Mélenchon, le leader de la gauche, le seul opposant de Macron, lequel lui avait ouvert un boulevard grâce aux casseroles qui lui collent aux basques depuis cet été. Mélenchon pris les mains dans les magouilles à son tour. Le justicier éloquent, celui qui lavait plus blanc que blanc, c’est sali et sacrément. Mensonges grossiers, financement trouble, copinages internes pas nets. À croire que la soif de pouvoir rend con, à être trop présomptueux. Et en plus, il devient arrogant et grossier, il mord pour se défendre. En somme, s’il n’est pas pire que les autres, il n’est pas non plus meilleur qu’eux.
Balladur, Chirac, Sarkozy, Fillon, Cahuzac, Macron, Le Pen (père et fille), pour ne citer que les plus emblématiques, les plus marquants de ces vingt dernières années, ont triché et menti. Tous se sont crus plus malins que les autres, infaillibles ; protégés par cette fameuse inviolabilité des gens de pouvoir, quel que soit leur terrain de chasse. Car, par-dessus le marché, plus ils gagnent (du pouvoir et/ou du fric), plus ils en veulent. C’est un cercle vicieux de la cupidité. Une machine à tuer l’espoir, à broyer la confiance, à détruire la politique dans l’esprit des gens. Le pouvoir rend fou, jusqu’à se croire au-dessus des lois et d’être dans un déni de la démocratie. C’est affolant. C’est affolant de se dire que l’on vote peut-être pour un tricheur, un menteur, un fraudeur.
De surcroît, ils s’en tirent toujours bien, comparés aux petits escrocs, aux chapardeurs des grandes surfaces qui crèvent de faim. Alors que ces nantis font de l’illicite, du frauduleux, en bande organisée.
« Le pouvoir rend con ». À tel point que l’on a parfois le sentiment que tous les moyens sont bons pour arriver au pouvoir, d’autant que l’honnêteté n’est pas toujours récompensée ; c’est peut-être ce que c’était dit Mélenchon à force de ne pas atteindre la marche suprême, le Nirvana politique.
C’est ainsi qu’il pensait redresser la barre de notre société bien mal en point, ramener de la justice sociale, en biaisant avec certaines règles, en contournant les lois, Mélenchon ? À l’instar de Macron et de ses sbires, comme de tous ses glorieux prédécesseurs qui se sont faits prendre un jour ou l’autre et très peu punir finalement ?
Quelle image pense-t-il donner à ses électeurs, à tous les Français, en étant agressif et méprisant avec les médias, la police et la justice, en dézinguant à tout va tous ceux qui le contrarient ? Toute la France Insoumise s’est offusquée face au nombre de perquisitions à domicile, dénonçant des inégalités de traitement. Vrai ou faux, la justice le dira. En attendant, indignés ou pas, la police a trouvé 12 000 € en liquide chez un fidèle de Mélenchon, à la demande de la trésorière de la FI. Vous connaissez beaucoup de monde qui a 12 000 € en liquide planqués chez lui ?
Oui, la présomption d’innocence existe. Mais il y a des faits troublants. Oui, la justice n’est pas toujours impartiale. Mais il n’empêche que, coupable ou non, Mélenchon est entaché par ce qui vient de se passer. Ce n’est pas la faute aux autres, c’est la sienne. Même s’il est innocent, il a fait des erreurs et il a eu des comportements indignes d’un homme de sa stature et de son rang social, alimentant au passage le « tous pourris », si néfaste pour tout le monde. Ce qui n’est pas à son honneur, coupable ou non, ni à celui des politiciens qui dévalorisent la politique, au sens noble et profond du terme, celle pratiquée par exemple par Robert Badinter en son temps, Pierre Mendès-France ou Jean Jaurès, avant lui.
Un homme ou une femme politiques, ce sont des êtres humains, je vous l’accorde, ils ont donc droit à l’erreur comme tout un chacun et, pourquoi pas, à un pétage de plomb fortuit. Toutefois, Mélenchon en a fait une marque de fabrique, une habitude qui revient au galop, trop souvent. Or, à son niveau, avec sa notoriété et son ambition, n’est-ce pas la moindre des politesses et des intelligences politiques, de se maîtriser un peu plus que le commun des mortels, afin d’être à la hauteur de la destinée qu’il veut se forger ? Moi, ça me choque de voir des « Macron » et des « Mélenchon », ces donneurs de leçons se comporter comme ils le font, alors même qu’ils sont censés montrés l’exemple.
Je ne défends pas davantage la justice que les médias (combien dérapent dès lors qu’ils ont une once de pouvoir, parce que c’est si grisant, démago, opportuniste et attrape-gogo ?), mais une certaine idée de la bienséance, de la pondération et de la grandeur politique.
Quoi qu’il en soit, je fais partie de celles et ceux qui pensent que Mélenchon vient en une semaine de s’autodétruire, qu’il a peu de chances de se relever du dérapage de trop, parce qu’il est incapable de maîtriser ses émotions, son tempérament explosif. Qui peut bien vouloir d’un président qui pète les plombs à la moindre contrariété ? Qu’en sera-t-il de la France Insoumise ? Alors qu’il avait les cartes en main, il vient probablement de les redonner à Macron.
« Le pouvoir rend con ». Et ce n’est pas une bonne nouvelle pour la démocratie, donc pour les citoyens honnêtes qui se démènent pour vivre ou survivre, c’est-à-dire les plus nombreux, la majorité silencieuse, trop silencieuse pour peser dans la balance, alors qu’elle le pourrait. Vive mai 68 !
Mais que faire pour remédier à cette léthargie ambiante ?
En attendant, un de mes accompagnants me disait : « Le pouvoir rend con ou ce sont les cons qui sont attirés par le pouvoir ? »