Nous avons défilé le 14 juillet à Nation. Nous en sommes fiers et fières (photos ici : Twitter, Instagram, Facebook, vidéos et prises de paroles ici : Youtube , Facebook, Instagram). Mais dans des conditions indignes qui sont le symbole que, pour barrer la route au fascisme, tout reste à faire.
Bien sûr nous avons été soulagé.e.s au soir des résultats du second tour des législatives le 7 juillet.
Mais nous savions que nous n’avions pas gagné.
Les fascistes sont aux portes du pouvoir
La galerie de candidat.es présenté.es par le Rassemblement National, violemment racistes et islamophobes, ne font que confirmer qu’il faut nommer le danger : le fascisme.
Et les fascistes ont obtenu plus de 10 millions de voix au second tour des législatives. Ils sont désormais 143 à l’Assemblée, le premier parti. Aux Le RN est arrivé en tête aux Européennes dans plus de 9 communes du pays sur 10. Les résultats dans les urnes ont donné la confiance aux racistes dans la rue qui partout ont multiplié les violences.
Qui peut penser, dans ces conditions, que nous avons gagné ?
Ces politiques qui ouvrent la voie au fascisme
Tout le monde sait ce qui a mené le fascisme aux portes du pouvoir : le racisme et le colonialisme légitimés par les pouvoirs en place, les politiques stigmatisant les Musulmans et Musulmanes, les politiques anti-migratoires présentant les immigré.es comme des délinquant.es.
Ce ne sont pas les fascistes qui ont promulgué la loi Darmanin ou la loi séparatisme. Ce ne sont pas les fascistes qui ont réprimé en Kanaky ou à Mayotte comme dans nos quartiers après l’assassinat de Nahel par la police.
Ce ne sont pas les fascistes qui envoient des armes à l’État d’Israël. Ce ne sont pas non plus les fascistes qui ont interdit le défilé internationaliste de marcher jusqu'à la Maison des Métallos.
Macron et Darmanin : l'inverse d'un barrage
Avons-nous gagné ne serait-ce qu’un sursis ? Le dernier acte du gouvernement avant de démissionner a été de publier des décrets d’application sur les pires aspects de la loi Darmanin.
L’interdiction du défilé du 14 juillet moins de 24 heures avant, le samedi soir, n’en est qu’un symbole (voir détails en fin de texte) : les fascistes sont plus que jamais aux portes du pouvoir et les dirigeants en place continuent les politiques qui les y amènent.
Et la préfecture a aussi interdit tout rassemblement devant l’Assemblée nationale le jour de l’ouverture du nouveau parlement censé nous représenter.
En 2017 Macron se présentait comme le barrage au fascisme. La question de l’immigration ne faisait même pas partie des 5 raisons données dans les sondages pour le vote. Aux législatives qui suivent, 8 députés avaient été élus pour le FN.
Après 5 ans de présidence Macron, rebelote en 2022. Cette fois la question de l’immigration fait son apparition en cinquième position dans les raisons données au vote. Lors de la campagne Darmanin a dit à Marine Le Pen qu’elle était trop molle vis-à-vis de l’immigration et de l’islam. En 2022, le RN obtient 89 députés.
Deux ans plus tard, en 2024, après la dissolution, l’immigration est devenue la seconde raison donnée pour le vote. Il y a quelques mois la loi Darmanin est passée grâce au vote des députés fascistes. Le RN a cette fois plus de 140 députés à l’Assemblée nationale.
Ces fronts nécessaires
Alors nous sommes fiers et fières d’avoir défilé le 14 juillet, une semaine après les résultats du vote. Parce que rien n’est réglé. Parce que ce défilé a exprimé la convergence entre la lutte contre le racisme, le mouvement des Sans-papiers et des jeunes mineur.e.s isolé.e.s, les mouvements de solidarité avec la Palestine et la Kanaky. Parce que la lutte sur ces fronts sera déterminante pour barrer la route au fascisme.
Mais ce défilé montre aussi que tout reste à faire.
Où étaient les organisations qui nous ont appelé à voter pour faire barrage au fascisme ? Où sont leurs appels à l’action, à construire les fronts de lutte dans chaque quartier, chaque lieu de travail ? Dimanche 14 juillet, nous étions entre 1000 et 2000. Bloqués par les dispositifs policiers qui voulaient nous cantonner sur un bout de la place, nous avons au moins pris et bloqué toute la place pour défiler. Mais jusqu’à quand et jusqu’où allons-nous accepter ces remises en cause du droit à manifester ?
Les fascistes n'ont pas la majorité à l'assemblée ou dans les urnes, mais ils n'en sont plus très loin.
Dans la rue, c'est tout à fait différent et ça change tout. Dans de nombreuses villes et de nombreux quartiers, bien que les racistes prennent confiance, nous sommes encore une majorité à vouloir l'égalité des droits et une société juste et solidaire. C'est là que mineur.e.s isolé.e.s ont empêché l'expulsion de Paris qui leur été promise pour les JO, c'est là que le mouvement de solidarité avec la Palestine a imposé ses revendications ces derniers mois, c'est là que nos frères et sœurs Kanaks résistent, c'est là que les collectifs de sans-papiers continuent à arracher des régularisations face aux préfectures. Là est la force qu'il nous faut exprimer, si on veut repousser le fascisme.
Face à cette situation la Marche des Solidarités :
- appelle à construire et rejoindre les collectifs qui existent ou se forment dans chaque ville, chaque quartier, collectifs antifascistes, collectifs de sans-papiers et de soutien, comités d’Urgence Palestine, les sections syndicales dans les lieux de travail etc. et à les faire converger contre le fascisme, le racisme et le colonialisme
- à participer aux actions et manifestations qui auront lieu ces prochaines semaines et notamment la manifestation d’anniversaire de l’occupation de l’église St Bernard, acte de naissance du mouvement des Sans-papiers, le samedi 24 août
Mais aussi
- dès ce vendredi 19 juillet avec les Collectifs de Sans-Papiers, place de la Nation à 16H00
- dès ce samedi 20 juillet avec Urgence Palestine à République à 14H00
- à construire l’assemblée de la Marche des Solidarités qui se déroulera le weekend du 28 et 29 septembre à Paris. Contactez-nous si vous souhaitez vous y inscrire : marche-des-solidarites@riseup.net. Nous publierons prochainement une proposition de programme. Voici les propositions issues de la 1ère assemblée organisée en avril : https://antiracisme-solidarite.org/assemblee-de-la-marche-des-solidarites-les-samedi-et-dimanche-27-28-avril/
Enfin, face aux remises en cause du droit de manifester, la Marche des Solidarités va appeler toutes les organisations, collectifs locaux à organiser des manifestations décentralisées dans chacun de vos quartiers ou dans les centres-villes (rassemblements, actions, déambulations, occupations, lâchers de banderoles, manifestations…) et non déclarées le 17 octobre prochain de manière à déborder tout encadrement policier et à imposer la fin des arbitraires préfectoraux.
Nous allons déposer un recours sur le fond contre le préfet de Paris et l'interdiction du défilé internationaliste du 14 juillet.
Et nous appelons toutes les organisations du mouvement social à se concerter pour définir une stratégie commune afin de rétablir notre droit à manifester.
L’interdiction du défilé du 14 juillet : sommet de l’arbitraire de l’État policier
Cela fait plusieurs années que, progressivement, les pouvoirs en place ont progressivement limité le droit de manifester : parcours imposé via des arrêtés d’interdiction publiés peu avant les manifestations annoncées, nasses et contrôles d’identité des manifestant.es etc.
Ce 18 juillet de nombreuses organisations avaient appelé à se rassembler devant l’Assemblée nationale à l’occasion de la première séance des nouvelles et nouveaux élu.es. Ce rassemblement a été interdit.
Le 14 juillet a atteint un sommet.
Quelques jours avant le défilé la préfecture nous a informé que notre parcours déposé à partir de la place de la Bastille allait être interdit et « proposait » un rassemblement statique place de la Nation. Nous avons indiqué que nous accepterions le point de départ de Nation à la seule condition que nous pourrions défiler vers la Maison des Métallos.
Après deux jours, la préfecture a accepté et nous avons signé un récépissé autorisant le défilé.
Mais, pour des raisons que le service des manifestations de la préfecture s’est dit incapable de nous donner, un arrêté d’interdiction - portant sur le premier parcours déposé et ne mentionnant pas celui qui avait été autorisé par la préfecture - a été publié par le préfet le samedi en fin d’après-midi. Un référé qui avait toutes les chances d’annuler cet arrêté incompréhensible selon notre avocat a été déposé mais le Tribunal administratif et les juges ne répondaient plus au téléphone le dimanche matin empêchant ainsi la tenue d’une audience avant le défilé.
Sur place, les ordres donnés aux forces de police ont été d’empêcher tout défilé. Menace a même été transmise d’arrêter les signataires du dépôt de la manifestation si nous faisions un cortège avançant vers les dispositifs policiers. Ce que nous avons quand même fait. Après blocage par les cordons, nous avons bloqué la place entière de la Nation pour défiler.
Les collectifs de la Marche des Solidarités
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