De nombreux Médiapartiens aimeraient que l'expression des religions soient limitée voire interdite dans l'espace public et confiné légalement à la "sphère privée". Quoique profondément athée depuis toujours et n'en ayant aucun regret, je n'arrive pas à comprendre cette position dans une société démocratique.
En effet, je suis viscéralement attaché à la liberté d'opinion et de manifestation dans l'espace public, y compris bien sûr d'opinions que je déteste. Sinon que signifierait ma défense des libertés? Et je pose la question suivante en prenant l'exemple des groupes religieux qui diffusent des textes (donc des tracts) dans la rue. Faut-il l'interdire, et au nom de quoi? Comment différencier un tract religieux d'un tract politique? Quelle différence faire entre un groupe défendant la Palestine en mimant dans la rue des scènes de l'occupation israélienne, et un groupe chantant des chants religieux? entre des personnes arborant des signes religieux et des personnes arborant une écharpe rouge à la manière des militants du Parti de Gauche?
L'interdiction des religions "dans la sphère publique" a ètè essayée par les révolutionnaires Russes, on peut en retirer deux grands enseignements:
1- Comme toute interdiction de penser "correctement", c'est devenu très vite un outil dictatorial au service de "l'avant garde" au pouvoir, un outil qui a aidé Staline à mettre en place les conditions légales et politiques des crimes qui ont suivi.
2- Et surtout, 70 ans plus tard, la religion la plus rétrograde est massivement réapparue.
Non, la liberté de conscience et la liberté d'opinion et de manifestation sont les faces d'une même liberté. Que signifierait l'interdiction des manifestations publiques religieuses et l'autorisation des manifestations publiques politiques? Qui va distinguer entre les idéologies "religieuses" et les idéologies "politiques"? Quelle police sera mise en place? Quel pouvoir s'en servira?
Ce n'est pas parce qu'une religion est "rétrograde", "aliénante", "porteuse de germes de guerre civile", "sexiste" que l'on peut plus facilement l'interdire au nom des idéaux humanistes. Car, soyons clair, la cantonner à l'espace privé, ce qui était le cas dans les débuts de la révolution soviètique, c'est l'expression politiquement correcte de l'interdiction de pratiquer une religion. J'avais de la sympathie pour cette action. Avec le temps, j'en suis revenu.
Restons fidèles à la déclaration des droits de l'homme qui, sagement, défend les deux types de liberté, de culte et d'opinion! Même si le prosélytisme des religions monothéistes a le don de m'énerver, moi, en tant qu'individu.