La semaine dernière, j'ai été contacté par les Pages Jaunes pour me proposer d'y inscrire mon cabinet de consultant. Ce que j'ai accepté de faire, après réflexion. Car cela revient quand même à 207 € pour une quinzaine de mois. Rien d'exceptionnel a priori. Si ce n'est que, une semaine plus tard, je reçois un nouveau coup de fil d'un employé des Pages Jaunes pour m'entendre dire… que mon inscription a été refusée par la direction!
Et quelle raison ? Parce que, après avoir fait un tour sur mon blog de Mediapart afin de vérifier mon honorabilité, elle n'a pas apprécié mon dernier billet d'humeur intitulé : « Je peux être poursuivi pour proxénétisme ». Sous prétexte que des enfants pourraient le lire… Il est vrai que les enfants vont régulièrement sur les Pages Jaunes, c'est tellement attrayant… Mais quand bien même, que reproche-t-on à mon billet d'humeur ?
On me demande rien moins que de le retirer si je veux avoir l'insigne honneur (pour 207 € quand même !) d'entrer dans les Pages Jaunes. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi j'appelle cela de la censure.
C'est en plus parfaitement hypocrite. En effet, si on considère, au vu du billet d'humeur litigieux, que ma moralité n'est pas suffisamment respectable pour intégrer ces pages lumineuses, on devrait purement et simplement rejeter mon inscription. Or, ce qu'on me demande c'est uniquement de retirer ce billet… que rien ne m'empêchera de remettre dans mon blog une fois mon inscription validée… De même, si la direction a des doutes sur ma moralité, comment peut-elle négocier mon inscription puisqu'elle n'aura jamais la certitude que je ne ferai pas pire à l'avenir ?
C'est du n'importe quoi tout cela. Du foutage de gueule. Du moralisme à la française.
Mais ce n'est pas mon genre de vendre mon âme, de renier mes engagements et mes opinions. J'assume ce que je fais, ce que je pense et ce que je dis. Sinon pourquoi le faire et le dire ?
On n'aura donc pas la chance, dans ces conditions, de me retrouver dans les si peu démocratiques Pages Jaunes. Et je vais économiser 207 €. Que voulez-vous, je ne suis pas prêt de vendre mon âme. Je n'en ai qu'une et j'y tiens beaucoup. Comme je tiens à mes idées et aux causes que je défends.
Oui, je mets en lien gratuitement des professionnel(le)s du sexe et des personnes « handicapées » en quête de vie, de plaisir, de jouissance physique, d'incarnation en somme. Et alors ? Qu'est-ce que l'on censure du côté des Pages Jaunes ? Mon honnêteté ? Ma détermination ? Mon refus d'un moralisme déshumanisant ?
Qu'à cela ne tienne, je persiste et je signe. Même sans les Pages Jaunes, si l'on n'est pas d'accord avec moi, on peut me trouver facilement… Et on pourra discuter… Je suis un fervent adepte du dialogue et de l'ouverture d'esprit, mais aussi de la tolérance et du respect de la liberté d'autrui… Qu'elle dérange ou qu'elle ne dérange pas.
Car la cause que je défends dans mon dernier billet d'humeur dérange visiblement une certaine morale et un certain féminisme intégriste, quand bien même je n'appelle à aucune révolution, ni aucune dérive licencieuse, j'ose simplement reconnaître que je fais l'intermédiaire entre les professionnel(le)s du sexe et des personnes « handicapées » en manque de sensualité et d'humanité…
Quel scandale ! Quelle immoralité de ma part !
Pour la direction des Pages Jaunes, je dois clairement relever de la criminalité.
Toujours à propos d'intolérance, Najat Vallaud-Belkacem a démontré qu'elle n'en manque pas non plus, après sa prise de position sans discernement ni dialogue, et tout aussi moralisatrice, contre la prostitution, à l'instar de Roselyne Bachelot (comme quoi droite ou gauche, dès qu'il s'agit de sexe et de fric…). Par conséquent, l'accompagnement sexuel a encore du souci à se faire.
Étant apparemment d'origine musulmane et maghrébine, j'espérais davantage de sens du dialogue, de tolérance et d'ouverture d'esprit. Mais je me suis trompé, malheureusement. Du fait de ses origines, je m'attendais à ce qu'elle ait une certaine sensibilité face à toute forme de discrimination et de marginalisation. Que nenni, donc. Décidément, les victimes (si tant est qu'elle ait connu une certaine discrimination) se transforment facilement en bourreau. À moins qu'elle fasse partie des zélateurs de la république ?
Elle aussi semble du genre « à mettre tout le monde dans le même sac », à généraliser, à réduire son prochain à sa vision du bien et du mal. En France, où le sait, il y a les handicapés, les vieux, les prostituées (ce n'est jamais au masculin, comme par hasard), les Arabes, les juifs, etc.
C'est tellement plus simple comme ça. Ça évite de se prendre la tête, de se poser les bonnes questions et donc de se remettre en question. On appelle probablement cela de la discrimination positive. En politique, c'est plus facile à gérer. Quoique, quand on voit les résultats face à la prostitution mafieuse depuis la loi Marthe Richard…
Elle ne connaît probablement pas le milieu de la prostitution, autrement que par ouï-dire, la toute fraîche ministre des droits de la (certaines) femme(s). J'en mets ma main au feu. Mais elle décrète, du haut de sa vision politique morale, que tous les prostitués et toutes les prostituées sont forcément malheureux et malheureuses, forcément victimes de quelque chose − comme tous les handicapés sont forcément malheureux et sans défense (sans que l'on se soucie pour autant plus de leur quotidien institutionnel, entre autres).
Je n'étais pas pour Hollande, je sais pourquoi et ce n'est qu'un début. Je n'étais pas non plus pour Sarkozy, loin s'en faut. J'exècre cette gauche caviar, prétentieuse, hypocrite et de plus en plus coupée du peuple.
Un dernier point à ce sujet. De qui se fout le gouvernement socialiste ? 2 % d'augmentation du SMIC, quel coup de pouce ! Et la crise a d'autant plus bon dos pour justifier cette faute politique que, côté économie, l'État est loin de montrer l'exemple. 38 ministres pour une gestion aussi timorée, c'est scandaleux. Alors que nos voisins gouvernent avec des équipes comprises entre une quinzaine et une vingtaine de ministres maximums. 16 ministres en Allemagne, plus de deux fois moins que la France, et ça fonctionne outre-Rhin.
20 ministres en moins représentent, à la louche, une enveloppe salariale de 400 000 € bruts mensuels, prés de 5 millions par an. On peut en faire des choses avec 5 millions…
On trouve du fric pour offrir des maroquins mais pas pour soutenir les plus fragiles. C'est révoltant.
Aujourd'hui, en même pas deux mois, je ne peux que souhaiter une grosse défaite électorale aux socialistes en 2014 pour leur rabattre le caquet. Ils sont en train de laminer les espoirs que de nombreux Français avaient mis en eux, à tous les niveaux. Ils ne méritent donc pas mieux, à mes yeux.
Ils sont tellement bouffis d'orgueil et de soif de pouvoir que leur victoire hégémonique les aveugles une fois de plus. Ils n'ont toujours rien compris au sens profond de la politique et aux attentes des Français. Pas davantage que la droite. C'est désespérant. C'est pitoyable et pathétique. On a l'impression d'avoir affaire à des technocrates définitivement immatures aux bottes des grands groupes financiers, pas à des politiques visionnaires et humanistes.
Nous ne sommes pas prêts de nous en sortir.
Merci Flamby. La politique innovante et courageuse n'est apparemment pas à l'ordre du jour… Mais est-ce vraiment étonnant ?
Les inégalités sociales, la misère et la pauvreté ne seront pas le souci premier de ce quinquennat, selon toute vraisemblance.
Quand les Français vont-ils sortir de leurs gonds ? Quand vont-ils sortir massivement dans les rues, jusqu'à faire céder l'obscurantisme frileux et sans humanité de cette politique « petits bras » ?
Bonnes vacances quand même pour tout le monde…