Marcel Nuss (avatar)

Marcel Nuss

Écrivain-consultant-formateur-conférencier

Abonné·e de Mediapart

206 Billets

7 Éditions

Billet de blog 7 septembre 2011

Marcel Nuss (avatar)

Marcel Nuss

Écrivain-consultant-formateur-conférencier

Abonné·e de Mediapart

Le culte de la tolérance autocratique

Si certains Verts commencent aussi à dire n'importe quoi en matière de sexualité et à faire dans l'intolérance primaire où va-t-on (on me dira que l'intolérance est toujours primaire, soit) ? On me dira aussi, très justement, que l'intolérance, le racisme, la ségrégation et autres joyeusetés déshumanisées et déshumanisantes, ne sont pas l'apanage d'un parti, ni d'une religion ou d'un quidam. Mais quand même. Je suis consterné.

Marcel Nuss (avatar)

Marcel Nuss

Écrivain-consultant-formateur-conférencier

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Si certains Verts commencent aussi à dire n'importe quoi en matière de sexualité et à faire dans l'intolérance primaire où va-t-on (on me dira que l'intolérance est toujours primaire, soit) ? On me dira aussi, très justement, que l'intolérance, le racisme, la ségrégation et autres joyeusetés déshumanisées et déshumanisantes, ne sont pas l'apanage d'un parti, ni d'une religion ou d'un quidam. Mais quand même. Je suis consterné. Car à gauche, à droite (on le sait depuis un moment) et au centre, tous les démagogues qui se prennent pour des croisés du XXIe siècle, des pacificateurs patentés et des inquisiteurs laïques, ont décidé de cracher leur connerie déontologique.

À quand l'international des frustrés du pouvoir !

Qu'on soit contre quoi que ce soit, aucun problème, nous sommes dans une démocratie à ce que je sache. Par contre, je ne peux pas rester indifférent à cette moralisation outrancière dans une société libérale et démocratique.

Qu'on commence à laver devant sa porte avant de faire le nettoyage chez les autres. Qu'on commence à s'occuper de ses propres fesses avant de vouloir moraliser les fesses d'autrui (et si ce n'était que les fesses) ! Qu'on arrête de se mettre à la place des autres, de penser à la place des autres ! Qu'on arrête de mettre tout le monde dans le même sac, de généraliser par commodité électoraliste ! C'est quoi le respect dans une société à la démagogie crasse ?

En attendant, sur le site des Verts, on peut lire[1], sous la plume de Mme Sarah Trichet-Allaire tous les poncifs de l'intolérance et du moralisme au rabais, le tout truffé de contresens, de contrevérités et de mensonges, comme toujours chez les propagandistes intégristes.

Mais je préfère reproduire ici le courrier qu'un(e) militant(e) du STRASS [Syndicat du Travail Sexuel] lui a adressé ─ un courrier bien plus « gentil » dans sa formulation que je ne le suis dans la mienne… ─, car ce courrier est parlant et si plein de bon sens et d'humanité ─ néanmoins, je préviens les lecteurs qu'ils vont être confrontés à un style grammatical que je qualifierais de transgenre (transsexuel diraient certains à tort), d'où certaines formules déconcertantes lorsqu'on n'a pas l'habitude et des apostrophes inattendues ; de plus, en gras, ce sont des extraits du courrier de la dame verte qui voit rouge, à moins qu'elle soit dans le noir… ?

« Bonjour,

lisant votre texte "Quelles lois pour réduire les violences dans la prostitution ?" mis en ligne le 27 août sur le site http://feminisme.europe-ecologie.net, je suis très inquiet' d'y trouver des positions de droite, et même très à droite, qui n'ont à mes yeux de "féministes" que l'envie de se qualifier ainsi, alors que j'ai toujours eu de l'estime pour les positions de votre parti jusqu'à présent. Si je vous écris, c'est plein' de confiance en votre capacité à écouter d'autres avis et à approfondir votre questionnement sur ce sujet.

« la situation n’ayant pas vraiment évolué dans ce domaine (ou alors a empiré) »

Là-dessus au moins, nous sommes d'accord, mais pourquoi ne pas relever ce qui a empiré ?

A savoir un discours de plus en plus déshumanisant qui présente la prostitution, mais aussi les travailleureuses du sexe elleux-mêmes, comme le furoncle des trottoirs, à faire disparaître à tout prix, discours dont nous éprouvons au quotidien les conséquences en termes de manque de respect.

A savoir le harcèlement policier, les amendes qui nous obligent à travailler plus, à négliger notre santé et notre sécurité pour compenser l'argent pris par l'état, non à des réseaux, mais aux travailleureuses elleux-mêmes, ce qui constitue un juteux racket et du proxénétisme - mais légal...

« en étant clairement abolitionniste, nous nous attaquons au système prostitutionnel, mais pas aux personnes prostituées. »

C'est vous qui le dites. Votre intention est certainement sincère, mais les effets de votre prise de position nuisent au premier chef aux travailleureuses du sexe elleux-mêmes et en particulier à nous les indépendant's, qui sommes les moins bien doté's pour faire face à la répression et contourner les lois.

« Les proxénètes – je parle des vrais méchants, ceux qui pratiquent le trafic d’être humain, et non la personne qui va louer un appartement à un, une ou des prostitué-es – les proxénètes, donc, sont des criminels qu’il faut poursuivre sans complaisance. »

Ici, une lacune dans votre raisonnement peut encore une fois nous causer bien du tort ainsi qu'à notre entourage : vous souhaitez que le trafic d'êtres humains soit mieux combattu, c'est très bien, et vous prenez la peine de distinguer l'enfant majeur d'un' travailleureuse du sexe, sa ou son petit' ami', colocataire, ou collègue avec qui iel partage un appartement ou un camion, de ces affreux méchants (ou de ces affreuses méchantes, car le proxénétisme, le saviez-vous ? est une activité très mixte).

Mais pourquoi ne pas tirer de conséquences de cette distinction ?

L'une des peines infligées gratuitement aux travailleureuses du sexe sous couvert de nous sauver, est de menacer tout notre entourage de la qualification de proxénète. La seule protection, et encore, bien incertaine, que nous pouvons leur offrir étant le silence sur notre activité : mentir, se cacher, éviter de "mouiller" les personnes qui nous sont chères.

Si vous vous souciez de notre sort, pourquoi ne pas réclamer franchement la révision de cette définition du proxénétisme, qui nous condamne en pratique à un isolement délétère ?

« Les clients, que je préfère appeler prostitueurs, ne peuvent être perpétuellement en dehors des débats comme s’ils n’étaient responsables de rien. Ils sont en plein dedans, en ce moment : faut-il les pénaliser ou pas ? Pour nous, depuis 10 ans, notre position est claire : les clients sont les premiers facteurs de la prostitution, et en tant que tel, il est indispensable de les mettre en cause par un gros travail d’éducation, de les responsabiliser sans que les conséquences retombent sur les prostituées. »

Votre T-shirt, votre clavier d'ordinateur et les dix derniers objets que vous avez touchés, ont bien sûr été fabriqués et vendus dans des conditions absolument saines et ne mettant pas en cause la dignité humaine. Vos abonnements internet et téléphone ne sont pas fournis par exemple par Orange, et ainsi aucun employé ne s'est suicidé après avoir été exploité jusqu'au trognon pour vous les fournir. Oserais-je vous rappeler que presque tous nos actes de consommation relèvent de l'exploitation indigne ?

Et aurez-vous assez d'honnêteté intellectuelle pour essayer de me croire, au lieu d'immédiatement invalider ma parole comme étant celle d'une personne qui aurait subi je ne sais quel traumatisme et ne se rendrait même pas compte de ce qu'elle s'inflige (air connu) si je vous dis que ce travail est celui où je fixe enfin moi-même les conditions dans lesquelles je veux l'exercer, et que ces conditions sont bien meilleures (malgré le stigmate et la répression que vous contribuez à produire) que celles dans lesquelles j'ai travaillé comme salarié' ?

Et si je vous dis que dans ce travail, je ne suis jamais obligé' à quoi que ce soit, qu'il me convient et me plaît, et qu'il me procure de quoi faire bouillir ma marmite sans avoir à me compromettre dans le système malsain d'un contrat explicitement défini comme un "lien de subordination" ?

« La prostitution n’existerait pas dans une société égalitaire. »

Le travail du sexe est un service, offert contre rémunération, comme le fait de couper les cheveux à quelqu'un' ou de lui faire visiter un musée : tout cela n'existerait pas sous cette forme dans une société égalitaire si par égalitaire, vous entendez un peu plus que la fin du sexisme. Et tout cela existerait et le travail du sexe aussi, mais complètement mixte, dans une société parfaitement égalitaire du point de vue du sexisme mais pas du reste.

Le sexisme est tout aussi présent dans le monde du travail "classique" que dans le travail du sexe : il est dans l'éducation, les médias, la médecine... sans qu'on parle de jeter le bébé avec l'eau du bain. Le sexisme n'est inhérent au travail du sexe que quand on refuse de voir les travailleuRs et les clientEs, moins nombreuxes certes, mais ça évolue et à cela vous pouvez quelque chose.

« La Hollande et l'assistance sexuelle : existe pour les hommes et pas pour les femmes. »

Faux. Encore une fois pour des raisons de genre, elle est actuellement plus développée pour les hommes, mais elle existe par et pour des hommes et des femmes. Réclamez donc avec nous que les mêmes services soient partout offerts aux femmes et aux hommes, aux homos et aux hétéros !

« "misère sexuelle" : gérer ses frustrations autrement »

Et pareil pour le football : comme ça ne m'intéresse pas et que je trouve avilissant que des types courent après une baballe pour en amuser d'autres, je suggère que les gens trouvent dorénavant d'autres façons de se distraire. Non ? Vous ne voyez pas le problème, l'arbitraire d'une telle restriction ?

« Dans le système prostitutionnel, les femmes sont toutes prostituables et les hommes sont tous des clients potentiels. »

Dites plutôt : dans le système hétérosexiste, les femmes sont toutes des objets passifs de désir et les hommes sont tous des baiseurs potentiels. Cela n'a rien à voir avec la présence d'une transaction financière. Au contraire : tandis que les hommes hétéros sont censés prouver quelque chose en obtenant les faveurs de femmes de manière gratuite, un homme doit d'abord accepter de sortir de ce système pour devenir un client, car ce n'est aucune qualité ou performance personnelle mais le fait de payer qui lui permettra d'obtenir les faveurs d'un' travailleureuse du sexe.

Les client's, que vous ne connaissez pas, vous les flétrissez à l'aise, hurlant avec les loups sur ce "thème porteur". Et moi je vous affirme qu'iels sont plus respectueuxes que ne le sont nombre de client's dans les magasins, et que vous ne l'avez probablement été vous-même au moins une fois ces six derniers mois, avec un' de ces petit's vendeureuses qui n'ont qu'à encaisser et la fermer.

« Le corps humain est inaliénable ? »

Comment justifiez-vous alors, qu'il soit enchaîné à une ligne de production sans même pouvoir aller aux toilettes ? Le travail pose problème dans son ensemble, mais le travail du sexe ne met pas plus en jeu le corps que beaucoup d'autres activités.

Mais ici, il s'agit de sexe... et vous ne pouvez accepter que soit monnayé ce qu'il vous arrange tant de considérer comme suprêmement gratuit.

Le sexe "gratuit" ne l'est pas le moins du monde. Hormis quelques rares situations de libertinage égalitaire (surtout homosexuel, car un moment de sexe hétérosexuel "gratuit" convoque systématiquement une imagerie très rétrograde qu'il est bien difficile de chasser de la relation en question) des partenaires sexuels se séparent rarement "sans rien se devoir" : que ce soit une note de resto ou un coup de fil quelques jours plus tard, ou encore la façon dont chacun' va ensuite se représenter l'autre et ce qui a eu lieu, un échange très codifié apparaît si l'on accepte de se questionner là-dessus.

Le cas extrême étant le sexe conjugal, qui est dû à échéances plus ou moins rapprochées, et sert de monnaie d'échange plus souvent que ne se l'avouent les partenaires. L'argent d'ailleurs n'est pas exclu de ces échanges, le lien est seulement rendu volontairement moins explicite. Oui, la situation a évolué, mais pas du tout autant que vous vous plaisez à l'imaginer. Ces exigences sont d'ailleurs réciproques, le sexe étant l'un des critères obligatoires de normalité d'un couple, et la recherche de cette normalité étant implicitement due par chacun' à sa ou son partenaire. Toutefois, dans les couples hétérosexuels, elles sont plus insistantes de la part des hommes pour des raisons de genre (affirmation de la "virilité", "réserve" féminine).

« Les prostituées, enfin. À 90-95% issus de trafic humain, violées, violentées. Et à qui il ne reste souvent que peu de choix. »

Votre chiffre est pour le moins étonnant. Les associations de santé communautaires n'en ont pas de si précis à fournir, ni personne qui chercherait l'honnêteté et la prudence avant le sensationnalisme. Je vous invite, au moins, à vous interroger sur les méthodes employées par vos sources pour afficher une telle précision. D'autres chiffres, mais accompagnés de plus de réserves, donnent une proportion bien supérieure d'indépendant's.

Quant au trafic, il est plus divers que vous ne semblez le penser. Si un réseau peut trouver des personnes prêtes à venir en France en connaissance de cause, pourquoi irait-il s'embêter à en mystifier d'autres ? Les personnes étrangères qui veulent venir faire le trottoir en France sont souvent obligées d'avoir recours à des "passeurs", selon des modalités très variées : du contrat réglo, où une somme raisonnable est due pour ce service et n'augmentera pas, au scénario que vous évoquez, la palette est large. Pour défendre quotidiennement le droit de chacun' à vivre en France, ce n'est pas moi qui m'en prendrais à des passeurs si leur tarif est correct.

Et les abus seraient efficacement limités par une politique d'immigration moins... comment l'exprimer sans commettre d'outrage ? Vous m'avez compris'.

Pour les français', la proportion d'indépendant's est plus proche de l'inverse : moins d'une personne sur dix exploitée contre sa volonté, et sans doute beaucoup moins ; à moins que vous ne preniez en compte l'ensemble des contraintes économiques, auquel cas je vous affirme sans hésiter que la proportion de gens qui feraient "le même travail, dans les mêmes conditions" sans avoir besoin de gagner de l'argent est très faible dans tous les domaines.

« Il est temps de leur donner des droits comme à chaque personne de la société écologique que nous voulons : droit à un revenu décent garanti, droit à la formation, droit à la santé. »

Ces droits, vous les réclamez mais vous ne vous posez aucune question sur les moyens de nous y donner accès. Or c'est justement la répression qui nous en éloigne le plus sûrement. Que ce soient les client's qui soient visé's dans la loi que vous réclamez n'y change rien : il faut d'abord abolir les lois répressives à notre encontre, ce que vous ne préconisez pas, sans quoi nous n'aurons jamais accès à ces droits.

La loi que vous soutenez n'arrangera rien de ce point de vue, même si elle n'empirera notre situation que sur d'autres plans : obligation d'attendre le client dans des lieux plus isolés, moins éclairés, baisse des tarifs et des exigences sanitaires, stigmate toujours plus pénible...

« Le combat contre le système prostitutionnel, nous ne pouvons le mener qu’avec leur soutien. »

C'est pour cela que je vous conseille de ne pas jeter au panier les avis qui vous parviendront de notre part, même quand ils ne vont pas dans votre sens.

Tou's les travailleureuses que je connais, tou's sans exception, indépendant's ou non, travaillant dans la rue ou sur internet, tou's sont très en colère devant ce projet de loi et ce discours encore une fois misérabiliste qui nie notre parole et nous présente comme des poupées manipulées et incapables de prendre notre destin en main.

En espérant ne pas avoir été trop long', je vous adresse mes salutations les plus coquines et me tiens à votre disposition pour poursuivre cette discussion autant qu'il vous plaira.

A' »

Et puis, la droite et la gauche réunies (pour une fois) s'indignent dans France-soir, pratiquement à la même période que la verte pas mûre[2].

Ici, je préfère reproduire le communiqué diffusé par le STRASS [Syndicat du Travail Sexuel] en réaction à ces propos indignes. Un communiqué auquel je n'ai rien à rajouter tant il est clair ─ je précise simplement que M. Geoffroy est de droite et Mme Bousquet de gauche :

« Les petites frustrations de Mme Bousquet ne légitiment pas son mépris des droits humains fondamentaux

Dans le cadre du débat sur la pénalisation des clients de prostituéEs, Mme Bousquet et Mr Geoffroy nous avaient déjà habituéEs à des propos diffamants et criminalisants à l'égard des personnes ayant recours à des services que nous, travailleurSEs du sexe, leurs proposons en toute conscience.

Dans une interview accordée à France Soir, parue ce 30 août, nous avons eu le regret de constater que leur mépris de nos (potentielLes) clientEs est plus que jamais présent en cette rentrée ; en revanche,nous avons été satisfaitEs de la confirmation, par la principale intéressée, d'une hypothèse que nous n'osions rendre publique jusqu'ici : si Mme Bousquet laisse si souvent échapper de si abjects propos, c'est tout simplement parce que, comme nous nous en doutions, elle est « frustrée » !

À la question de France Soir lui demandant sa position sur l'accompagnement sexuel pour les personnes handicapées, la réponse de Mme Bousquet fait non seulement preuve d'un manque certain d'empathie, digne de la droite la plus réactionnaire, mais ne manque en outre pas de cynisme : « Je suis contre. Moi, je souhaiterais être grande et mince, j'en suis frustrée, c'est ainsi. La vie est faite de frustrations. Les clients doivent l'accepter. Si l'on ne peut pas avoir de sexualité sans payer quelqu'un car on est handicapé, c'est triste, mais c'est ainsi. »

Le fait que Mme Bousquet ose comparer ses petites frustrations esthétiques aux souffrances vécues par des milliers de personnes n'étant physiquement pas en mesure de disposer librement de leur propre corps relève à la fois d'un égocentrisme effrayant et d'un profond mépris pour la souffrance d'autrui. Profitons-en pour rappeler que l'accompagnement sexuel désigne un ensemble de pratiques ayant pour but essentiel de réconcilier une personne avec son corps en général et avec sa sexualité en particulier, notamment lorsque le handicap devient un obstacle physique à la satisfaction de ses propres désirs sexuels.

Surtout, ces propos révèlent l'ignorance de Mme Bousquet, ou son volontaire piétinement, de droits humains pourtant reconnus comme fondamentaux.

Rappelons en effet qu'en 2003 encore, comme depuis des décennies, l'OMS faisait la recommandation suivante :

« Afin d'atteindre et de maintenir la santé sexuelle, les droits sexuels de toutes les personnes doivent être respectés, protégés et assurés. ».

Rappelons également que dans la pyramide des besoins fondamentaux établie par Virginia Henderson, et enseignée aux futurEs infirmierEs, se trouve celui de « vivre pleinement ses relations affectives et sa sexualité ».

Enfin, et n'en déplaise aux féministes prohibitionnistes, les droits sexuels ont également fait l'objet en 2009 d'une déclaration de l'IPPF (Fédération International des Plannings Familiaux).

Nous sommes désoléEs pour Mme Bousquet que le droit à être grande et mince n'ait pas été reconnu comme fondamental pour la santé. Mais parce que nous pensons que la société (et donc, les partis politiques) doit offrir d'autres réponses à la souffrance que la seule frustration, nous continuerons à revendiquer notre liberté de disposer de notre corps en tant que travailleurSEs sexuelLes, le droit pour touTEs de recourir à nos services, ainsi que la reconnaissance des pratiques professionnelles qui peuvent aider une personne à se sentir mieux dans son propre corps par le biais de la sexualité. »

Enfin, à propos de l'accompagnement sexuel, sous la plume de Marie Meurisse, dans Rue89.com qui renvoie vers causette.com, on peut lire[3] : « Quant à Florian (assistant sexuel suisse, je précise), il a, depuis, cessé son activité d'assistant sexuel. Des bénéficiaires montraient des signes d'attachement qui l'ont fait s'interroger : « Même si j'ai appris à me protéger, cela me touche, me perturbe par rapport à mon éthique d'assistant. »

Pourtant, il ne pratiquait ni le baiser ni la pénétration ; il se laissait toucher la verge (d'après ce qu'il dit dans l'interview) et devait probablement pratiquer la masturbation, donc rien « d'excessif » comme prestation.

Cet article, très intéressant, me conforte indéniablement dans l'idée que c'est une erreur de former des professionnels du social et du paramédical à l'accompagnement sexuel, d'autant plus lorsqu'ils sont mariés. En deux ans, j'ai pu constater les désaffections successives d'une grande partie de la dizaine d'assistants sexuels formés en 2009 en Suisse romande, pour des raisons diverses et variées. Et c'est normal car notre culture n'est pas adaptée à certaines confusions des rôles ou libertés.

Comme le pense et le préconise, très judicieusement à mon sens, Aïha Zemp, psychothérapeute suisse et précurseur de l'accompagnement sexuel en Suisse alémanique, elle-même en situation de handicap, il serait plus logique de faire confiance à des travailleurs du sexe indépendants et volontaires, dûment formés à l'accompagnement sexuel (comme bon nombre le souhaite). Il n'y aurait pas ou beaucoup moins d'ambiguïté, de contradictions, ni de restrictions morales et au niveau des prestations offertes, les situations seraient plus claires.

Encore faudrait-il que l'intelligence politique, sociale, culturelle, religieuse, féministe (d'un certain féminisme) et morale soit au rendez-vous. Ce qui, comme nous venons de le voir, est loin d'être gagné dans un pays conservateur et donneur de leçons.

Et, pendant ce temps, la xénophobie, le racisme, la discrimination, les escroqueries étatiques se moquent allègrement de nous.

Non seulement, des moralisateurs intégristes (et non pas intègres) voudraient moraliser la France alors que beaucoup sont profondément immoraux voire amoraux (les moralisateurs pas les Français, bien sûr) mais, en plus, ils voudraient nous priver de la seule liberté qui nous appartienne vraiment : la liberté d'être.

À quand le droit d'ingérence dans notre morale, notre intimité, notre vie privée ? Puisque certains et certaines s'arrogent déjà un droit d'ingérence dans notre vie sexuelle. Et par qui ? Par des femmes et des hommes qui sont tout sauf irréprochables.

D'après une étude récente de l'INSEE, il y avait 8 200 000 pauvres en France, en 2009 ! Et comme le chômage n'a cessé d'augmenter depuis 2009, on peut s'attendre à un chiffre bien plus catastrophique en 2011. Et ce sont ces pères la morale et ces mères la vertu de droite et de gauche qui sont responsables de ce désastre humain, politique et sociale. De cette honte nationale et si peu républicaine. Merci Sarkozy. Des pauvres de plus en plus pauvres, des riches de plus en plus riches et pour cacher le tout des moralisateurs abolitionnistes pour faire bonne figure ! Quand on a plus de fric, on focalise sur le cul de son prochain !

Vive la France ! Et tous ces Français qui bêlent en se faisant plumer !

Et vous savez la meilleure : ce très cher François Hollande glisse de plus en plus à droite par opportunisme, ou par bêtise ! Mais qu'est-ce qu'il craint ?

On peut se réjouir l'année prochaine. Ça risque d'être bonnet blanc et blanc bonnet…

__,_._,_


[1] http://feminisme.europe-ecologie.net/2011/08/27/quels-lois-pour-reduire-les-violences-dans-la-prostitution/

[2] http://www.francesoir.fr/actualite/societe/prostitution-faut-il-penaliser-clients-132022.html

[3] http://www.rue89.com/2011/09/02/sexe-une-ecole-ou-lon-apprend-a-faire-jouir-les-handicapes-220322

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.