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D’où que l’on vienne, où que l’on soit né·e, Notre pays s’appelle Solidarité

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Billet de blog 17 avril 2024

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Occupation de la Maison des Métallos : lettre ouverte

« Pas de logement, pas de J.O. On reste à Paris » ! Nous relayons ici la lettre ouverte des mineurs du collectif des jeunes du parc de Belleville qui occupent la Maison des Métallos depuis le 6 avril. Les jeunes annoncent une conférence de presse jeudi 18 avril, à 10h à la Bourse du Travail. À relayer !

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LETTRE OUVERTE
À LA MAIRE DE PARIS, SES ADJOINT.ES ET CONSEILLER.ES DE LA MAJORITÉ

Le Collectif des Jeunes du Parc de Belleville rassemble plusieurs centaines de mineur.es isolé.es en recours. Épaulés par le Collectif du 20ème solidaire avec tous.tes les migrant.es, iels luttent depuis septembre pour faire valoir leurs droits : reconnaissance de minorité, hébergement digne et pérenne, couverture santé, accès gratuit à l'éducation, aux transports et à la culture. Face à la loi Darmanin, à la fin de la trêve hivernale et à l'approche des J.O.P, c'est par l'action que le Collectif instaure un rapport de force avec les institutions. Suite à la menace d'expulsion des 500 places d'hébergement arrachées à la Mairie de Paris, les jeunes du Collectif ont décidé le 6/04 d'occuper la Maison des Métallos : "Pas de logement, pas de J.O. On reste à Paris".

Le Collectif entame une deuxième semaine d’occupation à la Maison des Métallos. À l’intérieur, accompagné.es de leurs soutiens, les jeunes ont pris le temps d’organiser les différentes tâches liées à la vie du lieu comme les repas, le nettoyage, la cagnotte ou la gestion de la jauge. En ce qui concerne la lutte et nos revendications, diverses commissions ont été créées afin d’informer, sensibiliser, mobiliser, élargir et faire converger : une commission « communication - médias », une commission « syndicats », et une commission « convergence avec d’autres luttes ».

Illustration 2

Tous les jours se tiennent des réunions préparatoires avec les délégué.es de chaque gymnase et celles et ceux dormant à la MdM, ainsi que des Assemblées Générales du Collectif où les décisions sont prises collectivement.La Maison des Métallos n’est pas un squat ou un accueil de jour qui répondrait uniquement aux besoins fondamentaux des jeunes (hébergement et nourriture), ni un tiers-lieu subventionné où l’on affiche des discours abstraits de récupération institutionnelle, dans lesquels les premier.es concerné.es ne sont pas décisionnaires.

La Maison des Métallos est, fidèle à son histoire, un espace de lutte et de solidarité : dans la cour où jadis étaient accueillis des volontaires aux brigades internationales allant défendre la République espagnole de la réaction franquiste, il y a maintenant des jeunes migrant.es qui revendiquent leurs droits, s’opposant à la discrimination raciale, à la réalité postcoloniale et aux néo-fascismes.

Avec le soutien des collectifs de sans-papiers, de la Marche des Solidarités et de différents syndicats (CGT, métallurgistes de la FTM CGT, UD75, CGT Culture, CGT Spectacle, CGT CASVP, CGT SCAAT75, SUD Educ, CNT STE 75, SUD Sorbonne Université), il a été possible d’organiser une manifestation réunissant plus de 2000 personnes au départ de République jusqu’à la Maison des Métallos.

Des travailleur.euses sans papiers aux syndiqué.es de l’administration, des agents de la Ville de Paris aux étudiant.es de l’Université, des métallurgistes de la Tour Eiffel aux travailleur.euses sociaux.ales de l’ASE, des intermittent.es aux retraité.es, des salarié.es du ministère de la Culture aux militant.es du DAL, en passant par les professeur.es de l’Éducation Nationale jusqu’aux élu.es, un front très large de soutien à la cause des jeunes mineur.es s’est déjà construit et va s’amplifier dans les jours à venir, notamment à la fin des vacances scolaires et à l’approche du 1er mai.

Néanmoins, pour obtenir satisfaction (hébergement digne à Paris, droit à l’école, AME…), tout cela ne suffit pas.

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Nous avons besoin de l’action de votre majorité, le Collectif vous demande donc :

- Une délégation de la Mairie de Paris qui dépasse le cadre de la Mission Urgences Sociales.

Notre lutte ne peut pas se restreindre au simple cadre des « Urgences » et du cycle interminable des mises à l’abri, il s’agit d’un combat politique pour l’égalité des droits, qui doit donc être mené par des élu.es qui peuvent assumer des responsabilités.

Les Jeunes du Collectif ne demandent pas à dormir dans des gymnases, mais exigent une vraie prise en charge à Paris le temps de leurs recours. Vous devez assumer que ce conflit est politique et non simplement humanitaire.

- Que les délégué.es du Collectif soient considéré.es par la Mairie de Paris comme des vrai.es interlocuteur.ices.

Cette semaine encore, vous avez déplacé des jeunes d’un lieu d’hébergement à un autre. Des tableaux sont affichés à l’entrée de l’école du 12e arrondissement avec les noms des déplacés. Pas d’explication, pas d’échange avec les jeunes et leurs représentants. Nous avons déjà signalé à maintes reprises que cette manière opaque et déshumanisante de procéder est indigne et porte atteinte à la santé mentale des jeunes. Vous devez les traiter comme des personnes et non comme des objets qu’on peut déplacer à sa guise.

- De considérer ces jeunes comme une chance pour Paris.

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Leur enthousiasme, leur envie d’étudier, leur détermination pour rester ici mérite d’être entendue. Nous sommes profondément choqué.es à chaque fois que les services de la Mairie affirment que Paris « explose » de mineur.es non-accompagné.es.

En réalité, Paris explose d’Airbnb, de gentrification et de spéculation immobilière. Des dictateurs soutenus par les pays occidentaux et des multinationales pillent les ressources des pays africains, torturent et exploitent leurs populations, et polluent leurs territoires, contraignant ces jeunes à quitter leur pays en quête d’une vie meilleure. Tandis que l’Etat français refuse d’accueillir les jeunes dignement, Paris ouvre grand la porte aux riches et aux touristes. Décolonisez vos discours.

- De laisser entrer dans la Maison de Métallos les journalistes accepté.es par le Collectif en vertu de la liberté d’expression et de la liberté de la presse.

Rendre visible le combat et l’organisation du Collectif permettra de montrer que d’autres formes de société sont possibles, de sensibiliser l’opinion publique en sortant des pénibles stéréotypes selon lesquels les migrant.es seraient des délinquant.es ou de simples nécessiteux.ses.

- D’être à la hauteur de l’enjeu, et ce peu importe l’attitude et les décisions prises par l’État.

Votre courage pourrait éviter que les JOP ne soient qu’une mascarade infernale de nettoyage social et de persécution des publics vulnérables. Pour cela, il faut héberger aussi bien les jeunes que toute personne en situation de rue, et ce dans des conditions dignes, et permettre l’accès à l’éducation, à la formation, à la santé et à la mobilité pour tous.tes.

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Quand il s’agit d’organiser les JOP, Mairie et Préfecture parviennent à travailler main dans la main. Dès lors qu’il est question de prendre des dispositions fortes à destination des populations précaires, c’est le vide et la fuite des responsabilités. Le contexte de la Loi Darmanin et la pression fasciste s’accentuant, la situation exige du courage politique.

En attendant une réponse favorable de votre part aux demandes du Collectif, nous vous prions d’agréer nos salutations distinguées.

Le Collectif des Jeunes du Parc de Belleville avec le soutien du Collectif 20ème solidaire avec toustes les migrant.es.

Maison des Métallos, le 15 avril 2024

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