
Edwy Plenel nous a dit tout le bien qu’on pouvait penser d’un petit opuscule de Dominique Cardon consacré à la démocratie sur internet (« La démocratie sur internet, promesses et limites » aux éditions du Seuil). C’est un autre ouvrage du même auteur (avec l’aide de Fabien Granjon) qui sera l’objet de cet article. « Médiactiviste » s’intéresse aux dynamiques de création de média « contestataires », « alternatifs », « issus du mouvement social ». Il se propose d’analyser leurs dynamiques internes et externes sur le double plan du rapport qu’ils entretiennent avec la critique des média « établis » et d’une analyse historique qui en souligne les continuités et les ruptures
Les deux courants de la critique des médias
Pour les auteurs, la critique des médias est à l’origine de la création de moyens de communication et de diffusion d'informations (presse, cinéma, télévision, radio, affiches, etc.) échappant à l’emprise de la pensée convenue qu’on trouve trop souvent dans les lieux traditionnels du pouvoir médiatique. La méfiance à l’égard des journalistes par exemple serait une constante dans une bonne partie de l’opinion, et ouvrirait à la possibilité de nouveaux moyens d’expression, d’information et d’échange. Cette critique se partagerait entre deux courants distincts et opposé, l’un pointant l’origine des disfonctionnements et des lacunes du monde médiatique comme une conséquence obligée du fonctionnement d’une superstructure qui se caractériserait par la concentration oligopolistique, et un consensus minimal sur les principales options idéologiques, l’autre courant se rattachant à une vision « culturaliste » insistant plus sur la subjectivité des peuples, sur la capacité a fonder des communautés interprétatives porteuses de sens. Ces deux visions seraient diamétralement opposées, et la synthèse de leurs apports une opération impossible et vaine.
La critique « idéologique » issue du marxisme
Le premier courant est bien représenté par l’association « Acrimed », qui se propose de lutter contre l’emprise médiatique des grands groupes de communication, et de leurs fausses idoles qui sont régulièrement dénoncés comme complice « du système ». L’essentiel du combat serait idéologique, l’objectif des médias « traditionnels »étant de défendre une idée acceptable du néo libéralisme pour leur lectorat. Le mode de fonctionnement de cette critique est uniquement polémique, elle cherche à diminuer l’emprise sur les médias d’un groupe social bien identifié.
La critique « culturelle »
Le deuxième courant serait plus culturaliste, et relié aux problématiques associées à l’irruption de médias « communautaires ». Il part d’une demande de prise en charge de la subjectivité de ceux qui se vivent comme producteurs de leur histoire et de leur destin. Il récuse, souvent avec force, l’autorité des sachants (en manière culturelle en particulier)
Oppositions ou mise en tension ?
Ces deux approches sont présentées comme incompatible au gré d’une analyse un peu trop unilatérale. C’est sans doute la conséquence d’avoir présenté « Acrimed » comme le seul producteur de ce style de critique. Il est vrai que les animateurs de l’association sont peu ouvert (et c’est un euphémisme) à une synthèse possible et nécessaire avec le second type. Mais d’autres regroupements n’ont pas la rigidité (présentée comme inéluctable) tout en ne cédant en rien sur une analyse de type « marxiste » qui place les conditions nécessaires de fonctionnement au centre de leurs analyses. C’est le cas par exemple du collectif regroupé autour de Peter Watkins (le cinéaste de « the bomb » et de « punishement park » est à l’origine d’une critique féroce des médias, résumée dans son ouvrage « Media crisis ». Mais cela montre que la synthèse de ces deux conceptions et possible, d’autant qu’elle est souhaitable et nécessaire.
Critique des médias ou mouvement social ?
Une autre aporie de l’ouvrage est de faire découler l’existence de média « autres »de la seule critique des médias « réellement existants ». Ceux-ci découlent en effet tout autant des nécessités internes aux mouvements sociaux qui s’y expriment. Ceux-ci engagent un processus d’échange et de confrontation qui implique l’existence de médias autonomes. La forme d’expression découlent alors tout autant des nécessités et contraintes technique que la forme que prend le mouvement social déterminé dans sa façon de se construire.
Les limites de la critique
La critique est une activité qui implique une situation de relative extériorité à l’objet qu’elle prétend analyser. Elle est aussi marquée par un possible élitisme de ceux qui s’y livrent. Ces deux éléments font que l’intérêt de la critique, pour indispensable qu’elle soit, n’en est pas moins limité dans ses possibilités et des perspectives. « L’arme de la critique ne saurait remplacer la critique des armes » disait déjà il y a deux siècles le principal rédacteur de la « nouvelle gazette rhénane » qui allait devenir célèbre après avoir abandonné le journalisme…
Le mouvement social
Qu’est ce donc qu’un « mouvement social », et quelle sont ses caractéristiques propres ? Il y a « mouvement social » seulement quand un collectif se forme autour d’une mobilisation aux objectifs plus ou moins précis. Cette mobilisation peut avoir des raisons tout à fait différentes les unes des autres, sociales, culturelles, plus directement politiques, mais elles impliquent que le collectif se forme en conséquence de la mobilisation, contrairement par exemple à un parti politique qui se constitue sur la base d’une communauté de pensée préalable… C’est une des raisons qui font que l’activisme médiatique poursuit deux objectifs : celui d’informer l’extérieur des raisons et des développements de la mobilisation, mais aussi de constituer une communauté d’appartenance à partir d’une communauté d’intérêts.
Don’t hate the media, become the media
Le chanteur du groupe “Dead Kennedy”, activiste notoire des combats altermondialistes et anti guerre a inventé la formule “Don’t hate the media, become the media”. Cela allait devenir le slogan du site altermondialiste de culture libertaire « indymedia », créé pour servir de « centre média » pour le mouvement altermondialiste. Et en une décennie, force est de constater combien le militantisme sur Internet a élargi son champ. Si les années 1990 voient se multiplier des actions somme toute symboliques de désobéissance électronique, inspirées de la culture des hackers, avec par exemple des envois massifs de données, tel des emails, pour bloquer un système d’information cible, l’Internet militant se constitue réellement en France entre 1995 et 2001 avec les sites Web et les listes de discussions, peu investis encore par les organisations syndicales et politiques traditionnelles. Les activistes, issus souvent de la culture libertaire, voient là un moyen de faire entendre leurs revendications.
À partir de 2001, l’activisme sur Internet prend un nouveau visage grâce à certaines innovations techniques. Le P2P (peer to peer), modèle d’échange où chacun est à la fois client et serveur, permet une importante diffusion de vidéos militantes. C’est ainsi que de nombreuses vidéos circulent pour dénoncer les violences et les provocations policières que subissent les manifestants contre le sommet du G8 à Gênes. Le développement de systèmes de gestion de contenus (CMS) permet en outre de créer facilement, sans bagage technique, des outils pour publier des contenus, qu’il s’agisse de textes, de sons, de vidéos, etc. Ils ouvrent notamment la voie aux blogs que l’on ne peut d’un revers de la main rejeter comme de simples journaux intimes sans dimension politique : ils peuvent constituer un véritable espace d’expression polyphonique. Remettant en cause la conception « romantique » de l’auteur génial et inspiré qui produit seul l’œuvre dont il est l’unique propriétaire, la création du système de licences Creative Commons, contrats types qui favorisent la mise à disposition par les auteurs de leur travail sous certaines conditions, favorise une culture du mix, du détournement, de la création collective. La syndication, dispositif technique qui permet, grâce notamment à un fil RSS, de voir rapidement les dernières mises à jour d’un site, rend pour sa part plus simple le partage et l’échange des contenus. Bref, grâce à ce que l’on appelle le Web 2.0, Internet apparaît comme plus centré sur les utilisateurs qui tissent des liens et favorisent les réseaux sociaux.
Enfin et peut-être surtout, l’activisme sur Internet quitte peu à peu la culture de chambre pour descendre dans la rue grâce aux technologies de mobilité (wifi ou téléphone portable). Des performances, qu’il s’agisse de flashmobs (ces mobilisations éclairs lancées sur Internet) ou de projections en pleine ville, interpellent pour leur part le citoyen. On le voit, Internet apparaît comme un espace foisonnant d’expérimentation politique en incarnant l’absence de centre et de hiérarchie, en tissant des liens, en créant des réseaux sociaux, en ouvrant des espaces libres d’expression…
L’importance cachée des techniques
Un des éléments remarquable développé dans cet ouvrage est de montrer comment les différentes techniques utilisées (la presse pour le journal, la radiodiffusion, internet) interviennent pour orienter, définir, organiser l’espace d’expression en fonction de ses limites, de son mode de fonctionnement (centralisé ou pas, par exemple)
Détermination technique
Deux approches ne permettent pas d’articuler la façon dont les techniques interviennent pour façonner l’écologie des pratiques, médiatiques pour ce qui nous intéresse : une approche « techno-béate » reprend l’argumentaire publicitaires des industriels ayant développé et commercialisé cette technique sans aucune distance critique, et défend le mirage d’une technique qui à elle seule pourrait révolutionner des pratiques politiques, sociales, culturelles. Inversement une approche qui retirerait à cette technique toute influence sur la façon dont se détermine les contenus ne serait pas plus opérante. Il convient donc d’articuler les techniques employées et les espaces de libertés qui se créent à un moment donné pour comprendre comment se créent les cultures qui définissent chaque pratique. On peut alors remarquer que dans chaque grande période considérée, l’utilisation d’un nouveau outil (la radio FM, la vidéo légère, internet) arrive à point nommé en même temps qu’un besoin non satisfait et spécifique.
Techniciens et bricoleurs
A chaque éclosion d’une technologie de l’information nouvelle, celle-ci agrège non seulement ceux qui sont soucieux de l’utiliser pour exprimer leurs messages spécifiques, mais aussi tout un ensemble de personnes, techniciens et amateurs, tout autant ou même plus intéressé par l’aspect technique. C’est aussi parce que l’aspect économique de ces moyens d’expression implique la débrouille et le bricolage. Souvent on doit se passer de « vrais » professionnels pour gérer l’aspect technique, ou alors ceux-ci le font sur une « base militante » (c'est-à-dire en général bénévole) Les techniques et leur maitrise possèdent en effet un potentiel de créativité brimé dans le cadre du système productif « normal ». Cette maitrise technique « hétérogène » ouvre également à de nouvelles « façons de faire » qui orientent également le contenu de ces nouveaux moyens d’expression rendu possible par des innovations non planifiées par « le marché ». C’est ainsi que c’est dans ce cadre qu’ont été créé pour internet les CMS, système de gestion de contenu qui rendent possible l’expression de chacun(e)s sans maitrise technique ainsi que la participation collaborative. Médiapart ne pourrait pas exister sans le CMS (Drupal) qui en constitue la colonne vertébrale technique. Les CMS ont été mis au point par des collectivités de hackers qui ont rendu possible l’explosion des blogs et de ce qu’il convient d’appeler le « web 2.0 » (le web participatif) par leurs innovations faites en dehors de tout cadre commercial.
Du Média Révolutionnaire au Média Participatif.
Une des richesses de l’ouvrage est de montrer de façon condensée comment les médias alternatifs ont une histoire, et comment ils s’inscrivent dans celle-ci. L’ouvrage fait remonter la genèse des médias alternatifs à l’existence d’une presse révolutionnaire dans les combats et les contestations du XX° siècle. C’est une conception, et il pourrait y en avoir d’autre. Par exemple on aurait pu remonter à l’existence des « libelles », ces courts textes polémiques et souvent calomnieux, écrits entre la période de la fronde et celle de la révolution française… Cela aurais sans doute nuit à la forme resserrée de l’ouvrage mais contribué à le réinscrire dans une période longue.
Les premiers médias contestataires : la presse révolutionnaire
La figure de Lénine domine la partie de l’ouvrage consacrée à cette histoire. Celui-ci en effet fut non seulement un révolutionnaire mais aussi un formidable créateur de presse. Le premier journal révolutionnaire marxiste russe, l’Iskra, lui doit en effet beaucoup. Les désaccords dans le mouvement marxiste russe (qui se traduiront ensuite dans la scission entre « mencheviques » et « bolcheviques » allait précipiter la fin de la collaboration entre ces deux tendances du mouvement ouvrier et conduire Lénine à fonder « la Pravda » qui allait ensuite devenir pour plus d’un demi siècle le journal « officiel » d’une URSS définitivement stalinisée. Les conceptions de Lénine allaient servir de façon plus ou moins modifiée de ferment à des conceptions de groupes qui se réclamaient d’un courant « léniniste » ou « marxiste révolutionnaire » En France, ce fut le cas des deux premiers quotidien se revendiquant de l’extrême gauche, le premier libération et « rouge quotidien » Ces deux exemples ne sont pas étudié dans l’ouvrage, ce qui est regrettable (car la transformation du premier en presse « convenable » et l’échec du second sont très instructifs) La presse d’origine « maoïste » du Québec est par contre disséquée, et sa transformation sous le poids des revendications nationales québécoise parfaitement montrée. Ces média vont alors se transformer de médias « révolutionnaire » en médias « communautaires » défendant une culture, un peuple, une histoire de façon beaucoup plus innovante qui allait les pousser à abandonner leurs conceptions de départ.
Les médias communautaires
En France les médias communautaires ont mauvaise presse, car ils renvoient au problème du « communautarisme », honni par la tradition centralisatrice et intégrationniste de la France. Pourtant ces médias font preuve d’un dynamisme certain en particulier en Amérique Latine en raison du mouvement indigéniste, en Afrique et au canada. Le média privilégié est la radio en modulation de fréquence qui correspond parfaitement aux contraintes des bassins de diffusion et au fait qu’une bonne partie de l’auditoire potentiel n’est guère à l’aise avec l’écrit.
Les vidéo activistes
Un autre mouvement extrêmement dynamique fut le mouvement « vidéo activiste » (qui s’est pour la majeure partie retrouvé sur Internet) qui commença en France avec mai 68 quand des cinéastes engagés (Chris Marker en particulier) allait donner aux ouvriers leur premières caméras vidéo pour filmer « de l’intérieur » leur condition de travail et leur culture… Les « groupes Medvekine » de Besançon et de Sochaux allaient filmer la condition ouvrière d’une façon qui apparait aujourd’hui totalement originale et pertinente. L’existence d’une forme de vidéo « légère » allait rendre possible l’appropriation de l’outil, qui allait aussi être massivement utilisé lors des grands rassemblements altermondialistes (à Seattle et à Gène en particulier) tout d’abord pour filmer et rendre compte des exactions policières
L’explosion internet et les médias participatifs
L’explosion d’outils de communication, de blogs, de chaines, de réseaux (comme indymedia, qui agrège des chaines « nationales » avec chacune sa spécificité selon sa culture propre) a donné aux Mediactivistes œuvrant sur le réseau des réseaux une visibilité sans pareille. La fusion du local et du global rendu possible par l’architecture même d’internet a permis de repenser la problématique des médias communautaire à nouveau frais. Les espaces de diffusion vidéo (Dallymotion et Youtube pour les espaces commerciaux) ont permis aux vidéo activistes de résoudre le problème de la diffusion qui constituait jusque là un goulot d’étranglement. Mais plus généralement son caractère profondément décentralisé et son statut de « work in progress » (aux innovations continuelles) a profondément modifié la vision par un vaste public de la question de l’information, de ses canaux et de sa viabilité. Les mobilisations sociales ont vite vue le bénéfice qu’elles pourraient tirer des caractéristiques spécifiques du Réseau. Une des première à en tirer bénéfice fut le mouvement des sans papiers, dont le site créé par son porte parole informaticien à tout de suite été remarqué. Le mouvement d’éducation populaire et de critique du néo libéralisme Attac a fortement investi sur internet, tout autant pour des soucis de communication externe (faire connaitre largement ses propositions) que pour des raisons d’organisation (ce sont eux qui ont le plus poussé aux nouvelles formes d’organisation et de circulation d’information par le courrier électronique) Ces expériences souvent concluantes, l’audience décuplée des sites qui proposaient une autre façon de parler de l’actualité, mais aussi de la faire (dans la mesure ou l’actualité n’est pas « la vérité » mais une construction) allait pousser une partie significative de la presse traditionnelle à se lancer dans la presse participative. Celle-ci bénéficie en partie des outils mais aussi des réflexes inscrits dans les médias « du mouvement social » sans comme eux dépendre d’une conjoncture sociale, politique, culturelle qui les rends particulièrement sensible aux coups de vents et sautes d’humeur. Mais leur pratique est le plus souvent un compromis entre la pratique journalistique et les pratiques inédites qui sont souvent le lot des « outsiders » Et ils ne remettent aucunement en cause le statut privé qu’ils adoptent tous. Pour le moment, il n’y a que trois « pure player » (dont un dont l’avenir est forcément obéré) avec un modèle économique fluctuant (de ce point de vue Médiapart de par sa formule payante est le plus assuré d’une « relative » autonomie financière) Or ce qui a déterminé la création de médias alternatifs, c’était précisément le refus de la position d’extériorité du journaliste, et celui de la possession privée des moyens de production et d’échange.
Conclusion : de la Nouvelle Gazette Rhénane à Médiapart en passant par Wikileaks
Au début de 1842, certains bourgeois radicaux de Rhénanie, en contact avec les Hégéliens de gauche, créent à Cologne un journal d'opposition au gouvernement, la Rheinische Zeitung (Gazette Rhénane). Ils proposent à Marx et Bruno Bauer d'en devenir les principaux collaborateurs. En octobre 1842, Marx en devient le rédacteur en chef et s'installe à Cologne. La tendance démocratique révolutionnaire du journal s'accentue sous la direction de Marx. Le gouvernement réagit en lui imposant une double, puis une triple censure. Puis, le 1er janvier 1843, il l'interdit. Marx avait été contraint de démissionner avant cette date, mais cela ne sauva pas le journal, qui suspendit sa publication en mars 1843. Plus tard, Marx et Engels fondèrent la Nouvelle Gazette Rhénane au ton révolutionnaire affirmé, qui allait constituer la matrice de tous les journaux révolutionnaires. Ce journal, né dans la fournaise de la période révolutionnaire de 1848-1849 allait être la dernière incursion de Marx et d’Engels dans le journalisme (excepté quelques « piges » des années plus tard, en particulier pour des journaux socialistes américains) En relisant maintenant leurs écrits, on regrette qu’ils n’aient pas persisté dans cette voix… On y voyait un nouveau ton (pour l’époque), des préoccupations inédites et un rapport avec le social qui allait se transmuter en doctrine politique (au risque souvent de la figer)
L’impulsion de départ de ce « nouveau journalisme » (dans le contexte de l’époque) allait être un besoin impérieux de démocratie, face à un régime prussien autocratique et autoritaire. Bien entendu, les conditions ont totalement changées, mais c’est sans aucun doute ce besoin irrépressible qui justifie un projet comme celui de Médiapart. Ce besoin d’informer, de soulever le voile des intérêts et des petits secrets partagé est au cœur des projets éditorial du nouveau journal. Il est aussi de rassembler une collectivité de lecteurs actifs, passionnés, pouvant faire bénéficier l’ensemble du journal de leurs compétences éventuelles et de leur avis éclairé. Certes, ce journal n’a rien de révolutionnaire, n’est pas lié à un « mouvement social » à proprement parler et les temps ont changés. Il n’en demeure pas moins dans le cadre d’une histoire dont personne n’a à rougir, bien au contraire.
Wikileaks a une autre façon d’intervenir, plus marquée par la personnalité et l’histoire de son principal animateur. Le propre des hackers, c’est de mettre au point et de proposer de nouveaux outils qui peuvent traiter à nouveaux frais des problèmes non résolu. Wikileaks est de ceux-ci, qui proposent une nouvelle méthode pour éclaircir les zones d’ombre de notre vie démocratique. La aussi il se situe dans une perspective qui fait des « médiactivistes » dans leur diversité et leurs valeurs parfois contradictoires des opérateurs de liberté.
Dominique Cardon et Fabien Granjon – Mediactivistes- Science Po éditions – 2010 – 147 pages