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Education populaire (science et techniques), luttes diverses et variées (celles ci qui imposent de "commencer à penser contre soi même") et musiques bruitistes de toutes origines

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Billet de blog 10 novembre 2013

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Attaques ad hominem

 Ce billet commence mal, par une impropriété : ce dont je veut parler, c'est des attaques « personnelles » qui ne prennent pas pour cible les arguments échangés mais la personne qui les a proférés. Or un argument « ad hominem » n'est pas exactement ça : c'est un argument qui interroge le rapport entre les opinions proférée par une personne et les faits constatés (exemple : « En tant que syndicaliste, vous prônez le partage du travail mais pourtant vous vous gavez d'heures supplémentaires ») Schopenhauer, l'auteur d'un épatant « l'art d'avoir toujours raison », un petit opuscule utile dans les joutes médiapartique précisait d'ailleurs qu'il s'agissait d'un argument différent, ce qu'il nommait l'attaque « ad personnage ». Or il me semble qu'on assiste à une multiplication des attaques personnelles dans les échanges médiapartiens, au détriment de la qualité de l'échange. Mais peut être ce point de vue est il trop  subjectif et suis je marqué par ma situation personnelle ? 

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 Ce billet commence mal, par une impropriété : ce dont je veut parler, c'est des attaques « personnelles » qui ne prennent pas pour cible les arguments échangés mais la personne qui les a proférés. Or un argument « ad hominem » n'est pas exactement ça : c'est un argument qui interroge le rapport entre les opinions proférée par une personne et les faits constatés (exemple : « En tant que syndicaliste, vous prônez le partage du travail mais pourtant vous vous gavez d'heures supplémentaires ») Schopenhauer, l'auteur d'un épatant « l'art d'avoir toujours raison », un petit opuscule utile dans les joutes médiapartique précisait d'ailleurs qu'il s'agissait d'un argument différent, ce qu'il nommait l'attaque « ad personnage ». Or il me semble qu'on assiste à une multiplication des attaques personnelles dans les échanges médiapartiens, au détriment de la qualité de l'échange. Mais peut être ce point de vue est il trop  subjectif et suis je marqué par ma situation personnelle ?

Tout d'abord, si je consacre un billet a cette question, c'est que j'ai été la cible de ce genre d'attaque et que j'ai découvert à ma grande surprise que certains membre du club médiapart consacrait une part de leur énergie ou de leur talent (quand ils avaient du talent) à me dénoncer publiquement. La chose est arrivée une première fois grâce à un billet de Jacques Bolo qui disait « Marc Tertre est un con ». Je le laisser responsable de son avis (que je ne partage pas) et suis surpris de l'importance qu'il m'accorde. Mériterais je vraiment un billet ? Il semble que oui, puisque peu de temps aprés, voilà que c'est melchior Griset-Labuche qui en consacre un autre. Mais là, ma gloire n'est pas totale puisqu'elle doit être partagée par une autre cible, Yvan Najiels. Cependant je me sens seul « personnellement » mis en cause dans la mesure ou l'accusateur et mon co-accusé utilisent tous deux des pseudonymes. Ces échanges (assez acerbes) ont entraîné une floraison de billet sous l'égide d'une autre intervenante, qui m'en a consacré pas moins de trois ! Certes,  de plus en plus de gens se retrouvaient dans sa liste de dénonciation, mais ce qui compte ce n'est pas le nombre, mais la qualité. Personnellement, ce n'est pas que cela me choque outre mesure (quoique à vrai dire, le fait de se faire traiter de con n'est guère agréable) mais surtout que ça m'étonne. Surtout sur l'importance qu'on me donne, en fait

Mais il est vrai que moi même me prête régulièrement à des échanges « musclés » surtout sur des sujets « sensibles » . Il est évident que si on échange sur les mathématiques, les derniers progrès de la physique, et ce genre de sujets, on est quasi assuré de rester dans des échanges policés avec des interlocuteurs qui ne le sont pas moins. Alors que quand on échange sur des sujets directement « politiques », des choix entre des valeurs qui nous constituent, le ton déborde comme une soupe au lait qu'on aurait trop chauffé. Mais si effectivement dans le feu de l'action, il m'arrive de traiter mon interlocuteur (trice) de façon violente, je n'en vois pas dont l’alacrité soit destinée plus vers la personne que sur les opinions qu'elle professe, a deux exception prêt, cependant. Une intervenante que je ne nommerait pas car elle a quitté le club, et que j’accusai de « mépris social » (un défaut que je ne supporte pas) et Melchior Griset-Labuche, que je ne supporte pas non plus pour des raisons qui ne tiennent qu'a lui... Et c'est vrai que tout le monde n'a pas forcément les mêmes réactions devant les accusations, le ton véhément, les insultes quelquefois. De ce point de vue, je n'ai rien d'exemplaire, et je ne cherche pas à l'être. Mais c'est vrai que cette question ne m'affecte pas moi uniquement, mais qu'elle touche également d'autres individu(e)s.

Une catégorie de ceux ci m'a intéressé dans un premier temps, c'est les journalistes de Médiapart qui sont mis en question « en tant qu'individus ». Comme je l'ai fait remarquer dans une réponse à une intervention, cela pose une question syndicale. Car les journalistes de Médiapart sont d'abord des salariés d'une entreprise. Les conséquences pour eux (et elles) ne sont pas du tout les mêmes ! Au pire, si une joute éclate, un lecteur lambda peut être contraint de partir (ça s'est vu) Mais si la personne considérée est salariée du journal, les conséquences peuvent être complètement différentes, et autrement plus grave. C'est ce que j'ai tenté d'expliquer lors des échanges plus ou moins violent qui ont mis en cause nommément la responsable de la vie du club, Géraldine Delacroix. Ce qui ne veux pas dire que j'apprécie forcément la façon dont fonctionne le club sous tous ses aspects, mais que je pense que c'est au contraire suivre une certaine pente de la facilité de rendre Géraldine Delacroix responsable des dysfonctionnement de Médiapart. Et absurde quand c'est quelque chose qui n'est pas de sa responsabilité, comme certains aspects techniques qu'elle n'a visiblement pas à régler.

Mais tout ceci est aussi lié a une autre question plus en rapport avec l'objet de ce blog, a savoir la communication de la science, celle du problème du journaliste scientifique.

Journalisme scientifique souvent attaqué (soit par ceux qui reprochent au journaliste sa complicité avec les scientifiques, soit par d'autres qui lui reprochent sa distance avec ces même milieux) mais journalisme maintenant totalement indispensable. Il me semble que la coupure qui a rendu ces fonctions de médiations incontournables sont résumé par la création du journal de « vulgarisation » «la Recherche » (a partir d'un autre titre) : « La Recherche » se donne comme « journal de vulgarisation pour scientifique » et part de la constatation suivante : après un siècle de spécialisation académique, il est de plus en plus courant qu'un scientifique expert en son domaine soit un « âne » dans un domaine voisin. Or cette typer spécialisation entraîne aussi des effets tout a fait négatifs. D'abord, nous ne pouvons plus juger par nous même : nous sommes contraint de faire confiance à des « autorités » (scientifiques), ce qui est parfaitement contradictoire avec les idéaux des lumières par ailleurs avancé par les défenseurs des « sciences exactes ». « L'argument d'autorité » était alors combattu comme une horrible déviation de l'esprit scientifique Mais quand on ne peut pas avoir les moyens de comprendre par soi même les mécanismes complexes des sciences, alors c'est là que les journalistes scientifiques, ces « passeurs de science » sont déterminant

Or le journaliste scientifique n'est lui même pas exonéré d'attaques diverses et variées, même (et surtout) quand il officie sur Médiapart. On l'a vu lors des échanges entre notre chroniqueur scientifique, Michel de Pracontal, et ses détracteurs sur Médiapart. Il est par ailleurs parfaitement normal (et conforme à « l'esprit participatif » du journal) que le journaliste se situe dans un « savoir situé » qui implique un choix rationnel. Mais il est tout autant normal que cet avis soit discuté, parfois durement. Mais cela est vrai tant qu'on en reste aux avis qui peuvent nous partager. Il m'est arrivé a plusieurs occasions de ne pas être de son avis sur tel ou tel point. Cela ne passe pas forcément par une remise en cause de son intégrité morale. Or a plusieurs reprises, des détracteurs ont mis en cause son honnêteté ou sa compétence. On arrive alors à un autre débat, qui n'est pas tout a fait scientifique, et ou ce qui importe le plus n'est pas de savoir ce qui est juste ou pas, mais de détruire l'autre.

Les scientifiques eux même peuvent être victime d'un tel phénomène. Un des exemples les plus frappant de débats scientifiques passionnés et qui entraînent des querelles qui peuvent être sans rapport avec l’éthique du débat scientifique. C'est le cas avec un des derniers billet ayant la psychanalyse comme sujet, et Françoise Dolto comme victime collatérale. On voit bien que l'objet même de l'échange est une tentative de remettre en cause son action, son importance, et que pour cela tous les moyens sont bons. L'auteur de ce billet a lu abondement les recommandations de « l'art d'avoir toujours raison » et pratique la dialectique éristique sinon avec talent, du moins avec une vieille habitude. Le probléme c'est de confondre l'ordre du politique (ou tout est bon quelquefois pour attaquer « le camp d'en face », et la science qui ne réfléchit jamais en terme de « camp » et de « guerre ». Quand on est dans une « guerre de science », on est sur au moins d'une chose : c'est que la science la dedans n'est au mieux qu'un prétexte.

L'autre débat propice a ce genre d'argument de destruction de « l'adversaire », comme si le terrain s'était déplacé des laboratoires aux rings est celui touchant à l'usage des plantes crées par génie biologique pour le plus grand profit des firmes multinationales. Remarquons que la question n'est pas le génie génétique lui même, mais ses usages techniques. Je ne suis pas « contre l'atome » (ce qui serait totalement stupide) mais contre certains de ses usages techniques (en tant qu'arme et en tant que pourvoyeur d'énergie) De même ne suis je pas contre les ogm, mais contre l'usage de certains de leurs usages dans la création de plantes et d'animaux dans le cadre d'une agriculture industrielle qui nous conduit droit à la catastrophe.

Mais c'est vrai que dans nos échange, j'ai bien attaqué un des participants à la discussion sur sa participation a une association (l'AFIS, l'association française pour l'information scientifique) en dénonçant cette dernière pour sa participation a un lobby visant à défendre des usages industriels de la science et de la technique qui me semblent parfaitement contestable. Il conteste (et c'est bien son droit) cette participation, mais affirme également que l'afis devrait être jugée de façon « scientifique » c'est à dire objective (ou visant à l'objectivité) Or si on relit le sommaire du site de l'association auquel il participe, alors force est de constater que l'objet de l'association est UNIQUEMENT la science en tant qu'elle est impliquée dans la mise au point technique de procédés industriels (insecticides, ondes radio, produits chimiques nucléaire, etc) Il y a donc légitimité a interroger son indépendance et les relations qu'elle entretient avec quelques cadors de la techno science.

Conclusion, refuser les querelles inutiles

Il me semble qu'il ne faut pas être dupe de cette inflation d'attaques personnelles, et leur multiplication incontrôlée. Elle participe sans doute d'un moment ou les relations sociales se tendent dans notre société : quand ça sent la poudre dans le vaste monde, nos rapports sociaux les plus quotidiens portent la trace plus ou moins déformée de cette situation. Mais on ne doit pas inversement considérer ces pratiques douteuses comme l'art normal de la discussion.

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