérèglement climatique allait initier une "guerre scientifique" qui partage avec celle initiée par Sokal et Bricmont bien des points communs sauf une différence essentielle : alors que "l'affaire Sokal" opposait "sciences dures" et "sciences humaines", la guerre du climat clive les sciences dures elles même. Il y a pourtant bien des liens entre les deux situations. On reproche souvent à Alan Sokal le fait d'avoir un discours uniquement à charge "Sokal devient "auteur sans avoir à exposer et argumenter scientifiquement ses idées, simplement en désignant le discours des autres" (Jeanneret) comme dans le cadre de l'affaire Allègre (L'imposture climatique, éditions Plon, 2010), 1998, p.154). Comme dans l'affaire Courtillot (accusé de fraudes scientifiques pour faire triompher sa thèse) autour des publications dans Earth and Planetery Science Letters, des débats et des prises de position sur l'éthique scientifique et journalistique se structurent. Grâce à la mobilisation d'un réseau d'alliance entre acteurs, il s'agit de reconstruire des barrières éthiques en relation avec les processus de médiation et de validation scientifique (peer-review), en définissant ce qui est science et ce qui ne l'est pas

Dans l'affaire Sokal, comme dans l'affaire Courtillot, la polémique va connaitre des développements différents des deux côtés de l'Atlantique. A travers une communication Internet qui mettra en réseaux différents acteurs et différents arguments, les débats porteront sur le statut des sciences en société Pour les affaires climatiques récentes en particulier, les interrogations porteront sur la transparence sociale des processus d'expertise et sur les limites des connaissances du système climatique à travers notamment deux extrêmes théoriques : la théorie climatique solariste et la théorie climatique carboncentriste dont l'opposition binaire tend à cacher la complexité des phénomènes.

Il n'empêche que dans un cas comme dans l'autre, on ne peut sortir de la "guerre" qu'en mettant au jour les sous entendu politiques caché sous le prétexte de la science... Mais eux même sont d'une redoutable complexité.

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