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Billet de blog 17 juin 2012

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Je peux être poursuivi pour proxénétisme

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

De plus en plus de personnes « handicapées », ayant eu vent de mes engagements, me contactent afin de me demander mon aide. Une aide très particulière. Ces personnes, hommes et femmes, n'en peuvent plus de souffrir de frustration, d'abstinence et de refoulement sexuels, et me sollicitent donc pour leur trouver quelqu'un qui accepte de les accompagner sexuellement moyennant rétribution. Et ce besoin d'être tenu(e) dans les bras d'un partenaire, masculin ou féminin, d'être caressé(e) et de faire l'amour, est tellement important, tellement vital, que le coût de la prestation leur importe peu le plus souvent.

Ces demandes sont quasi mensuelles depuis le début de l'année. Les gens en ont marre d'attendre une utopique reconnaissance ou légalisation de l'accompagnement sexuel dans notre Hexagone très exigu du côté de la morale et de la culture. Je les comprends parfaitement.

Et je les comprends si bien que je n'hésite pas à les aider à trouver la perle rare. Je peux d'autant plus facilement que je suis adhérent au STRASS [Syndicat du Travail Sexuel]. Bon nombre d'escorts, masculins et féminins, sont prêts à faire bénéficier des personnes « handicapées » de leurs prestations sexuelles. Mais, si certain(e)s donnent déjà spontanément du plaisir rémunéré à des hommes ou des femmes ayant un handicap généralement physique, et parfois mental ou psychique, la plupart souhaitent préalablement une formation aux différents types de handicap qu'ils et elles sont susceptibles de rencontrer, ainsi que de leurs spécificités, des fragilités qu'ils peuvent présenter.

Pourquoi je propose à ces personnes des escorts plutôt que des assistant(e)s sexuel(le)s ? D'une part, il n'y a qu'une assistante sexuelle en France, dans le sud du pays. D'autre part, toutes ces personnes souhaitent une relation sexuelle : « J'aimerais faire l'amour mais, si ce n'est pas possible, j'accepterais aussi une branlette et des massages. », disent-elles en substance. Or, les assistant(e)s sexuel(le)s vont très rarement au-delà d'une masturbation. Contrairement aux escorts des deux sexes qui proposent en plus des prestations très diversifiées. Mais ceci n'est plus un mystère, je l'ai souvent écrit et dit.

Quoi qu'il en soit, je fais sans état d'âme l'intermédiaire entre ces personnes « handicapées » et les professionnel(le)s du sexe. Je relève donc des fameux  articles 225-5 et 225-6, mais aussi 225-10-1, de la loi du 13 mars 2003.

Que peut-il m'arriver ? Aucune prison n'est adaptée à mon handicap. Une amende ? Nombre de personnes « handicapées » et de professionnels de l'accompagnement se soulèveraient et me soutiendraient.

De toute façon, à ce jour, jamais quiconque n'a été condamné ni même poursuivi pour avoir servi d'intermédiaire entre un professionnel du sexe et une personne en situation de handicap. Je ne touche pas un centime (pourquoi faire) et, une fois les personnes en relation, je me retire complètement ; en général, je n'ai plus de nouvelles après et c'est très bien ainsi car cela ne me regarde plus.

Et je ne suis pas le seul à prendre ce « risque » afin de soulager certains de mes pairs d'une souffrance si facilement évitable. Et j'ai bien l'intention de continuer dans ce sens. Il est des services inestimables.

Cette situation paradoxale et ambiguë me paraît idéale pour nous mener tôt ou tard vers une jurisprudence.

Peut-être conduira-t-elle le gouvernement, un gouvernement, à valider le remboursement du Viagra et consorts, à les sortir des médicaments de confort ? Car c'est injuste de pénaliser des personnes paraplégiques, tétraplégiques, etc., dont les dysfonctionnements érectiles sont la conséquence de leur handicap. Surtout lorsque l'on connaît le prix de ces pilules du « bonheur sexuel ».

Mais pourquoi m'inquiéter ? La gauche a remporté haut la main les législatives. Elle tient désormais tous les rênes du pays. Si elle se plante, on saura vers qui se tourner. Même Mme Carlotti est élue. Elle va donc avoir toute la latitude pour nous montrer ses compétences en matière de politique du handicap, et sa détermination. L'accompagnement sexuel va pouvoir devenir une réalité et le Viagra un médicament de compensation.

Et moi je pourrai prendre des vacances, des vraies, loin d'une misère humaine qui a boycotté ces élections coupées de la base et des contingents de survie quotidienne.

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