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C’est un appel qui se fera donc sans le principal intéressé… ou qui sera repoussé. En effet, Me Emmanuel Marsigny compte demander le renvoi de l'audience, faute d'avoir obtenu la présence de son client et afin "que la cour juge par elle-même de son état de santé".
Depuis le début de l’enquête, les juges d’instruction ont rencontré bien peu de fois Tariq Ramadan. Pour un dossier qui se joue dans une “parole contre parole”, nous pouvons penser à un parti pris d’emblée. C’est en effet sur la base d’un dossier fait d’incohérences, et sur fond de présomption d’innocence bafouée que l’on est en train de jouer dangereusement avec la santé de Tariq Ramadan.
Autre élément qui inquiète, alors que Me Emmnuel Marsigny a demandé que l’appel se passe en session ouverte, la cour d’appel impose le huis clos. Ce manque de transparence pose question.
Les modalités de l’expertise médicale ne sont pas possibles en prison
"Il est vraiment handicapé et ne peut quasiment plus marcher", a déclaré à l'AFP Me Marsigny, qui réclame une nouvelle expertise médicale. "Celle de fin mars n'est plus d'actualité et l'hôpital de la maison d'arrêt de Fresnes (où Tariq Ramadan est incarcéré) n'est pas en mesure de lui donner les soins auxquels était conditionnée sa détention provisoire”.
En d’autres termes, son état de santé n’est pas compatible avec sa détention. Car la loi est stricte à ce sujet : si l’on ne peut garantir à un prévenu les conditions adéquates pour sa santé, alors la détention provisoire ne doit pas être une solution. D’ailleurs la CEDH ne cesse de rappeler à l’ordre la France pour sa main lourde concernant l’utilisation de la détention provisoire aux dépens de la présomption d’innocence. Aux dépend de la santé. Aux dépens de l'intégrité.
La justice ne peut respirer qu’avec deux poumons
Or, dans le cadre de cette enquête, Tariq Ramadan est particulièrement malmené, peu entendu. Son avocat, Maitre Marsigny, est moins invité sur les plateaux TV qu’ont pu l’être les plaignantes. On érige donc des symboles et des méchants ? Les places sont distribuées selon la plume du journaliste qui veut le scandale d'un coté plutôt qu'un autre ?
D’autres faits très troublants sur la manière dont on traite Tariq Ramadan nous laissent sans voix : il n’a pas eu accès à son dossier comme la loi le préconise pourtant. Il ne reçoit pratiquement aucun courrier depuis le 26 février 2018. Il n’a pas accès aux soins et son état se dégrade de jour en jour sans que l’on facilite le chemin juridique pour garantir une autre solution comme la mise en place d’un bracelet électronique ou une assignation à domicile, qui d’ailleurs garantirait la protection des plaignantes et de l’accusé comme le veut la loi. En somme, ce que nous pourrions appeler une décision juridique juste et neutre.
Le temps passe….
Pourtant, le temps passe et nous continuons à être témoins d’une procédure qui semble vouloir détruire l’homme aussi bien physiquement que psychologiquement, alors même que de nombreuses incohérences, dans les trois dossiers des plaignantes, sont à portée de main.
La justice n’est-elle pas en train de juger sur les émotions et non les faits ? Tariq Ramadan ne paye-t-il pas pour ce qu’il représente consciemment et inconsciemment pour chaque personne ? La loi s’applique sur des faits. Ici, elle semble s’appliquer sur de la “croyance”. Une chasse aux sorcières dont l'Histoire témoignera.
Contrairement à ce que dit la Presse, les soutiens de Tariq Ramadan restent unis, face à une xénophobie latente très présente dans certains médias qui ne cessent de rappeler l’identité religieuse de Tariq Ramadan. Lors d’une manifestation, le mois dernier, l’un des soutiens a exprimé en quelques mots tout un symbole d’unité : “ L’islam est une religion de miséricorde. Si certains médias s’amusent à parler de double-vie, nous ce que nous entendons d’eux c’est du jugement. Notre religion nous enseigne de ne pas juger son prochain et de rester aux côtés de l’opprimé. D’autre part, Tariq est un penseur mais pas un Imam, ni un précheur. Une certaine presse française me semble être dans la plus grande confusion. Sa vie privée ne concerne en aucun cas l’espace public. Et ce qui compte à présent pour nous, c'est que ses droits soient rêspecté. ”
Kevin Allagapen