Courage fuyons !

Taxer le kérosène ? Hors de question !

Taxer les poids lourds ? Un jour…

Remettre l’ISF ? Hors de question !

Réformer la fiscalité vers plus d’égalité et d’équité ? Dans tes rêves !

Taxer davantage les riches, c’est-à-dire au prorata des ressources de chacun ? Hors de question.

Fermer au plus vite les centrales nucléaires ? Pas possible, elles sont… écologiques !

Taxer les pauvres ? Avec plaisir… tout en le déplorant quand même, on a du savoir-vivre quand même !

En fait, ce gouvernement et les précédents c’est : touche pas à mes riches !

Au point de frôler le ridicule et le grotesque, tel Gérald Darmanin le donneur de leçons ; mais le ridicule n’a jamais tué les membres d’un gouvernement, ça se saurait dans le cas contraire. Oser fustiger les restaurants parisiens aux repas à plus de 200 €, ou les fonctionnaires « trop payés » en leur opposant les gens vivant sous le seuil de pauvreté, alors que Monsieur se fait plus de 12 000 € par mois, et ça ne lui fait même pas peur !

C’est tellement plus facile d’exploiter la France du bas, cette quantité négligeable, juste bonne à être plumée. C’est tellement plus simple de la prendre de haut et de la mépriser avec condescendance. Avant tout, c’est tellement moins risqué que de s’en prendre aux riches, aux chauffeurs-routiers, aux industriels qui polluent en toute impunité, ou presque, dont les compagnies aériennes et navales.

Vive le courage politique ! Vive le courage macronien ! Vive l’obscurantisme, la cécité, la surdité et la bêtise de certaines politiques d’autruches asservies ! Les membres du gouvernement devraient faire une demande de PCH, avec autant de handicaps à leur actif, si je puis me permettre ce conseil compassionnel.

Honte à ce président qui s’incline devant les nantis et provoque les petites gens avec une morgue hautaine, en refusant de recevoir une délégation de porte-paroles des « gilets jaunes ». Ils sont beaucoup trop cons pour être reçus et fouler les tapis rouges de l’Élysée. On ne négocie pas avec des moins que rien qui n’ont pas autre chose que leur vécu et leur bon sens à opposer à ce gouvernement de et pour les mieux lotis, les plus opulents. Pourtant, ça ferait du bien à ce gouvernement d’être confronté à la France authentique, plutôt que de s’enraciner dans une posture bourgeoise de fin du XVIIIe siècle, celle qui a conduit à la révolution française.

Évidemment, leurs revendications sont parfois incohérentes et contradictoires. Bien sûr, leurs revendications ne sont pas formulées dans les règles de l’art, de la rhétorique politicienne en somme. C’est certain que les protocoles, les subtilités pour enfumer son auditoire ne font pas partie de leur culture, et tant mieux. Peut-être n’ont-ils pas le niveau d’intelligence des énarques, entendre par-là le niveau de roublardise des gens de la haute qu’il sied d’avoir dans ce milieu feutré si factice et hypocrite ? Peut-être, sûrement même, qu’ils sont beaucoup plus intelligents car ils ont du vécu, de la souffrance, de la volonté et du courage, eux.

Ce courage qui manque à Emmanuel Macron et à ses sbires. Il serait plus juste de dire à Picsou et à ses neveux ; mais ont-ils jamais lu Mickey dans leur bulle bien protégée ? De toute façon, lorsque ça leur arrive d’être issus de la France du bas, l’arrivisme prend très vite le dessus pour oublier d’où ils viennent.

Oser proposer ce qu’il nous a sorti lors de son discours du 27 novembre, de sa voix doctement onctueuse d’orateur patenté, c’est indigne du président de la république du pays des droits de l’Homme et du Citoyen, celui qui a pour devise : liberté, égalité, fraternité.

Liberté de la fermer et d’avaler les couleuvres en crevant de faim et en disant merci Monsieur le président, pour les uns, liberté de s’en mettre plein les poches et les comptes bancaires, même frauduleusement, pour les autres. Égalité devant la misère mais pas devant les droits et la richesse qui s’accumule grâce aux exploités. Fraternité dans les discours ampoulés de nos chers élus et tant pis pour les immigrants et les discriminations en tout genre.

Le Peuple veut manger à sa faim. Le Peuple veut retrouver une dignité légitime. Le Peuple veut être respecté, donc entendu. Le Peuple veut de la justice sociale, donc que le gâteau des richesses soit équitablement distribué. Le Peuple veut récupérer une part des taxes engrangées sur son dos, et que le gouvernement les récupère chez les industriels pollueurs et les grosses fortunes. Le Peuple ne veut rien de plus ni de moins.

Le Peuple est majoritairement prêt à accepter l’écotaxe à condition qu’on lui en donne les moyens, le contraire serait suicidaire, si ce n’est pas déjà trop tard à cause des riches. C’est pourtant simple à comprendre et à mettre en œuvre. Sauf lorsque l’on reste droit dans ses bottes, n’est-ce pas Monsieur le président. Au fait, avez-vous pensé à demander à Alain Juppé, ce que ça fait de rester droit dans ses pompes en cuir véritable ?

Et bon courage au Peuple ! Vive la vraie France.