J'ai voté Oui à tous les referendums sur l'Europe, même celui de 2005, j'ai aussi vécu pendant 10 ans à Strasbourg sans doute la ville la plus proeuropéenne d'Europe (plus de 70% de OUI en 2005 ou à Maastricht) c'est dire si j'ai été un pro-Européen covaincu et actif.
J'ai aussi été à un niveau professionnel très impliqué dans la direction d'un groupe de transport multinational et dans les instances transports Européennes et mondiales. J'ai mis du temps à rassembler toutes ces expériences à la suite de mon départ à la retraite pour en tirer des conclusions sur l'Europe. J'ai beaucoup lu et beaucoup débattu.
Et j'en suis maintenant convaincu. L'UE est irréformable et inutilisable pour promouvoir l'humanisme, la démocratie, ou évidemment et a fortiori, l'Europe sociale.
Elle a été conçue, puis bètonnée de traité en traité, avec un seul et unique objectif: faciliter les affaires , le commerce et la finance, C'EST TOUT! Toute autre utilisation se heurtera sans arrêt aux textes et traités. En 20 ans d'activités de chef d'entreprise, je n'ai jamais entendu qu'un seul et unique message servant d'architecture à toutes les actions "la concurrence libre et non faussée".
Combien de lecteurs savent par exemple que la Cour Européenne des droits de l'homme n'a rien à voir avec l'UE? C'est une émanation du Conseil de l'Europe qui ne serait même pas concernée par l'éventuelle dissolution de l'UE. Or, la Cour Européenne des droits de l'homme est bien la seule instance Européenne à se préoccuper d'autre chose que de libre échange et de droit des affaires.
La CJCE, cour de justice de la Communauté Européenne procède, elle, de l'UE et ne traite que des litiges concernant la concurrence libre et non faussée ou l'application des directives Européennes.
La crise de l'euro et son tragique épisode Grec montrent que l'euro est devenue une prison des peuples comme l'ont été l'URSS et le pacte de Varsovie.
On ne peut pas en sortir sous peine d'y perdre les économies d'une vie. On ne peut pas y rester sans sacrifier, morceau par morceau tout espoir de fraternité et de justice sociale.
Alors, oui, je reste profondément favorable à l'Europe. Mais je pense que nous n'échapperons pas à un retour transitoire vers les nations Européennes, seul territoire politique où un minimum de citoyenneté et de démocratie peuvent s'exprimer, avant de reconstruire une nouvelle Union des peuples d'Europe. Plus de pouvoir politique donné au monstre froid de l'UE, comme le réclament certains, c'est autant de démocratie, de social, et de fraternité que nous sacrifierons.
C'est en cela que je pense que Syriza et Tsipras ont gagné. Tels les Communards de 1871, ils ont perdu la bataille mais ils nous ont ouvert les yeux et les consciences politiques sur l'impossibilité de rester dans cette Europe là qui, de désastre Grec en chômage de masse des jeunes Européens (plus de 35% de chômage des jeunes dans toute l'Europe du Sud) nous fera dégringoler de marche en marche vers la dictature politico-financière dirigée par "les 1% Allemands" en cours de mise en place.
C'est à nous qu'il appartient de tirer toutes les conséquences politiques de cette impossibilité de rester dans l'euro et dans l'UE, et de tout faire pour que cette révélation qui devient peu à peu majoritaire dans les peuples d'Europe du Sud ne soit confiquée par la seule extrême droite.