Entre les années 70 et 90, la France s’est livrée à une diffusion des thèses pédosexuelles. Que ce soit le champ intellectuel ou médiatique, la culture du viol – c‘est-à-dire des représentations, des croyances et des mythes sur la sexualité des enfants – a atteint son paroxysme. Je vais exposer dans ce billet comment le champ médiatique a été investis par cette pensée. Dans un précédent billet, je fais de même avec les intellectuels. Comme je l’ai déjà expliqué, je refuse d’utiliser le terme de pédophilie car son étymologie diffuse l’idée d’un amour et donc d’une possible réciprocité entre l’enfant et l’adulte. Or, il ne peut y avoir de tendresse dans le viol ou l’agression sexuelle. Cependant, pour discuter une catégorie psychique, j’utiliserai parfois le terme de « pédosexualité ».
Dans un contexte post-68, toutes les institutions de la société sont remises en cause : la prison, l’asile, l’armée, la police, le travail, l’éducation, l’école, la famille, la sexualité, l’homosexualité etc. Toute interaction qui engage une relation de pouvoir doit être contestée. Les partisans de la pédosexualité (qu’ils la pratiquent ou non) se sont engouffrés dans ce mouvement global de remise en cause des normes et de libération des mœurs. Dans ce mouvement, une certaine presse joue un rôle majeur dans la diffusion des thèses pédocriminelles. Dans la presse généraliste, il y a surtout deux journaux qui sont les pionniers : Libération et Le Monde.
- Libération, fer de lance de la pédocriminalité
Dans le journal, la question de la pédosexualité est toujours liée à la question homosexuelle. Guy Hocquenghem, l’un des représentants du rassemblement des deux causes, est journaliste à Libération et écrit de nombreuses pages dans les années 70 sur ce sujet.
Tout comme les intellectuels pédosexuels, Libération essaie de montrer l’absurdité les seuils de majorité sexuelle[1]. Certains journalistes sont méfiants face aux condamnations visant les violeurs incestueux[2] et défendent certains d’entre eux comme Polanski en 1977. De nombreux articles veulent faire passer l’idée que la sexualité infantile et la jouissance orgasmique de l’enfant sont des réalités qu’il peut partager avec l’adulte. C’est pourquoi Libération publie en 1977 le témoignage d’un pédocriminel d’un centre aéré qui affirme « qu’à 4 ans, (les enfants) bandent, à 8 ans, ils enculent, à 10 ans, ils se tripotent, à douze ans ils s’aiment. Ou vice versa[3] ».
Le 20 juin 1981, Libération ouvre à nouveau ses pages aux partisans de la pédocriminalité avec un article nommé « Câlins enfantins ». Dans cet article, un homme pédosexuel qui se nomme Benoit témoigne de ses relations pédocriminelles : « Je faisais un cunnilingus à une amie. Sa fille, âgée de cinq ans, paraissait dormir dans son petit lit mitoyen. Quand j'ai eu fini, la petite s'est placée sur le dos en écartant les cuisses et, très sérieusement, me dit "à mon tour, maintenant". Elle était adorable. Nos rapports se sont poursuivis pendant trois ans. » En prologue du témoignage, le journaliste de Libé écrit « Quand Benoît parle d'eux [des enfants], ses yeux sombres de pâtre grec s'embrasent de tendresse. »

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Libération est poursuivie en justice à de nombreuses reprises à cause de ce type d’articles mais également à cause de ses petites annonces que les pédocriminels utilisent pour rechercher des mineurs. En juin 1978 dans le mensuel « Un regard moderne » offert au collectif Bazooka, un dessin, qui sera reproduit dans les pages annonces ‘’Taules’’ du quotidien en novembre, représente une enfant faisant une fellation à un adulte, surement son père car le journal sous-titre : « apprenons l’amour à nos enfants ». A la suite d’une condamnation de 3000 francs, Libération ironise dans un article : « Libération une nouvelle fois condamné au tribunal. Il est interdit de faire une pipe à son papa ».[4] Le directeur du journal Serge July se glorifie de cet acharnement qui serait une preuve de l’indépendance d’esprit du journal en avance sur son temps, face à une société conservatrice et bourgeoise.[5]

Le journal sert également de poste restante au Mouvement de Libération des Pédophiles, qui veut abolir la majorité sexuelle. En mai 1977, leur manifeste est publié par Libération, voici un extrait : « Combattre l’injustice pénale et mener une réflexion critique sur la famille et l’école, fondée sur une analyse politique de la sexualité entre mineurs et adultes ; S’associer à la lutte des enfants qui veulent changer leur mode de vie et de tout groupe politique qui vise à l’établissement d’une société radicalement nouvelle où la pédérastie existera librement ; Manifester sa solidarité avec les pédophiles emprisonnés ou victimes de la psychiatrie officielle ; La « tyrannie bourgeoise » fait de l’amoureux des enfants un monstre de légende qui croque les chaumières. Nous casserons ensemble monstres et chaumières ».
- Libération et l’affaire Jacques Dugué
Depuis 1973, Jacques Dugué photographie des mineur.e.s nu.e.s sur son pavillon et réalise des films pédopornographiques qui sont envoyés au Pays-Bas et au Danemark. En 1978, pendant une perquisition de la police aux USA chez un pédocriminel, elle trouve une lettre du français Dugué dans laquelle il évoque son projet de « pervertir les enfants afin qu'une nouvelle génération de pervers nous succède ». La police française fait irruption chez lui en septembre 1978 alors qu’il photographie des enfants nus. Les services de police retrouvent d’autres photos, des films, et des lettres toutes à caractères pédopornographiques. Il est inculpé en détention préventive pour attentat à la pudeur sans violence sur mineurs de 15 ans et accusé de faire partie d’un réseau de proxénétisme.
Lorsque l’affaire est révélée dans la presse, des médias vont prendre position pour défendre Dugué sans connaître véritablement tous les faits reprochés à cause du secret de l’instruction. Le 1 avril 1979, le journal homosexuel le plus important Gai-Pied défend le pédocriminel, et dénonce la « coalition de la France profonde et de nos censeurs bureaucrates, anonymes et repus de cause contre les pervers »[6]. Le journal Homophonies du Comité d’Urgence Anti-Répression Homosexuelle (CUARH) estime qu’« aucun enfant n’a dit être contraint d’aller chez Jacques Dugué », et que c’est « la loi [qui] se moque du consentement »[7]. Or, Libération va encore plus loin dans l’obscénité puisque le journal autorise Dugué à écrire une tribune libre. Publiée le 21 janvier 1979, le pédocriminel revendique la majorité des faits reprochés, il accuse la société de déconsidérer les mineur.e.s en les infantilisant « comme des demi-hommes, dépendants et irresponsables ». Il fait l’apologie de la sodomisation d’enfants et incite aux relations sexuelles entre les adultes et les enfants de 11 ans. Finalement lors du procès en 1981, alors que le philosophe René Schérer et l’écrivain Gabriel Matzneff témoignent en sa faveur, il est condamné à 6 ans de prison ferme.
Pour finir sur ce pédocriminel, il est à nouveau arrêté en 2001 à la suite de l’affaire Zandvoort, un réseau de pédocriminalité international dont le siège est basé aux Pays-Bas, et il est de nouveau condamné à 30 ans de prison en 2002 pour le viol de jeunes garçons à Chambéry.
- La pétition de Libération
Gérard Roussel est arrêté en 1977 à la FNAC avec un film pédopornographique dans lequel une fillette de 7 ans subie des violences sexuelles. A la suite d’une perquisition à son domicile, les services de police retrouvent d’autres films et des photos pédopornographiques. Grâce à ces supports, elles arrivent à identifier 4 fillettes de 6 à 12 ans que Roussel a agressées sexuellement. Il ne contredira pas les faits mais se défend en disant qu’aucune violence n’a été exercée à l’égard des victimes. Sa défense ne lui permettra pas d’échapper à la condamnation.
La tendance pédosexuelle de Libération va s’exprimer en défendant Gérard Roussel. Le journal fait la publicité pour le club de soutien du pédocriminel composé notamment René Schérer et Tony Duvert (toujours les mêmes). Le 23 mars 1979, avant son procès, Libération publie une pétition qui dénonce la détention prévention de Gérard Roussel. Elle est signée par plusieurs intellectuels comme Simone Iff, Jean-Louis Bory, Daniel Guérin, Christiane Rochefort, Guy Hocquenghem, Georges Moustaki, Catherine Millet. Le cœur de la lettre de soutien dit la chose suivante : « L'amour des enfants est aussi l'amour de leur corps. Le désir et les jeux sexuels librement consentis ont leur place dans les rapports entre enfants et adultes. Voilà ce que pensait et vivait Gérard R. avec des fillettes de 6 à 12 ans dont l'épanouissement attestait aux yeux de tous, y compris de leurs parents, le bonheur qu'elles trouvaient avec lui. ».
Le rapport entre Libération et la pédocriminalité est une histoire terrible mais réelle, et contrairement à ce qu’on peut croire, ne se réduit pas à une pétition : militantisme pour abroger la majorité sexuelle, dessin d’enfant violé, défense des pédocriminels et diffusion de leurs témoignages faisant l’apologie de la sodomisation d ‘enfants etc. Dans le courrier des lecteurs du Journal, on soupçonne les parents de vénalité lorsqu'ils déposent plainte contre un pédocriminel comme le rappelle Pierre Verdrager.[8] Cette complaisance-indifférence à l’égard de la pédocriminalité atteint son paroxysme lorsque le journaliste de la rédaction Christian Hennion, a pu violer Franck Demules - l'enfant qu'il a adopté - entre 1977 à 1986, soit entre ses 10 à 18 ans dans l'indifférence générale, alors que tout le monde savait.[9]
- Le Monde et la pédocriminalité
Entre les années 70 et le milieu des années 80, le journal défend la pédocriminalité à de nombreuses reprises. Gabriel Matzneff est chroniqueur entre 1977 et 1982 et il écrit des articles faisant l’apologie des crimes sexuels sur mineur.e.s. Le 8 novembre 1976, il écrit une tribune « L’amour est-il un crime ? » dans laquelle il dénonce les trois ans de détention préventive des 3 pédocriminels de l’affaire de Versailles. Il écrit que ces trois hommes « amoureux de l’extrême jeunesse » combattent l’idée que « l’éveil de l’instinct et des pratiques sexuelles chez la très jeune fille ou chez le jeune garçon sont nécessairement nuisibles et funestes à leur épanouissement ». Il ajoute que « les enfants n'ont été victimes de la moindre violence, mais au contraire ont précisé au juge instructeur qu'ils étaient consentants et que cela leur avait été fort agréable, me paraît une injustice monstrueuse. »

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Le 26 janvier 1977, le journal publie une pétition relative à cette affaire de Versailles. Trois hommes sont accusés « d’attentats à la pudeur sans violence sur mineurs de [moins de] 15 ans » et placés en détention préventive pendant trois ans avant le procès. Les victimes sont âgées de 12 ou 13 ans issues d’une même fratrie (frères et sœurs). Elles ont été photographiées et filmées par les trois pédocriminels lors de différents jeux sexuels. La pétition du Monde est écrite la veille du procès. A cause du secret de l’instruction, les faits importants ne sont pas connus. Pourtant, ceci n’empêche pas le journal de considérer « qu'il y a une disproportion manifeste, d'une part, entre la qualification de "crime" qui justifie une telle sévérité, et la nature des faits reprochés », car dans cette « simple affaire de “mœurs” (…) les enfants n'ont pas été victimes de la moindre violence ».
La pétition évoque simplement des baisers et des caresses, et revendique donc le droit en tant qu’adulte d’avoir des relations sexuelles avec des enfants, car il y a « chez les enfants et les adolescents l'existence d'une vie sexuelle (si une fille de 13 ans a droit à la pilule, c'est pour quoi faire ?) ». La pétition finie sur cette conclusion : « Trois ans de prison [préventive, ndlr] pour des caresses et des baisers, cela suffit. Nous ne comprendrions pas que le 29 janvier Dejager, Gallien et Burckhardt ne retrouvent pas la liberté. » Il y a 69 personnes qui signent cette pétition pour demander la libération des pédocriminels comme Jack Lang, Bernard Kouchner, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Louis Aragon, André Glucksmann, Gilles Deleuze, Roland Barthes, Francis Ponge et Guy Hocquenghem. Pendant le procès, tous les faits de violences sexuelles sont dévoilés et la souffrance des enfants victimes font que Le Monde prend ses distances avec sa pétition et dénonce la gravité des faits. Cependant le mal est déjà fait ! Au procès, les trois accusés sont condamnés à cinq ans de prison avec sursis.
Quelques mois plus tard le 23 mai 1977, Le Monde publie une « Lettre Ouverte à la Commission de Révision du Code Pénal » qui demande notamment que soient « abrogés ou profondément modifiés » les articles de loi concernant « le détournement de mineur », dans le sens « d'une reconnaissance du droit de l'enfant et de l'adolescent à entretenir des relations avec les personnes de son choix ». La lettre est signée par des dizaines de personnalités comme Jean-Paul Sartre, Michel Foucault, Roland Barthes, Simone de Beauvoir, Alain Robbe-Grillet, Françoise Dolto, Jacques Derrida et Philippe Sollers.
- Les journaux homosexuels
Dans mon précédent billet qui traite de la diffusion de la pensée pédocriminelle dans un certain champ intellectuel entre les années 70 et 90, j'ai montré comment de nombreux journaux gays ont défendu le droit à la pédocriminalité. Par exemple le principal journal homosexuel Gai Pied (1979-1992) cherche à faire de la pédosexualité une dimension légitime de l'homosexualité. Gérard Bach, qui sera l’un des inventeurs du PACS, remarque que pendant longtemps « homosexualité et pédophilie ont été confondus[10] ». Ce même Gérard Bach va créer la revue Humoeurs en 1993 dans laquelle la pédosexualité sera valorisée.
Lors de l’affaire Dugué qui est accusé de proxénétisme et d’attentat à la pudeur, le journal Homophonies fondé par le Comité d'urgence anti-répression homosexuelle (CUARH) met en avant le fait qu’aucun enfant n’a été contraint et que c’est « la loi [qui] se moque du consentement »[11]. Le journal Gai-Pied dénonce « les habits neufs de la haine »[12] pour caractériser la répression de la justice à l’encontre du pédocriminel, dont l’affaire représente la « coalition de la France profonde et de nos censeurs bureaucrates, anonymes et repus de cause contre les pervers »[13].
Dans le journal L'infini, René Schérer va comparer le rejet et la répression dont font l'objet es pédocriminels à la persécution des juifs sous le régime nazi, et plus exactement à la « Solution Finale[14] ». Dans la revue Homophonies, on fait témoigner des médecins pour relativiser la sodomisation des enfants. Un d’entre eux écrit qu’il « était surpris de voir qu'il est plus facile de faire des touchers rectaux aux petits enfants qu’aux adultes[14] ». Autre exemple en 1974, Daniel Guérin signe dans le magazine homosexuel Marges un article qui intitule « Pour le droit d’aimer un mineur » qui est un texte qui encourage les interactions entre mineur.e et majeur.e : « La séduction d’un jeune mineur, sans violence, est parfaitement inoffensive. Bien au contraire, elle procure à la ‘’victime’’ une décharge salutaire de son flux sexuel contrarié par la Famille, l’Ecole et la Morale. »
Pour finir sur un dernier exemple, dans la revue Recherche, René Schérer et Guy Hocquenghem vantent les mérites des interactions sexuelles entre les mineurs de tous âges et les majeurs.[16] D'autres articles veulent démontrer que le comportement pédosexuel est normal et universel, et qu’« il n'y a pas un homme de 40 ans, qui nourrit l’ envie, en voyant nu un garçon de 14 ans, de l’enculer[17]. »
- La complaisance de la télévision à l'égard de la pédocriminalité
Dans cette époque de valorisation de la pédocriminalité, il n’y a pas que la presse écrite mais aussi la télévision. En 1967, l’écrivain Roger Peyrefitte publie son livre « Notre amour » qui relate les relations sexuelles avec un garçon de 12 ans. Sur un plateau de télévision, celui qui revendique haut et fort sa pédocriminalité : « J'aime les agneaux, pas les moutons, dit-il » reçoit des critiques élogieuses de la part de la journaliste Françoise Giroud qui valorise son œuvre par sa singularité : « Pour être singulier aujourd’hui il faut dire tout sorte d’autres chose. Dire ‘’je préfère les petits garçons aux dames’’, ça n’est véritablement pas scandaleux. »
Le 23 avril 1982 dans l’émission Apostrophes, Daniel Cohn-Bendit récidive dans ses propos pédocriminels. En effet, après avoir publié en 1975 son livre « Le Grand Bazar » dans lequel il relate les caresses qu’il échangeait avec des petits garçons et des petites filles, Apostrophes, il affirme: « que la sexualité d'un gosse c'est absolument fantastique. Faut être honnête sérieux. Moi j'ai travaillé avec des gosses qui avaient entre 4 et 6 ans. Ben vous savez quand une petite fille de 5 ans, 5 ans et demi commence à vous déshabiller, c'est fantastique parce que c'est un jeu érotico-maniaque. »
Les deux professeurs et philosophes René Scherer et Guy Hocquenghem font partie des grands représentants de la cause pédocriminel des années 70-90. Dans un débat télévisuel, René Schérer expose l’idée qu’il faut libérer l’enfant de la domination familiale, patriarcale et bourgeoise, qui ne lui reconnait aucun droit à la sexualité : « Sur la famille depuis au moins un siècle, dit ce que la morale officielle dit, c‘est-à-dire l’enfant n’a pas le droit à la sexualité, c’est-à-dire au plaisir. » Guy Hocquenghem, quant à lui, imagine l’avenir de la sexualité : « Si on parle de l’avenir qu’on souhaite en tous cas, on peut dire qu’on espère qu’il tend à une mixité croissante à des relations de plus en plus mixtes, c’est-à-dire à des relations entre enfants et adultes, à des relations entre des gens de même sexe aussi bien de sexes différents, et aussi bien entre gens de races différents également. » Chez les deux intellectuels, la pédocriminalité est vue comme une émancipation de l’enfant de l’oppression familiale.
En 1990, Gabriel Matzneff est invité par Bernard Pivot pour l’émission Apostrophes pour présenter son livre « Mes amours décomposés ». Dans son journal intime, il raconte ses relations avec des adolescentes et fait l’apologie de la sodomisation d’enfants. Alors que tous les invités sont complaisants à l’égard de l’écrivain pédocriminel comme Bernard Pivot, qui affirme qu’il est « un véritable éducateur sexuelle », l’écrivaine canadienne Denise Bombardier s’oppose à lui : « Monsieur Matzneff me semble pitoyable. Ce que je ne comprends pas, c’est que dans ce pays, la littérature sert d’alibi à ce genre de confidence. » A partir de ce moment, toute la petite élite intellectuelle, bourgeoise et parisienne s’est empressée de le défendre. Philippe Sollers insulte l’écrivaine la semaine suivante de « connasse », de « mégère » et de « mal-baisé ». Les deux grands journaux qui défendent la pédocriminalité – Libération et Le Monde – prennent position contre Bombardier. Dans Libération, l’écrivain Jacques Lanzmann écrit une critique très virulente contre la canadienne et son roman qu’il n’a même pas lu, et n’a pas compris pourquoi Matzneff ne lui a « pas balancé une gifle à la figure ». Dans le Monde, c’est Josyane Savigneau qui écrit un billet intitulé « L'homme qui aime l'amour » dans lequel elle défend bec et ongles le pédocriminel.
Par ailleurs, lorsque l'ancienne journaliste du Monde apprend la sortie du livre de Vanessa Springora en 2020 qui relate l’emprise qu’a eu Matzneff sur elle étant enfant, elle continue à soutenir le pédocriminel sur Twitter en attaquant Bombardier : « Soutenir Denise Bombardier est la dernière chose qui me viendrait à l’esprit. J’ai toujours détesté ce qu’elle écrit et ce qu’elle dit et je ne change pas d’avis sur Matzneff parce que la chasse aux sorcières a commencé. Et lui sait écrire au moins. Bombardier quelle purge », puis dans un autre tweet « Quelqu’un à dénoncer ? En France c’est depuis longtemps un sport national. Mais ça s’aggrave, comme à la pire époque de la Deuxième guerre mondiale ».
- Conclusion
Entre les années 70 et 90, le champ intellectuel et médiatique a été investi par les pédocriminels et les défenseurs de la pédosexualité. Or leur projet de normalisation de la pédocriminalité a échoué. Les raisons sont nombreuses comme les énumère le sociologue Pierre Verdrager : la séparation du mouvement homosexuel et de la cause pédocriminelle, la politisation du combat contre celle-ci, le militantisme féministe, la multiplication des institutions de la protection de l’enfance, la pathologisation de la pédosexualité, la fragilité du mouvement pédocriminel et les témoignages des victimes, ont permis de mettre en échec le mouvement pédo qui voulait normaliser le crime sexuel sur mineur.
[1] Jean-Baptiste Harang, « Trois ans de prison pour une histoire d’amour », Libération, 30 janvier 1979, cité du livre de Pierre Verdrager, Le grand renversement, Pédocriminalité : comment en est-on arrivé là ?, Armand Colin, 2021, p15
[2] Michel Chemin, « Viol, inceste et adultère en famille », Libération, 10 et 11 février 1979, cité du livre de Pierre Verdrager, Le grand renversement, Pédocriminalité : comment en est-on arrivé là ?, Armand Colin, 2021, p15
[3] Bernard, « Dans un centre aéré : ‘’Je continuerai à ne jouir qu’avec des impubères, si tel est mon plaisir et le leur’’ », Libération, 24 mars 1977, cité du livre de Pierre Verdrager, Le grand renversement, Pédocriminalité : comment en est-on arrivé là ?, Armand Colin, 2021, p14
[4] Pierre Verdrager, Le grand renversement, Pédocriminalité : comment en est-on arrivé là ?, Armand Colin, 2021, p16
[5] Ibid, p16
[6] Le Gai-Pied, n° 2, mai 1979, cité dans l'article de Bérard, Jean. « Chapitre 6 / Majorité sexuelle et consentement des mineurs », , La justice en procès. Les mouvements de contestation face au système pénal (1968-1983). Presses de Sciences Po, 2013, pp. 193-228.
[7] Homophonies, n° 2, décembre 1980, cité dans le même article ci-dessus
[8] Pierre Verdrager, Le grand renversement, Pédocriminalité : comment en est-on arrivé là ?, Armand Colin, 2021, p14
[9] Ibid, p16
[10] Gérard Bach, « Chroniques d’un solitaire », Gai Pied Hebdo, n°242, 1ier-7novembre 1986, p43, cité du livre de Pierre Verdrager, Le grand renversement, Pédocriminalité : comment en est-on arrivé là ?, Armand Colin, 2021, p10
[11] Homophonies, n° 2, décembre 1980, cité dans l'article de Bérard, Jean. « Chapitre 6 / Majorité sexuelle et consentement des mineurs », , La justice en procès. Les mouvements de contestation face au système pénal (1968-1983). Presses de Sciences Po, 2013, pp. 193-228.
[12] Le Gai-Pied, n° 13, avril 1980.
[13] Le Gai-Pied, n° 2, mai 1979, cité dans l'article de Bérard, Jean. « Chapitre 6 / Majorité sexuelle et consentement des mineurs », , La justice en procès. Les mouvements de contestation face au système pénal (1968-1983). Presses de Sciences Po, 2013, pp. 193-228.
[14] René Scherer, L’infini « La question pédophile », n°59, 1997, p129, cité du livre de Pierre Verdrager, Le grand renversement, Pédocriminalité : comment en est-on arrivé là ?, Armand Colin, 2021, p10
[15] Jean-Marc, « Débat sur la pédophilie », propos recueillis par Jan-Paul Pouliquen, Homophonies, n°4, février 1981, p11, cité du livre de Pierre Verdrager, Le grand renversement, Pédocriminalité : comment en est-on arrivé là ?, Armand Colin, 2021, p21
[16] Recherches, « Co-ire. Album systématique de l’enfance », n° 22, mai 1976, cité du livre de Pierre Verdrager, Le grand renversement, Pédocriminalité : comment en est-on arrivé là ?, Armand Colin, 2021, p27
[17] Max, Recherches, « Trois milliards de pervers », n° 12, mars 1973, p192, cité du livre de Pierre Verdrager, Le grand renversement, Pédocriminalité : comment en est-on arrivé là ?, Armand Colin, 2021, p55