Marc Vidal31

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Billet de blog 25 mars 2024

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Intro : que s'est-il passé au lycée militaire de Baden-Baden en 1999 ?

Quelle est cette affaire d'Etat qui a eu lieu à Baden-Baden ? Que vont contenir les billets de ce blog dans les semaines à venir ? Ce premier billet publié depuis 2017 est une présentation des événements jamais éclaircis qui se sont déroulé dans le lycée français situé en Allemagne, à Baden-Baden.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

25 ans se sont écoulé depuis les événements dans le collège-lycée sous administration militaire française à Baden Baden. Enseignant dans le collège, je me suis retrouvé devant un mot anonyme d'une élève. Intimement convaincu qu'une enfant était en danger, j'ai fait part de ce que je savais à la justice militaire. Au même moment, comme je l'explique dans le journal, l'écrit de l'élève a disparu de mon bureau. Aussitôt ouvert, le dossier a été clos. Les services secrets militaires (plus précisément la DPSD) ont été manifestement impliqués dans l'histoire.

Ma première réaction a été la stupéfaction. Qu'y avait-il à cacher ? Pourquoi autant d'affolement de la part des autorités ? Car enfin : les adolescentes d'une quinzaine d'année en 1998, filles d'un personnage haut placé et inscrites sous un pseudo au collège ne sont pas si nombreuses. (les enfants de politiques ou militaires haut placés sont inscrits sous un autre nom que le leur).

Ma seconde pensée a été que je me retrouvais dans de sales draps. Si rien ne sort jamais de l'enceinte militaire, il doit y avoir une raison. Les services spéciaux ont tous les moyens pour espionner mais aussi pour faire courir des rumeurs, organiser des provocations ou dresser des gens respectables les uns contre les autres. Ils peuvent fabriquer des vérités alternatives à destination de publics particuliers, et notamment envers certains services de l'Etat, comme ceux qui sont chargé d'enquête préliminaire.

La loi fait obligation à tout fonctionnaire de dénoncer les crimes et délits qu'il suspecte. Après avoir informé la hiérarchie et la justice militaire en 99, quelques années plus tard, j'ai informé la justice civile de tous les éléments en ma possession. J'ai tout simplement envoyé mon journal. C'est ce journal que je vais publier ici. Il est expurgé de certains éléments mais cela reste un récit de vie, c'est à dire plein des banalités d'une vie humaine.
A partir de ma dénonciation et pendant la vingtaine d'années qui a suivi, je n'ai plus eu aucun contrôle sur quoi que ce soit. Tout ce qui allait se passer serait le résultat de rapports de force à l'intérieur de l'Etat, rapports de force sur lesquels j'ignorais tout.

Je suis persuadé que ma dénonciation a eu des répercutions importantes et que mon dossier a été retiré des mains de la DPSD, la Direction de la protection et de la sécurité de la défense (devenue depuis lors la DRSD). L'absence totale de réaction de la part de la justice m'a propulsé dans une position qui ne me plaisait guère : celui qui apporte de mauvaises nouvelles. 

Vingt ans se sont maintenant écoulé. En 2008 une réforme constitutionnelle a fait obligation au parlement de contrôler l'exécutif. On a vu apparaître la DPR (Délégation parlementaire au renseignement). Puis en 2015, il y a eu la première loi qui régulait (un peu) l'activité des services secrets avec la création de la CNCTR (Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement).
Comme un excès de prudence ne peut pas nuire, j'ai fait un peu d'écume textuelle sur Médiapart, en 2016-2017.

Pendant toutes ces années, ma vie a été clivée entre une partie publique et une vie personnelle que l'on peut définir comme clandestine. Dans la vie publique, rien ne s'est passé. Toute ma vie publique (professionnelle, citoyenne) s'est déroulée de façon satisfaisante. J'ai mené une petite vie de petit bourgeois névrosé presque comme je l'entendais. Toutefois, dans mon entourage, des gens à qui je n'avais rien confié ont eu des comportements franchement incompréhensibles. Mais je n'ai jamais été contacté par un organisme officiel de l'Etat. La vérité est que j'ignorais dans quel statut se trouvait le dossier de Baden Baden : définitivement enterré ou en attente d'une conclusion ?
J'ai donc vécu toutes ces années jamais complètement rassuré pour ma sécurité et jamais certain de ce qui se passait autour de moi. J'ai bien abouti à des hypothèses intellectuelles. Mais de la même manière que la lecture d'un menu ne nourrit pas, des réflexions abstraites n'aident guère du point de vue émotionnel et pour la qualité de la vie (en document attaché ci-dessous le mémoire en question)..

Je prends brutalement conscience du nombre d'années qui ont passé. Pour les années qui me restent à vivre, il est indispensable que je tire un trait émotionnel et pour toujours sur ce quart de siècle étrange et difficile à vivre.
Tout va finir comme cela a commencé. Dans les cinq semaines à venir je fais publier mon journal personnel, découpé en cinq parties, et envoyé à la justice vingt ans plus tôt.
Je conclurai par un dernier billet et tout sera fini pour ce qui  me concerne.

Document attaché :

Les services secrets à l'aune du souverainisme (pdf, 437.2 kB)

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