« Il faut expliquer aux agents que ce n'est pas les vacances ! »

Tout aussi angoissant que la vitesse de propagation du coronavirus et la létalité de la maladie : l'incompétence molle de nos élites dirigeantes. A la Ville de Paris, un directeur ou une directrice dirige ... en attendant les directives. Sans directives centralisées, pas d'initiative prudentielle, aucun cap, la voile s’enroule, le navire tangue… mergitur nec fluctuat !

Mais on l'apprend à nos dépends, et c'est maintenant officiel depuis 2017, l’incompétence, qui se doublait généralement de mauvaise foi, revêt de plus en plus souvent ses atours de mépris social. La CGT en veut pour preuve la réaction de madame la directrice générale de Paris Musées, qui n'a pas de meilleure consigne à passer aux responsables que : « Il faut expliquer aux agents que ce n'est pas les vacances. » Alors que nous luttons contre la propagation d'un virus qui provoque des détresses respiratoires aiguës et parfois mortelles, la seule chose qui rend malade Delphine Lévy, c’est d’imaginer que ses agents pourraient être payés à rester chez eux.

Pauvres (sic) responsables, qui, si on se réfère à l’étymologie, devaient apporter des réponses aux agents. Qui n'ayant pas la capacité d'en fabriquer par elles et eux-mêmes s'en remettaient à l'autorité suprême. Qui se retrouvent finalement porteurs de haine de classe en dosettes à distiller dans les équipes. 

Dans ces conditions, le retour aux fondamentaux s’impose : éthique et autogestion. Les agents ont organisé localement les mesures de protection des œuvres et du patrimoine classé, répétant en chœur leur leitmotiv : « Si Delphine Lévy ne donne pas les bonnes consignes, on les prendra nous-mêmes » ; ou encore : « Elle peut rester chez elle, nous, puisqu'on est là, on applique les consignes du premier ministre, on assure strictement l'essentiel, et on reste chez soi. »

La même situation s'est répétée dans les écoles, dans les jardins publics qu'Anne Hidalgo voulait à tout prix maintenir ouverts pour d'obscures raisons, loin qu'elle était de penser à la santé des agents de la collectivité. Grâce au courage des collègues qui ont expliqué aux cadres comment il fallait procéder, les choses rentrent dans l'ordre à la mi-journée.

Après la crise sociale qui avait ravivé la flamme contestataire dans le cœur des travailleuses et travailleurs de l'Hexagone et de leurs sœurs et frères d'outre-mer, la crise sanitaire ravive leur capacité et leur conscience autogestionnaire. « Puisque personne ne travaille à ta place, personne ne décide à ta place ! »