
Plus puissant que le scanner et que l’I.R.M., le Covid-19, celui qui met à nu et au grand jour les grandeurs et les décadences de nos sociétés prétendument civilisées ! Un petit virus pour un grand coup de pied dans l’arrière train (et l’arrière ban) néolibéral occidental.
Que va-t-il en ressortir ? Je défie quiconque aujourd’hui de le dire.
Ce qui est sûr c’est que le comportement d’un grand nombre de Français a non seulement irresponsable mais aussi criminel. À se demander si, en plus d’être égoïstes, certains, savent encore raisonner et être conséquents ? Qu’ils prennent des risques pour eux-mêmes (il y a plus agréable comme moyen de mourir que de finir intuber et sous respirateur, mais pourquoi pas), c’est leur liberté mais, en revanche, c’est un devoir citoyen de ne pas faire prendre des risques à autrui par incivisme.
À entendre certains radios trottoirs affligeants, affolants et désespérants, il est impossible de ne pas se demander si ce n’est pas un canular journalistique. Mais qui pourrait mettre en doute l’honnêteté d’un Guillaume Meurice sur France Inter ? Qui peut encore se demander pourquoi la planète est en train de crever face à des « moi-je » aussi bas de plafond, dont font partie les capitalistes et autres néolibéraux avides de bénéfices, de dividendes, de rentabilité, de fric à n’importe quel prix, quitte à détruire la planète et à le faire au détriment des ¾ de l’humanité qu’ils exploitent sans vergogne.
En même temps (comme dirait qui vous savez), comment s’étonner de telles attitudes, quand on voit l’exemplarité des chefs de notre gouvernement ? Comment Édouard Philippe a-t-il voté dimanche ? Sans masque, sans gants, à quelques centimètres des assesseurs, non protégés. Sacré exemple de responsabilité ! Et Emmanuel Macron, comment à votre avis a-t-il voté, dimanche au Touquet ? De surcroît, avec Brigitte à ses côtés pas plus protégée que lui, alors qu’elle a un peu plus de 60 ans, donc est censée faire partie des personnes potentiellement à risque ! Peut-être qu’à leur niveau de pouvoir, ils sont immunisés automatiquement ?
Confinés ou cons finis, il faut choisir que l’on soit roturier ou de la Haute (c’est ce que j’adore avec un virus, lui au moins est égalitaire). Mais de grâce que le président de la République et le Premier ministre cessent de nous servir des leçons qu’eux-mêmes n’appliquent pas ! S’ils ne sont pas foutus d’être rationnels, qu’ils aient au moins la décence de ne pas afficher leur incrédibilité crasse. Quand on peut débloquer, en quelques jours, 42 milliards pour venir au secours des entreprises et ne pas avoir d’argent pour les hôpitaux et la population précarisée, que penser ? Si ce n’est qu’on est devant un néolibéral droit dans ses mocassins en cuir véritable insensible à la souffrance du peuple !
Par ailleurs, il convoque à nouveau la police afin de contrôler le respect des règles de confinement (et ils ont du boulot ave… Égotiquement quelque peu souples (tout le monde sait que c’est vital de laisser des buralistes ouverts… pour les caisses de l’État), plutôt que des militaires mieux équipés pour se protéger, alors même que lesdits policiers sont épuisés d’être en première ligne depuis des mois.
En tout cas, le virus doit se gondoler face à autant d’incohérences et d’approximations étatiques. Peut-être que, grâce à lui, ça va remotiver le peuple d’en bas, lui redonner du peps pour reprendre sa révolution citoyenne de plus belle ?
En attendant, sur le terrain la situation est dramatique et dangereuse pour les personnes à risque. D’autant que les stressés du bulbe et les angoissés du ciboulot ont pillé les pharmacies des masques, des flacons de gel hydroalcoolique et des gants chirurgicaux depuis des jours, laissant les plus vulnérables sans protection ! En l’occurrence, les personnes âgées et/ou en situation de grande dépendance.
Par-dessus le marché, comble de l’irresponsabilité, d’innombrables services prestataires ne fournissent ni masques, ni gants, ni gel aux auxiliaires de vie qui travaillent pour eux ! Idem dans de nombreux EPHAD et autres établissements médico-sociaux partout en France (même dans le nord-est, la région la plus touchée !).
À tel point que, voyant sur Facebook que ma femme fabrique des masques en tissu pour pallier à la pénurie chez nous, en désespoir de cause, des professionnelles et des particuliers lui en commandent par dizaines depuis deux jours ! Qui pour protéger un proche sujet à risque, qui par souci des résidents et des collègues de travail privés de protection à cause de l’imprévoyance de la direction de l’établissement, laquelle plaidera sûrement un manque de moyens… Alors que des épidémies, il y en aura toujours par vagues et qu’il ne s’agit pas de stocker des denrées périssables mais des produits de première nécessité ; pour moi, si des cas de contamination se présentent dans ces services, il faudrait porter plainte pour non-respect des règles d’hygiène et de sécurité. On rencontre d’ailleurs la même chose à l’hôpital ! L’autre jour, j’étais en cardiologie, au CHU de Montpellier, au rez-de-chaussée, deux jeunes femmes sans masque renseignaient les gens et, dans le service de cardio, les quatre cinquièmes des soignants n’étaient pas protégés. Vous avez dit pandémie ?
Quant à moi, par principe de précaution, j’ai mis les trois quarts de l’équipe de mes accompagnants médico-sociaux en chômage technique jusqu’au mois prochain, avec l’accord de ma femme, malgré la surcharge de travail que cela représente pour elle, uniquement épaulée ponctuellement par un de ses collègues, habitant dans le village, si serviable et disponible ; sans compter la solidarité incroyable que nous trouvons dans notre village, Saint-Bauzille-de-la-Sylve. Mais que font les innombrables personnes qui n’ont pas la chance, comme moi, d’avoir à leurs côtés une personne proche aimante et dévouée, ainsi qu’un réseau de solidarité ?
Pendant ce temps, dans le Haut-Rhin, on monte en toute hâte un hôpital de campagne par manque de lits dans les réanimations ! Bravo à la politique de santé publique. À trop vouloir faire des économies sur le dos de celle-ci, il ne faut pas s’étonner des retours de bâton. Si on avait injecté dans les hôpitaux publics autant de milliards qu’on en offre aux grands patrons, nous n’en serions pas là.
Le bon sens manque au moins autant que le civisme dans le néolibéralisme.