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Billet de blog 1 juin 2023

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Rencontres militantes pour des espoirs internationalistes

Pendant les trois jours de fête de LO se sont succédé des forums initiés par nos camarades ivoiriens, iraniens, haïtiens et turques. Je vous propose ici de retranscrire leurs discours afin de connaître l’actualité des luttes sociales qu’ils mènent dans leur pays : le fondamentalisme religieux en Iran, la dictature d’Erdogan, les gangs armés à Haïti et le patronat africain.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Sommaire

  • Introduction
  • Sınıf Mücadelesi (Turquie-UCI)
  • Communist Party of Iran
  • Organisation des travailleurs révolutionnaires (Haïti-UCI) 
  • L'Union africaine des travailleurs communistes internationalistes (Afrique-UCI)

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Introduction

Comme chaque année, la fête de Lutte Ouvrière nous permet, à nous, militants ou sympathisants communistes, de faire des rencontres uniques avec nos camarades du monde entier. Pour éviter tout amalgame, je ne suis pas un militant du parti. Néanmoins, comme pour Révolution Permanente, le POI, la NPA et d’autres, je les considère comme des frères et sœurs de luttes malgré nos désaccords parfois profonds. Dans cet article, je vous propose des extraits des conférences menées par quatre partis communistes :

  • Sınıf Mücadelesi (Turquie-UCI) ;
  • Communist Party of Iran ;
  • Organisation des travailleurs révolutionnaires (Haïti-UCI) ;
  • L'Union africaine des travailleurs communistes internationalistes (Afrique-UCI).

En tant qu'extrait, les retranscriptions ne sont pas complètes et sont semées de paraphrases. Cependant, j’ai cherché à ne pas modifier le sens et la finalité des discours. Dans un premier temps, le parti communiste turc Sınıf Mücadelesi nous parlera de l’actualité électorale du pays (je rappelle que ce forum a eu lieu le dimanche 28 mai 2023, soit le jour-même de l’élection présidentielle, les résultats ne pouvaient donc être connus). Le deuxième forum nous emmènera au Moyen-Orient avec le Parti communiste iranien qui nous présentera le moment révolutionnaire qui a lieu contre la République islamique d’Iran. Ensuite, nos camarades trotskistes de l’OTR (Haiti) nous parlerons de la lutte de la population contre les gangs qui ont pris le pouvoir à Haïti depuis trois ans. Pour finir, je présenterai le dernier éditorial de nos amis de l’Union africaine des travailleurs communistes internationalistes originaires de Côte d’Ivoire, qui luttent contre les compromissions des syndicats et de l’Etat avec le patronat africain.

Je vous laisse désormais pour ce tour du monde dans lequel nos aspirations communistes, libertaires et internationalistes trouvent résonances pour penser le monde de demain débarrassé de l’emprise du capitalisme.

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Sınıf Mücadelesi-UCI (Turquie)

« En Turquie, la coalition unitaire est vue comme une alternative démocratique et sociale à Erdogan et son régime en place depuis plus de 20 ans. Il est vrai que Erdogan est affaibli depuis 2012. Il y a des frictions au sein de l’AKP, son parti créé en 2001 avec le soutien des mouvements islamistes proches du patronat et des USA. En 2015, il perd sa majorité absolue qu’il détenait depuis 13 ans. Toujours en 2015, la vie des masses populaires devient de plus en plus difficile. La monnaie turque a perdu 90 % de sa valeur en quelques années, les prix augmentent bien plus vite que les salaires, environ 5 millions de logements sont aujourd’hui menacés de saisie pour loyer non payé. Erdogan est également reconnu comme en partie responsable des conséquences du tremblement de terre qui a coûté 126 milliards de dollars. Le mécontentement populaire qui dure depuis des années engendre une grève historique dans la métallurgie en 2015. Puis, le régime est encore plus fragilisé avec le coup d’Etat de 2016 et la désertion de certains de ses ministres pour créer des partis d’opposition, montrent son affaiblissement. La Turquie s’enfonce dans un tournant encore plus répressif, cette dérive dictatoriale lui fait perdre une partie de sa base populaire.

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Illustration 1
Camarade Turc du Sınıf Mücadelesi-UCI

Le contrôle total de la société par l’AKP et la corruption sont également des raisons qui expliquent sa progressive perte de légitimité au sein de la population. Erdogan a mis en place un contrôle des médias, des méthodes de trucages électoraux notamment avec le bourrage d’urne, et a purgé son pays après la tentative de coup d’Etat de 2016 : enfermement d’opposants politiques, de fonctionnaires, d’avocats, de journalistes, etc. Erdogan a placé ses amis jusque dans des institutions humanitaires comme « Le Croissant Rouge », l’équivalent de la Croix-Rouge française. Il a nommé comme directeur un ami qui s’est transformé en PDG avec un salaire de 300 000 livres turques, le smic étant de 10 000 livres. L’ONG a été jusqu’à vendre des tentes pour les victimes du tremblement de terre qui a fait 45 000 morts au lieu de les donner. Il y a de la corruption à tous les étages. C’est un État pourri. Ce gouvernement est un cadavre en décomposition.

Pour l’élection présidentielle de 2023, on nous vend l’Alliance populaire comme alternative crédible à Erdogan. Or, le seul point commun de l'opposition est d'être contre Erdogan. C’est une coalition de partis bourgeois et islamistes. Les travailleurs ne peuvent pas compter sur elle pour avoir une vie décente. Il y a 6 partis dans l’alliance : le Parti républicain du peuple dirigé actuellement par Kemal Kılıçdaroğlu, lui-même choisi pour présider la coalition d'opposition. Or, ne nous trompons pas, c’est un parti réformiste petit-bourgeois qui s'apparente chez vous au parti socialiste. Le Parti pour le changement en Turquie s’inscrit également dans cette tendance. Le parti démocrate est un groupe clairement bourgeois, conservateur et libéral. Il y a des groupes clairement islamistes comme Le bon parti. Il est composé d’anciens alliés d'Erdogan et rassemble des politiques de droite et d’extrême droite. Le Parti de la félicité est également un parti islamiste et d’extrême droite. Pour finir, il y a les deux partis créés par deux anciens ministres de Erdogan, le Parti de la démocratie et du progrès et le Parti du futur.

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Illustration 2
Journal du parti : Sınıf Mücadelesi

En conclusion, que peuvent attendre les travailleurs d’une coalition rassemblant des fondamentalistes islamistes, des anciens ministres de Erdogan ainsi que des partis réformistes capitalistes et libéraux ? Si la coalition arrive au pouvoir, ils se mettront aux services des patrons, pas à ceux des travailleurs. De plus, le problème n'est pas uniquement Erdogan, mais également le patronat. Il n’y a que la classe ouvrière qui peut apporter une solution, mais il n’y a pas de base révolutionnaire. Face à la dérive totalitaire d’Erdogan, il est difficile d’expliquer cela en Turquie, d’autant plus qu’Erdogan et sa clique sont prêts à tout faire pour gagner. Erdogan et le patronat sont prêts à la guerre civile ou au coup d’ Etat pour garder le pouvoir.

Face à une situation économique qui les écrase, les travailleurs doivent avancer leurs propositions. En conclusion, si les travailleurs ne veulent pas se sacrifier pour les patrons et Erdogan, ils doivent se préparer dès maintenant pour les luttes sérieuses. Car le patronat est prêt à engendrer des massacres pour garder son pouvoir. Si la classe ouvrière turque n’est pas organisée, elle peut être une force immense comme en 2015 avec les grandes grèves dans le secteur de la métallurgie qui ont vu les salaires des travailleurs augmenter bien au-dessus du SMIC. Nous ne voulons pas de tous ces députés qui demandent de voter pour eux pour nous représenter, nous les travailleurs. Tout ceci n’est que « magouilles » bourgeoises. Nous, communistes turcs, voulons l'autogestion comme Lénine et Trotsky en 1917. Nous exigeons que ce soit les travailleurs qui dirigent, et non pas des députés turcs et kurdes de gauche qui se soumettent au patronat pour mener une politique contre les travailleurs. »

Pour soutenir nos camarades en lutte : 

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Communist Party of Iran - CPI

Illustration 3
Camarades du Communist Party of Iran

« Après la mort de Mahsa Amini, les manifestations se sont propagées comme une traînée de poudre. La première a eu lieu le samedi 17 septembre au sein de sa ville natale. Le lendemain, des manifestations se sont généralisées dans tout le Kurdistan et le lundi, les mobilisations gagnent Téhéran. On en comptabilise 150 dans tout l’Iran. Toutes les couches sociales sont représentées et de nombreuses femmes affrontent le fondamentalisme religieux en retirant leur voile. Les gardiens de la révolution islamique sont venus par centaine en bus et ont tiré à balles réelles en faisant des dizaines, puis des centaines de victimes tout au long de ces derniers mois. On compte au minimum 500 morts Il faut savoir que les causes de la révolte sont plurielles. Depuis deux ans, il y a des manifestations, comme les grèves dans le secteur du pétrole qui rassemblent des centaines de milliers de travailleurs. Des manifestations menées entre 2017 et 2019 avaient déjà été réprimées dans le sang. La pauvreté, le manque de liberté, le totalitarisme religieux, l’Etat patriarcal, la corruption généralisée, sont les causes de cette révolte populaire. La mort de cette jeune femme est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

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Illustration 4
Camarades du mouvement ouvrier enfermés en prison

Les manifestations n’ont jamais été aussi grandes et toutes les ethnies sont solidaires, alors que le régime actuel ainsi que l’ancien ont tout fait pour les diviser. On voit des commissariats et des mosquées attaquées, l’organisation de comités clandestins dans les rues et les usines. C’est une véritable rupture entre le gouvernement et la population, notamment la jeunesse et les femmes.

On observe un dévoilement massif et en réunion alors que précédemment c’était davantage un comportement individuel. Il y a même des magasins qui encouragent les femmes à venir sans voile en échange de réductions de prix. Or, ces magasins défiant l’autorité islamique sont fermés par le gouvernement. Ce qu’il y a d'intéressant, c’est de voir que de nombreux hommes soutiennent la volonté des femmes à se dévoiler si elles le veulent, dans leur aspiration à la liberté. On a également constaté quelques rares formes de contestations au sein même de l'organe de répression du mouvement. Les Basij, chargés de la répression notamment sur les femmes, ont reculé devant des manifestations pacifiques au Kurdistan. C’est pourquoi, contrairement à ce qu’on lit dans les médias, ce qui se passe en Iran n’est pas un mouvement mais bien le début d’un processus révolutionnaire. Le régime misogyne, fondamentaliste et capitaliste iranien ne peut plus continuer comme avant car plus personne n’accepte de vivre comme avant, les femmes et les jeunes notamment.

Le gouvernement iranien n’a opposé que la violence aux manifestants. Il y a des dizaines de milliers de prisonniers politiques (politiques, manifestants, journalistes, militants, écrivains etc.). Il y a peu, certains sont sortis mais ils ont été retrouvés morts dans des accidents bizarres et des soi-disant suicides. On compte des centaines de morts dans la rue et en prison, au minimum 500. La police viole des hommes et des femmes. Le viol étant un sujet extrêmement tabou dans le pays, certaines victimes se suicident à leur sortie de prison. Elle mutile aussi les femmes. On considère qu’au minimum 500 femmes ont perdu la vue car la police utilise face aux manifestantes des produits habituellement utilisés contre les oiseaux. Pour rester au pouvoir et continuer à faire régner la peur, le régime au pouvoir a exécuté 20 personnes la semaine dernière. Il y a également des mises en scène d'exécution comme en décembre et à nouveau la semaine dernière : pendaison sur une grue avec un public et la télé.

Illustration 5
Certaines des femmes tuées par le régime Iranien, abattues sous les balles, sous la torture, ou se sont soi-disant « suicidées »

Si on peut voir que le régime actuel laisse passer quelques grèves dans les entreprises ou quelques manifestations contrairement à la période précédente, il réprime sans retenue les grèves où des idées libertaires et féministes émergent, comme dans ces conseils ouvriers qui ont pris comme slogan : pain, travail liberté. Mais ce qui est important, c’est la perte d’une partie de ses bases populaires par le régime islamiste. En apparence, si des pays comme l'Angleterre ou d’autres ne soutiennent pas réellement le régime en place, ils cherchent juste à le remplacer, pas à le transformer. Il faut que la ligne économique reste capitaliste et non socialiste.

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Illustration 6
Camarade du Communist Party of Iran

Il nous faut une révolution contre la dictature religieuse et misogyne, contre la bourgeoisie, contre les classes dominantes du pays. Le Parti communiste d’Iran demande le renversement du régime et son remplacement par une révolution des travailleurs pour atteindre le socialisme. Cette révolution est une révolution permanente. On pense que la révolution par période n'existe pas. Nous savons tous que la question qui se pose est celle du pouvoir politique. Nous pensons qu'après la révolution, il ne faut pas que les partis gouvernent. Il faut suivre l'exemple de la commune de Paris. Le pouvoir ne doit pas être gouverné par les partis mais par les congrès des conseils des travailleurs. »

Pour soutenir nos camarades en lutte :

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Organisation des Travailleurs Révolutionnaires - OTR (Haïti-UCI)

« Depuis trois ans, Haïti est contrôlée par des gangs. Lourdement armés, ils ont pris le dessus sur l'État bourgeois, corrompu et faible. Ils ont également pris le dessus, à différents endroits, sur la police, la justice, la classe politique. Dans certaines villes, ces institutions n’existent plus et des policiers ont été tués. Les masses populaires sont les principales victimes, notamment dans les quartiers populaires puisque les gangs mettent leur base dans ces territoires. Fusillades, kidnapping, trafic de stupéfiants, trafic d’armes, ils terrorisent la population. De plus, ils rackettent la population en l’obligeant à payer un impôt sous peine de menaces de mort. Cet impôt permet aux gangs de maintenir leur mainmise territoriale, leur contrôle sur la population locale et de développer leurs activités. Terreur et barbarie, vols et affrontements entre gangs, viols et massacres, tout ceci se déroule dans les rues d'Haïti avec l’indifférence, voire la connivence du gouvernement. On considère qu’environ 75 % des territoires de l’Ouest, dont la capitale Port-au-Prince, sont sous leur influence. Dans différents quartiers, la population s’est rebellée mais sans grand succès.

En avril, Haïti donnait l'image d'un pays qui se meurt. Devant les bureaux d'immigration, c'était l'émeute. Tout le monde tentait de retirer son passeport pour quitter l'Île. Au-delà des kidnappings, des viols, des affrontements entre gangs, Haïti c’est aussi la faillite et la capitulation de l'État bourgeois. La misère a bondi de manière exponentielle. Aujourd’hui, 5 millions de personnes sont en urgence alimentaire et nombreux sont les ouvriers qui sont au chômage. Par exemple, le secteur de la sous-traitance a perdu la moitié de ses emplois et les travailleurs qui l’ont gardé ont vu leurs revenus grandement diminuer. L’Inflation atteint 50 % et les patrons ont réduit parfois de moitié le nombre de journées travaillées. Les travailleurs crèvent presque de faim. Dans quelques usines, les ouvriers ont organisé des grèves et ont gagné des petites augmentations de salaire. Mais ceci reste faible.

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Illustration 7
Mensuel de l'O.T.R : La voix des travailleurs

Au début d’avril, les bandits ont été dans trois villes pour mater la population : on compte 200 victimes dont des enfants et des vieillards. Mais à la fin du mois dans la commune de Pétion-Ville, il y a eu une révolte contre le gang « ti makak », l’un des plus forts de l’arrondissement de Port-au-Prince. Son chef est mort le 22 avril et le gang a été démantelé. La population a poursuivi les miliciens et repris leurs ressources. Depuis la troisième semaine d’avril, il y a un regain de défense dans la population. Elle s'organise contre les gangs. Dans des quartiers populaires, des policiers qui habitent le territoire se battent avec la population contre ces gangs. Cependant, il est probable que si les policiers restent toujours dans l'encadrement de l'état major ils pourront peut-être, ensuite, se retourner contre la population pour empêcher leur autonomie. Lorsque le bruit a couru qu'une victoire a été remportée dans un quartier de Port-au-Prince, grâce notamment aux vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrant des bandits se cacher et escalader les murs, les révoltes populaires se sont généralisées comme une traînée de poudre.

On observe que des brigades de forment comme dans un quartier de Port-au-Prince pour surveiller le territoire. Des bandits ont essayé d'y pénétrer mais n'ont pas réussi. La population s’arme de machettes pour se défendre et scande le slogan « Bwa kale » qui veut dire « A l'assaut ». Si les révoltes populaires depuis fin avril n'ont pas modifié les forces en présence, il y a eu quelques victoires. Les quelques jours de révolte ont donné des résultats que la police n'avait pas eu depuis plusieurs années. Dans les quartiers de Port-au-Prince, les meurtres, les conquêtes de territoire, les enlèvements ont diminué. Il y a un regain d’activité économique et la population a moins peur de sortir. 

En réalité, ces révoltes ont montré que les gangs sont peu organisés. En fait, c’est leur impunité qui crée un appel d'air pour d'autres bandits. Par ailleurs, il y a aussi les croyances vaudous. Les gangs mettent en scène sur les réseaux sociaux des vidéos qui montrent que les balles ne peuvent pas les atteindre. Or, ces croyances sont tombées en brèche devant les bandits qui furent blessés voire tués par la population.

Nous, les militants communistes haïtiens, continuons à militer. On fait les sorties d'entreprise, on imprime notre journal, on va dans la rue etc. Car résoudre la crise de l'insécurité causée par les gangs ne se résume pas seulement au démantèlement de leurs organisations. La dictature, qu’elle soit le fait de bandes armées ou bourgeoises, est l’ennemi de la classe ouvrière. Il faut prendre les moyens de production et seule la classe ouvrière peut faire cela. Ce qui manque pour la population, c’est un parti révolutionnaire socialiste qui permettra aux masses populaires d’organiser à la fois contre les gangs et leur système meurtrier, mais aussi contre ce système social capitaliste qui génère sur l'île et dans le monde, la violence du chômage et de la misère. »

Pour soutenir nos camarades en lutte :

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L'Union Africaine des Travailleurs Communistes Internationalistes - UATCI (Afrique-UCI)

  • Éditorial : Faux amis des travailleurs mais vrais complices des capitalistes

« Comme tous les ans le jour du 1er mai, une cérémonie a été organisée par le gouvernement à l’attention des dirigeants des grandes centrales syndicales, Ugtci, Dignité, Fesaci, Humanisme et autres. Ce sont ces notables prétendument représentants des travailleurs, qui ont leurs entrées dans les couloirs ministériels. (...) Les dirigeants au pouvoir et leurs compères syndicalistes veulent présenter les exploiteurs comme de gentils capitalistes qui, dans leurs grandes mansuétudes, « donnent du travail » et un salaire à leurs bienheureux travailleurs. L’actuel Premier ministre Patrick Achi et consorts se présentent comme des gens soucieux du bien-être des travailleurs et des populations pauvres. Ils ne sont pourtant que de simples exécutants des intérêts capitalistes ; ce qui n’empêche pas que quelquefois, ils soient jetés eux-mêmes à la poubelle après usage. Gbagbo est bien placé pour le savoir !

Ces gens-là veulent surtout nous faire oublier que le 1er Mai a été durant des années une journée de lutte des travailleurs du monde entier pour la défense de leurs intérêts. Et c’est toujours le cas encore aujourd’hui dans bien des régions du monde. En tout cas, pour nous qui travaillons ici en Côte d’Ivoire, les raisons de lutter sont plus que jamais d’actualité. D’abord, notre salaire est une misère, il nous permet à peine de sortir la tête hors de l’eau. C’est cette situation insupportable qui a poussé les travailleurs de la zone industrielle de Yopougon à se mettre massivement en grève au mois d’octobre 2022 et à bloquer toutes les entreprises de cette zone durant au moins un jour. (...) C’est d’ailleurs suite à cette grève que ces mêmes dirigeants syndicaux, le patronat et le gouvernement, se sont entendus pour augmenter le salaire minimum de 15.000 Fr qui est ainsi passé à 75.000 Fr. Ce fut une aumône comparée au coût de la vie, néanmoins il a fallu se battre pour que cette augmentation devienne effective ; ce n’est toujours pas le cas partout. (...) Il est clair que les capitalistes et leurs mandants au pouvoir ainsi que leurs complices que sont les dirigeants syndicalistes, ne sont pas là pour sortir les travailleurs de leur misère et de leur pauvreté, mais bien de les y maintenir !

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Illustration 8
Journal de l'UATCI : le pouvoir aux travailleurs

Les capitalistes ont l’habitude de prétendre que ce sont eux qui nourrissent les travailleurs et leurs familles mais c’est exactement l’inverse ! Par son travail, le prolétaire reproduit non seulement un équivalent de son salaire, mais aussi le profit qui engraisse le patronat et au passage, tous les parasites accrochés au pouvoir et dans les hautes sphères de l’appareil d’État, de même que ces dirigeants syndicalistes eux-mêmes auxquels les capitalistes concèdent quelques miettes en échange de leur servilité. Ici comme ailleurs dans le monde, les travailleurs n’ont pas d’autres choix que de continuer à se battre pour lutter contre l’exploitation. Mais au-delà de nos luttes au quotidien, pour changer notre sort, nous les travailleurs, avons aussi intérêt à nous organiser politiquement et à nous donner comme objectif le renversement du système capitaliste. De par notre position dans l’économie, nous avons ensemble, la force de mener ce combat. Nous sommes les seuls à pouvoir construire un monde plus juste, débarrassé de l’exploitation de l’homme par l’homme ! Nous n’avons que nos chaînes à perdre et un monde à gagner !

Ce que nous voulons, nous, l’Union africaine des travailleurs communistes internationalistes :

Regrouper les travailleurs, les éduquer dans la tradition socialiste de Marx et des révolutionnaires russes de 1917 ; leur faire prendre conscience que, quels que soient leur ethnie, leur caste, leur âge, qu'ils soient fils d'anciens esclaves ou pas, qu'ils soient homme ou femme, ils appartiennent à la même classe des travailleurs ; ils ont les mêmes intérêts fondamentaux ; ils ont leur part dans le rôle indispensable, grandiose que la classe ouvrière joue dans la transformation socialiste du monde. Contribuer, par la propagande et l'éducation, à soustraire les travailleurs à toute forme d'obscurantisme, à l'influence réactionnaire de toutes les religions, chrétienne, musulmane, animiste ou autre, qui prêchent toutes, la patience et l'accommodement avec l'ordre établi et qui sont parmi les meilleurs auxiliaires des classes exploiteuses.

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Illustration 9
Manifeste de UATCI du 15/02/1973

Combattre toutes les manifestations de l'esprit de caste, toutes les oppositions d'ethnies qui divisent les travailleurs, affaiblissent leur conscience pour le plus grand bien des exploiteurs. (...) Engager la lutte morale, matérielle et physique contre l'impérialisme, contre toutes les formes de féodalisme, contre la division en castes, contre les dictatures qui oppriment nos peuples, pour l'égalité entre tous, quelles que soient leur langue ou leur origine, pour l'émancipation de la femme. Mettre en place, au cours de cette lutte, les organes du pouvoir démocratique des ouvriers et des paysans. »

Pour soutenir nos camarades en lutte :

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Contre les dictatures africaines, les totalitarismes d'Orient, les nationalismes et les fascismes qui dévorent l'Occident, les travailleurs et les travailleuses doivent construire les sociétés de demain par l'autogestion, l'égalité, la liberté et la solidarité internationaliste, telles sont les finalités des sociétés communismes et libertaires.

Illustration 10
Victimes du régime Iranien depuis octobre 2023

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