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Billet de blog 6 septembre 2015

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Quand on aime, on ne compte pas

Jusqu’où peut mener la passion du cinéma ? Jusqu’à aller voir La niña de fuego de Carlos Vermut à Nîmes, dans un cinéma d’art et essai comme il y en a de moins en moins et qui sont généralement inaccessibles en fauteuil roulant. Ici, dans Le Sémaphore, les six salles sont à peu près accueillantes, si ce n’est que j’avais le nez pratiquement sur l’écran, ce qui n’est pas vraiment ma tasse de thé. Mais bon, c’est mieux que rien.

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Jusqu’où peut mener la passion du cinéma ? Jusqu’à aller voir La niña de fuego de Carlos Vermut à Nîmes, dans un cinéma d’art et essai comme il y en a de moins en moins et qui sont généralement inaccessibles en fauteuil roulant. Ici, dans Le Sémaphore, les six salles sont à peu près accueillantes, si ce n’est que j’avais le nez pratiquement sur l’écran, ce qui n’est pas vraiment ma tasse de thé. Mais bon, c’est mieux que rien. Quand on aime, on prend sur soi parfois (souvent). Et le film vaut le détour. Un très bon scénario de ce thriller psychologique, bien intrigant, bien troublant, très bien filmé – tout est suggéré – et très bien joué. Que demander de plus. En plus, il y a l’ambiance très particulière des cinémas d’art et d’essai, chaleureuse et passionnée à la fois ; car on n’y trouve que des cinéphiles, des vrais, et des gens qui ne veulent pas se faire plumer comme c’est le cas dans les grands complexes. Et puis, puisque nous étions dans le sud, autant aller jusqu’à Avignon pour voir Summer de Alanté Kavaité, un film lituanien d’une esthétique époustouflante. L’histoire n’a rien d’original – quoique puisque nous sommes en Lituanie – mais les images et les angles de prise de vue sont de toute beauté ; les actrices sont à l’avenant. Nous l’avons vu dans un autre cinéma d’art et essai, l’Utopia qui s’y trouve place Maria Casarès, laquelle jouxte le Palais des Papes ; la cour est surplombée par une de ses tours. Ce cinéma est une merveille à plus d’un titre. Il est visiblement très ancien, sa décoration est magnifique, des propriétaires d’une prévenance incroyable : ils n’ont pas hésité à mettre la séance au rez-de-chaussée afin que je puisse voir le film et, en plus, ne nous voyant pas arriver, ils ont retardé le début de la projection ; en fait, nous nous étions égarés dans Avignon car mal renseignés. Le cinéma faisant également café-restaurant, nous en avons profité pour nous installer à la terrasse avant de repartir. Il faut impérativement soutenir ce genre de cinémas en voie de disparition. On se sent forcément chez soi dans ce genre d’endroit convivial.

Pourquoi aller aussi loin pour voir des films ? Parce que les salles d’art et essai ne sont justement pas accessibles à Strasbourg. Malheureusement. Et quand on aime, on ne compte pas.

Strasbourg où je suis allé voir, dans la foulée, et dans le multiplexe, American ultra de Nima Nourizadeh. Un film d’action croustillant. Distraction et plaisir garantis. Vachement bien joué par-dessus le marché. Que demander de plus ? Et, pendant que nous y étions, nous avons enchaîné avec Amnesia de Barbet Schröder. Dans le décor idyllique d’Ibiza, un drame psychologique sur fond historique, encore une fois très bien joué, notamment par Marthe Keller qu’on ne voit pas souvent.

Et puis, La belle saison de Catherine Corsini, avec une Cécile de France et une Izia Higelin irrésistibles dans le rôle de féministes engagées et lesbiennes dans les années 1970. La reconstitution d’époque semble très juste pour qui l’a connue. Dans la foulée, nous sommes allés contempler le spectacle de son et lumière projeté durant tout l’été sur la cathédrale de Strasbourg. À ce stade de perfection, l’art du mapping est franchement impressionnant. La marée humaine sur laquelle nous nous sommes heurtés également. Un mur compact, égoïste et indifférent à son prochain. C’est du chacun pour soi. Autant dire qu’en fauteuil roulant, c’est l’enfer. Personne ne se pousserait. Pour ne surtout pas perdre sa place. Expérience surréaliste garantie. Ça donne une idée de l’effet de masse lors d’un attentat ; pas étonnant que les gens soient capables de piétiner leurs voisins pour sauver leur peau.

En parlant de « sauver leur peau », nous avons vu la palme d’or 2015 de Cannes, Deephan de Jacques Audiard. Un film puissant, interpellant, déconcertant, dérangeant, impressionniste, très stylisé – comme toujours chez Audiard –, imparfait – la fin est complètement irréaliste. Ce n’est pas son meilleur – mais de bien meilleure facture que De rouille et d’os –, il est néanmoins à voir sans hésiter.

Vive le vrai cinéma ! Ça console sacrément du cinoche politique. Vous avez remarqué le nombre effarant de bonimenteurs et de bonimenteuses dont regorge ce milieu, d’acteurs de série B à l’instar de Ronald Reagan, en son temps ? Et dans tous les camps, sans exception. Une parité qui n’est pas véritablement rassurante et à l’honneur de ces messieurs-dames, sauf pour les intéressé(e)s. Derniers exemples en date : ainsi que je l’avais narré dans ma chronique de juillet, si ma mémoire est bonne, j’avais rencontré Marie-Dominique Dreyssé (EELV), adjointe au maire à Strasbourg, puis, dans la foulée, Michèle Eschlimann (UDI), conseillère départementale du Bas-Rhin et maire de Wasselonne, les deux m’ont fait des promesses qu’elles n’ont toujours pas tenues ; je sais, vous allez me prêcher que le temps politique n’est pas le même que celui du commun des citoyens, le commun n’a qu’à se contenter d’être mortel. En soi, ce n’est pas une surprise puisque c’est une pratique classique dans ces milieux. En revanche, où va-t-on si on ne peut même plus compter sur la parole d’une EELV ? J’en suis vert ! Et que dire de celle d’une centriste proche de Jean-Louis Borloo ? Maman, que c’est angoissant tout ce cinéma – lorsque sa mère est une des dernières valeurs à laquelle on peut se raccrocher, il est vraiment urgentissime de s’inquiéter ! Vous ne trouvez pas ? À la limite, qu’une écologiste fasse du vent et soit opportuniste – suffit de voir (mal) Placé et de Rugy (sans crinière) –, ça passe encore (d’accord, un peu facile ma blagounette, mais les vacances viennent à peine de s’éteindre, par conséquent un peu d’indulgence). En revanche, qu’une centriste (ça fait quoi d’être centrée à droite ?) « indépendante » (tu parles) joue au même jeu éculé de l’hypocrisie politico-politicienne, c’est à désespérer d’un entendement élémentaire (mon cher Watson). Même la dynastie Le Pen est en train de s’étriper à cœur ouvert en public. Franchement, où va-t-on ? C’est vrai quoi, elles semblaient vachement sympas, intéressées, si ouvertes, disposées à nous aider autant que faire se peut, à essayer de soutenir l’association et notre cause en faveur d’une reconnaissance officielle de l’accompagnement à la vie affective et sexuelle des personnes z’handicapées, et tout et tout. L’une était prête à appuyer une demande de rendez-vous (qu’elle encourageait très vivement) auprès du maire (PS), l’autre à soutenir auprès de son Président (LR) le projet d’organiser un colloque sur ce thème avec et dans les locaux du Conseil départemental, me proposant même spontanément de me mettre en rapport avec ses copains parlementaires locaux (de droite, bien sûr) afin de la plaider, notre cause, et la faire connaître loin des idées reçues à scintiller par nos amis les journalistes à sensation. J’en parle demain au Président (du département, évidemment, faut quand même rester un peu modeste) et je vous tiens au courant, qu’elle me dit. Et je vais voir mes collègues dans les prochains jours. Août, c’est la bonne période pour les rencontrer. Il faut que vous les rencontriez pour leur parler de votre association, les médias ont brouillé le message. Je reviens vers vous très vite, qu’elle me dit encore. « Très vite » ? C’est vachement vrai que pour un politique un mois, ça donne juste le temps d’aller à quelques réceptions, de serrer des paluches pour ne pas perdre la main (et trop d’électeurs), de se taper l’une ou l’autre petite réunion entre ami(e)s et de réfléchir à son avenir politique. En fait, ils s’étaient probablement précipités à Sangatte, ses potes, dans un grand esprit de solidarité et de générosité à la Kouchner ou à Bernard-Henri Lévy, c’est pour cette raison qu’ils n’étaient sans doute pas disponibles – Bon sang, mais c’est bien sûr ! (en politique, on adore abuser des cinq dernières minutes). En attendant, au final, le résultat de ces rencontres est bien plus calamiteux que Waterloo-morne-plaine, c’est silence radio sur toute la ligne, même plus d’accusé de réception à mes courriels de relance – ben oui, j’m’inquiète pour elles, c’est si sensible et fragile des politiques ; regardez l’état de Sarkozy et de Hollande pour avoir atteint l’Olympe – et je ne parle pas des Balkany et consorts, les pauvres !… se faire plumer par une vraie justice, quelle tragédie humanitaire !!! –, même leurs partis respectifs (LR et PS) ne s’en remettent pas de leur perte de crédibilité et, visiblement, faut pas espérer grand-chose non plus du côté de l’UDI et d’EELV, on n’y est incapable de sauver les apparences, quant aux meubles, même Bernard Palissy n’aurait pas pu s’en servir. Quoi qu’il en soit, c’est pas des manières comme aurait pu dire la regrettée Arletty, celle qui s’est exclamée dans Hôtel du Nord, de Marcel Carné : « Atmosphère ! Atmosphère ! Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ! » Une réplique qui irait comme un gant à tous ces politiques qui ne manquent pas d’air mais de souffle, d’envergure, de profondeur et d’authenticité, de véracité docteur. Quoi ma véracité ? Qu’est-qu’elle a ma véracité ?

À propos de Sangatte, je n’apprécie guère une certaine Allemagne, celle de Merkel, Schäuble et Cie, cette Allemagne technocratique, froide, bornée jusqu’à la stupidité et sans âme. Mais je suis impressionné et admiratif de l’Allemagne solidaire qui nous donne une leçon d’ouverture d’esprit, de générosité, de bon sens et d’humanité à l’égard de la catastrophe humanitaire provoquée par l’afflux massif d’immigrants déchirés et déchirants. Allemagne, terre d’accueil. Quand la France n’est qu’une terre d’écueils gouvernée par des hypocrites irresponsables et indignes du pays des droits de l’homme, dont ils se prévalent sans vergogne et sans rire. Vive la défense et la protection de la dignité humaine. Bravo l’Allemagne. Chez nous, il n’y a que des hommes et des femmes, isolés ou regroupés dans des associations humanitaires, pour sauver notre honneur. Et que dire de ces deux mille Autrichiens facebookiens qui ont spontanément proposé d’aller en Hongrie pour chercher et ramener des réfugiés syriens à Vienne. Il y a une solidarité citoyenne bien réjouissante qui est en train de se mettre en place en Europe pour supplanter l’incurie de nos politiques. C’est dommage qu’il ait fallu tant de souffrances, de violences, de morts, entre autres celle du petit Aylan dont la photo du corps échoué sur une plage turque a fait le tour du monde et eu l’effet d’un électrochoc. Un peu partout les consciences s’éveillent, le peuple se lève, une chaîne de solidarité s’improvise. Il n’est jamais trop tard pour bien faire, paraît-il, mais quel gâchis humaniste et humanitaire.

Quant à la France, ça fait longtemps que notre fierté nationale est en berne. Fort heureusement, il reste des fiertés citoyennes de tout bord. Mais n’est-ce pas l’individu qui fait le peuple et non l’inverse ? Ne sommes-nous pas à la veille d’un nouvel éveil des consciences ?

De toute façon, Hollande est bien trop occupé à fourbir sa mobylette en prévision de 2017 pour se soucier de quelques malheureux immigrants hébétés, autrement qu’en les parquant dans des conditions de survie indignes et même ignobles pour le pays des droits de l’Homme et des Citoyens. Quand Valls, de son côté, essaie de se modeler un parti « socialiste » à son image et à sa main, tout en faisant un petit tour à Calais pour la forme. En fait, ça doit être relativement aisé de gouverner avec cet état d’esprit qui prend les autres de haut et/ou pour des imbéciles, c’est-à-dire tous ceux qui ne pensent pas comme eux. À l’instar de Joseph Stiglitz, cet économiste américain mondialement reconnu pour ses compétences, ou les médiatiques Thomas Piketty ou Frédéric Lordon, et bien d’autres. Comment peut-on rester sourd à ce point-là et totalement hermétique aux faits ?

Enfin, quand je dis que Hollande est trop occupé pour s’enquiquiner outre mesure avec les réfugiés, il a quand même décidé de prendre le taureau par les cornes avec son amie Merkel. Faut le reconnaître. Par conséquent, tout compte fait – et ils sont vite faits –, ils ont estimé qu’il est urgent d’instaurer des quotas. Sage décision. « Euh, excusez-moi, si j’arrive quand les quotas sont atteints, je dois faire quoi Monsieur le président de la République démocratique et des droits de l’homme réunis ? » « C’est vrai ça, Angela, si les quotas sont atteints, il fait quoi ? » « Il va voir ailleurs ou il se noie comme avant. Qu’est-ce qu’tu veux qu’je te dise, Frantz, quand y a plus d’place, y en a plus. On veut bien être solidaires et humanitaires, mais on peut pas se coltiner tous les Grecs de la Terre. N’oublie pas que c’est votre roquet qu’a foutu la merde et l’autre Bush, et toi t’as rien trouvé d’mieux que d’en rajouter une couche pour être plus viril, démerdez-vous ! Quand ma Bertha est malade, j’t’appelle pas pour m’faire le ménage, j’demande à mon mari de s’taper la vaisselle et la lessive. On a assez perdu de guerres comme ça ! Faut pas abuser. De toutes façons, faut que j’demande d’abord à Schäuble. »

Ça vous étonne qu’il y ait un nombre exponentiel d’abstentionnistes ?

Heureusement, qu’il reste l’humour, ce cher humour. Dans ce domaine, les médecins et les pompiers sont bien servis. À votre avis, où peut-on ranger, au hasard, une bouteille de coca et une poupée Barbie ? Je vous le donne en mille. Sûr que vous ne le trouverez pas… à moins d’avoir essayé – tous les goûts sont dans la nature, je vous l’accorde sans restriction aucune ni sans peine. Dans le rectum ! Ben oui, il y a des hommes qui se les enfoncent, et probablement d’autres choses tout aussi originales, si profond qu’ils sont contraints de se rendre (dans tous les sens du terme) tout penauds à l’hôpital afin de se les faire extraire. J’imagine la maîtrise qu’il faut dans ces circonstances au personnel hospitalier pour ne pas éclater de rire. Vu mon expérience, j’ai toujours su que c’est très difficile de travailler en milieu hospitalier mais, à ce point-là, je n’aurais jamais pensé. Et que dire du métier, que dis-je, du sacerdoce de pompiers, bénévoles de surcroît, spécialement lorsqu’ils sont appelés à la rescousse par un couple qui, comment dire, se trouve dans une posture très très délicate… Une posture vachement intime, comment dire, tellement profondément intime, enfin, si intimement intriqués, qu’ils n’arrivent plus à se séparer, enfin vous voyez ce que je veux dire. Le genre de situation où on se sent sacrément… con, si j’ose dire. Et imaginer la scène désopilante de ce couple imbriqué mis par des bras robustes et compatissants, peut-être même quelque peu gênés, sur un brancard pour être emmené aux urgences, ça vaut son pesant de cacahouètes. Encore une fois, je pense aux pompiers, aux secouristes et aux urgentistes qui ont dû subir un tel « drame ». Le plus drôle dans cette affaire, c’est qu’il aurait suffi au monsieur, de ce couple passionnément lié, d’introduire un doigt diligent dans l’anus de sa compagne afin de détendre son vagin et de les délivrer. Ne l’oubliez jamais, vous qui venez de lire cette chronique de rentrée. On ne sait jamais, on rigole, on rigole, mais personne n’est à l’abri d’une telle avanie sensuelle, sauf à être abstinent, refoulé ou lesbienne. Il n’empêche que l’on vit dans un monde formidable qui regorge de blagues bien hilarantes quelquefois. Et tant qu’il y a de l’humour, il y a de l’espoir. Je le dis et je ne cesserai de le dire : la vie est belle, tout est une question de regard, de recul et de relativisation. Toutefois, elle pourrait l’être diablement plus si certains et certaines daignaient sortir de leur bulle à œillères idéologiques et dogmatiques. Mais c’est une autre histoire…

Bonne rentrée à tout le monde. En ce qui me concerne, je vais me plonger pendant trois jours dans la sensibilité vosgienne, avec plaisir et intérêt, dans le cadre d’une formation qui me permettra d’être en prise directe avec la réalité et les problématiques du terrain. Tout ce que j’aime.

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