Georges Papandréou, le premier ministre grec, annonce qu'il y aura un référendum dans son pays à propos du plan de sauvetage concocté « généreusement » par l'Europe. Et c'est l'offuscation, le tollé, l'indignation de ses pairs devant une telle initiative, unilatérale qui plus est. Comment peut-on s'opposer à une telle générosité européenne ? Comment George Papandréou peut-il refuser la énième plan d'austérité que Sarkozy, Merkel et consorts ont eu tellement de mal à concocté avec tant d'amour, d'altruisme et de générosité ? Comment peut-on demander son avis au peuple grec complètement exsangue, comme tous les peuples, il est bien trop court pour prendre position dans des circonstances aussi gravissimes ? Comment peut-on avoir un comportement démocratique alors qu'on est endetté jusqu'aux yeux ? On se tait et on dit merci ! Le savoir, c'est eux !Pour Sarkozy, avoir intégré la Grèce dans la zone euro est maintenant une erreur ! Évidemment, ces fainéants, ces fraudeurs, ces tricheurs invétérés incapables d'une gestion saine que font-ils dans le giron de l'Europe ? Ils n'ont rien à voir avec la grande et rigide Allemagne, ni cette France qui donne davantage de leçons qu'elle n'en applique.Oui, Papandréou veut essayer de sauver sa peau. Oui, les incuries et l'indiscipline grecques ont mené ce peuple au bord du gouffre. Oui, c'est irresponsable et rageant pour tous ceux qui devront payer, c'est-à-dire les citoyens des pays membres de la zone euro.Mais nous sommes en démocratie. On ne peut pas faire contre et sans la voix du peuple.De toute façon, ça fait longtemps qu'il y a le feu dans la maison Europe. L'Europe est une arlésienne. Un miroir aux alouettes qui se heurtent à des intérêts partisans, à des politiques nationales antagonistes. Il n'y a pas de vraie politique européenne, il n'y en a jamais eue. C'est un rêve utopique qui se heurte à des réalités égoïstes et chauvines. Chacun voit midi à sa porte en Europe. Nous sommes dans un bricolage constant, un manque de courage et de volonté évidents. Chacun pour soi et l'Europe pour tous. Il est peut-être temps d'arrêter cette mascarade, tout compte fait ?C'est hallucinant. Et tellement révélateur de l'État de déliquescence avancée de cette diaspora de nations soi-disant démocratiques et prêtes à s'unir. Quelle hypocrisie ! Ce n'est plus la politique mais l'argent, le fric, le monde des finances, des rapaces, du néolibéralisme qui gouvernent. L'humanité, la solidarité, le social, toutes les valeurs qui fondent une démocratie, sont piétinés sans le moindre état d'âme. Nous nous vautrons dans le mercantilisme le plus abject où l'autre n'est plus qu'un outil de production.Il a 20 000 € par mois pour vivre, Sarkozy, et il ose s'offusquer, jouer les parangons de compétence et de probité ? 20 000 € qu'il a refusé d'amputer de 10 ou 15 % pour montrer sa solidarité avec le peuple français, sous prétexte que ce n'est qu'un symbole ! Il a doublé le déficit de la France en même pas cinq ans, il nous offre presque 5 millions de chômeurs (la crise a bon dos), et il ose s'offusquer parce que le peuple grec voudrait donner son avis ?Le peuple grec ne veut plus subir en silence, et dire oui et amen aux diktats de Bruxelles, de la banque centrale européenne et du FMI. Quelle brochette de technocrates nantis sans âme et sans état d'âme ! Ils mangent bien et rotent bien Sarkozy et Merkel et leurs comparses, ils ont largement assuré leurs arrières, eux. La crise ? Vous avez dit la crise ? Tout est relatif. Ça dépend pour qui. Et on se permet d'humilier les Grecs, de piétiner la démocratie. Aucune décence. Vous me direz, au point où ils en sont...Si ce référendum a lieu, on nous prédit la catastrophe. On nous prédit le pire. Mais c'est peut-être ce qui peut nous arriver de mieux ? Que ce système inique et débile vole en éclats. En entraînant tous ces dirigeants égocentriques, sans imagination, voire sans réelle compétence, sans authentique éthique, sans humanisme, dans la chute.Et dire que ce sont les peuples, une majorité des peuples, qui les a mis au pouvoir, qui leur ont fait confiance, à ces egos hypertrophiés. Ce peuple qui peut-être remettra Nicolas Sarkozy sur son trône au printemps prochain ? Le printemps de Sarkozy ? Quel cauchemar. Mais tout est possible avec les peuples, le meilleur comme le pire. Je croise les doigts. Pendant ce temps, je découvre François Hollande. Le nouveau Hollande ? Je le découvre à travers des articles qui me le rendent sympathique. Je préfère toujours François Bayrou (je ne suis pas le seul, dans mon entourage, il y a beaucoup de personnes qui disent aujourd'hui vouloir voter pour lui au premier tour ; sa cote de popularité grimpe de façon étonnante et impressionnante lorsque l'on sait d'où il revient). Et ce qui est étrange c'est que ce n'est pas l'homme mais ses idées qui séduisent surtout. Pour le moment, l'homme garde une image mitigée. Sa débâcle et celle du MoDem, après l'échec de 2007, a marqué les esprits. Les reproches qui lui sont faits notamment d'autoritarisme, sont-ils fondés se demandent encore nombre de ses électeurs potentiels. Néanmoins, ça n'interfère pas dans le choix de voter pour lui.Quant à François Hollande, il doit avoir un sacré tempérament pour avoir survécu à tout ce qu'il a subi, à toutes les couleuvres qu'il a avalées et que j'ai découvertes au fil des articles consacrés « au candidat socialiste » des présidentielles ? Un tempérament aux antipodes de sa réputation, apparemment. À bien y regarder, il donne en tout cas le sentiment d'être beaucoup plus humain que Nicolas Sarkozy, beaucoup plus soucieux de son prochain (vous me direz, ce n'est pas difficile si on le met en balance avec Sarkozy), beaucoup plus soucieux de concepts d'égalité, fraternité et de justice sociale, entre autres.Je demande à voir l'évolution de sa politique sociale et étrangère dans les prochaines semaines.Après, bien sûr, nombre de Français ont eu confiance en Sarkozy et ont été trahis sans vergogne par celui-ci, une fois qu'il a été au pouvoir. C'est une bête politique, pas un homme politique. C'est-à-dire une bête de scène et de pouvoir. Pas un visionnaire. Pas un humaniste. Pas un créatif.Et c'est ce qu'il nous faudrait pour les prochains quinquennats. Je pense.
Billet de blog 3 novembre 2011
Vive la démocratie !
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