Je sais que la FI n'est pas une organisation révolutionnaire et je vois toutes les limites du discours mélenchoniste.
Mais parce que je suis révolutionnaire, je n'accorde aucun pouvoir symbolique à mon bulletin. Mon vote n'est pas l'incarnation de mon identité politique. Il n'est qu'un outil stratégique de lutte.
Si Mélenchon passe au second tour, c'est une victoire pour notre camp quoi qu'on en dise. S'il gagne les élections, c'est une opportunité historique dingue.
Si Macron est réélu, c'est 5 ans d'ultralibéralisme économique et de protofascisme politique.
Si Le Pen est élue, n'en parlons même pas. Je ne saurai plus quoi dire ni faire.
Hier, j'ai commencé à résumer le programme de Mélenchon sur ma story instagram. J'y ai trouvé des propositions qui changeraient très concrètement la vie de tout un tas de gens. SMIC à 1400€, retraite à 60 ans, 19 élèves par classe, gratuité totale des études supérieures, salaire de 1063 € pour les lycéen·ne·s de la voie professionnelle, reconnaissance de l'écocide, sortie du nucléaire, changement d'état civil libre et gratuit, PMA pour tou·te·s...
Bref la liste pourrait s'allonger encore.
Et ce que je me demande, c'est comment une partie de la gauche et de l'extrême gauche peut décider de renoncer à toute avancée réformiste.
Pourquoi certain·e·s révolutionnaires investissent-iels leur vote d’une sacralité suffisamment précieuse pour ne pas aller voter ou choisir, parmi les candidat·e·s d’extrême gauche, une figure qui ne se présente que pour utiliser la tribune des élections ? Que Poutou et Artaud s’imposent dans le débat pour le faire disjoncter, c’est très bien, qu’on vote pour elleux dans une situation d’urgence, c’est absurde et presque contraire à la démarche initiale. À qui s’adresse votre démonstration de pureté politique ? Au capitalisme ? À la Ve République ?
Quant à celleux qui ont l’intention de voter Jadot ou Roussel et de défendre ainsi les petites nuances de leurs convictions personnelles, que ferez-vous de cette expression de votre individualité lorsque vous aurez le choix entre Macron et Le Pen ?
Nos services publics s'effondrent les uns derrière les autres, nos droits à la contestation sont de plus en plus faibles, nos discours sont diabolisés par une droite qui devient, à chaque quinquennat, plus autoritaire et réactionnaire qu'elle n'osait l'être.
Là, les derniers sondages nous promettent un face à face avec les portes du fascisme. Les prévisions placent Le Pen à 49% et Macron à 51%... Sommes-nous trop aveuglé·e·s par les phares pour y voir clair ?