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Marc Le Tourneur, Retraité, ancien cadre d'entreprise de service public

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Billet de blog 12 octobre 2015

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Vous avez dit "communautarisme"?

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Quelques réflexions sur l'article, excellent par ailleurs, A Saint-Denis, les « racisé-e-s » lancent leur « marche de la dignité » 

Vous avez dit "communautarisme"?

Pour répondre aux lecteurs s'inquiètant du risque de communautarisme lié à ce mouvement, il existe bien des discriminations spécifiques aux "minoritès visibles" dans notre France Républicaine. Personne d'honnête ne peut le nier: discriminations au logement, au travail, dans les boites de nuit, ...

Pourquoi accepter (et en général soutenir) que les femmes en France se battent légitimement contre les discriminations qui les frappent, qu'il en soit de même pour les homosexuels ou les handicapés, et le refuser à ces minorités visibles sous prétexte que ce serait renforcer leur communautarisation en cours. Personne ne trouve à redire si à la pointe de la lutte contre les discriminations on trouve des associations féminines, homosexuelles, ou de handicapés. En revanche, si des membres de minorités visibles créent des mouvements ou des associations les regroupant, alors c'est du communautarisme, étrange...

Les discriminations sont la source du "communautarisme" en cause qu'il soit féminin, homo ou ethnico-culturel. Et on ne luttera efficacement contre les discriminations vécues par les minorités visibles qu'en acceptant qu'elles puissent se regrouper et lutter contre elles à l'instar des femmes ou des homos. Ce fut toujours le cas dans l'histoire sociale, cf les mouvements du 20ème siècle où figuraient d'innombrables "union des femmes" sous formes diverses et variées.

En particulier, le refus constant de la gauche républicaine, à laquelle nous appartenons en général sur ce fil, de quantifier les discriminations ethnico-culturelles, contrairement à celles qui frappent les femmes (rapport annuel obligatoire dans les entreprises), les handicapés (même obligation légale), jusqu'aux homosexuels (lutte contre l'homophobie) obligent les minorités ethnico-culturelles en cause à se regrouper pour les mettre en évidence afin de se battre contre elles.

Pour moi, il ne s'agit pas de communaiutarisme mais d'identification et de regroupement de communautés d'hommes et de femmes discriminées en raison de leur couleur ou de leur culture.

Je pense que l'accusation constante de communautarisme opposées à ces minorités n'est rien d'autre que le refus clair et net de la gauche bien pensante de lutter efficacement contre les discriminations ethnico-culturelles.

Quant aux luttes sociales et politiques, elles ne sont pas plus empêchées par ce mouvement qu'elles ne l'ont été par les mouvements de libération des femmes qui en ont toujours été parties prenantes. Il n'y aurait antinomie qiue si le mouvement social lui-même refusait de lutter contre ces discriminations ethnico-culturelles.

Malheureusement, je pense que ce refus se développe y compris dans les luttes sociales d'aujourd'hui. c'est cela qui est le plus dangereux. Ce n'est pas la soit-disant communautarisation.

La majorité des éléments dont j'ai connaissance montre que, contrairement aux quartiers "Chinois" en France ou aux cas réels de communautés se regroupant "entre soi" à l'étranger (qui sont d'ailleurs liés à des conditions de richesse et de revenu moyennes supérieures à celles de la population du pays où ils se trouvent), le soit-disant communautarisme des immigrés non européens en France n'est pas voulu mais subi. Deux exemples:

1- J'ai moi-même dirigé à deux reprises des entreprises de plus de 1000 personnes dont 20% environ étaient issus des "minorités visibles" dans deux villes différentes (Strasbourg et Montpellier). Au recrutement, ils habitaient tous les quartiers relégués habituels, et dés que leur salaire et les aides du CE le leur permettait, ils quittaient ces quartiers pour aller vivre dans les villages très majoritairement "Français de souche". On fait mieux comme volonté "communautaire".

2- Cette année, les mamans du principal ghetto Martocain de Montpellier, le Petit Bard, où femmes voilées et djellabas sont hyper présents pour ne pas dire plus, se sont battues pour exiger que leurs enfants à la sortie du primaire soient répartis dans les collèges majoritairement "FdS" plutôt que d'aller dans le collège "ghetto" du quartier où 85% des enfants sont maghrébins. Et qui a refusé? malgré l'importance de la lutte très soutenue par tout le quartier et les instits (occupations d'écoles pendant plusieurs mois), c'est le Rectorat. CQFD.

Non, le "communautarisme" des populations noire et musulmanes en France est d'abord le résultat d'un rejet, pas l'inverse. Ceux qui veulent vivre entre soi sont justement les "Français de Souche"!

Qu'ils se regroupent pour lutter eux-mêmes contre les discriminations est le reflet de ce rejet et de l'abandon dont ils font l'objet de la part des "droits de l'hommistes" patentés!

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