Marie Christine GIUST

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Billet de blog 1 septembre 2014

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S'attaquer au Réel, oui, mais en inversant la perspective !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Questions dérangeantes. 1. Pourquoi est-ce que les truands et les gens d’extrême-droite font aussi des enfants ? (1). Cette question n’est pas anodine et  en amène un ou deux autres, qui questionnent  l’Histoire contemporaine.

2. Comment est-ce que les nazis pouvaient supporter de tuer et exterminer  des juifs, toute la journée et à longueur d’années, puis rentrer tranquillement chez eux le soir, et embrasser leurs enfants, ou même plus, pouponner des nouveau-nés avec l’apparence de gentils humains, bien-pensants, etc. ???

 3. Question qui en amène une autre, que je me pose depuis des années sans trouver de réponse : pourquoi est-ce que les militaires argentins, pendant le régime de dictature, ont-ils enlevé les enfants de leurs victimes pour ensuite les adopter, les « dresser » dans leurs codes à eux, et surtout effacer et éradiquer leur histoire passée, leurs origines, et une quelconque façon pour ces ex-enfants adoptés de retrouver les leurs ? Comme l’histoire de Carlotta à Buenos Aires vient de nous le rappeler.

 4. Quatrième question : pourquoi est-ce que les religieuses, ici en France, par exemple, qui ont aidé à cacher des enfants juifs pendant la 2de guerre mondiale, ont-elles souvent été celles mêmes qui n’ont jamais accepté que des enfants séparés de leurs parents, quels qu’en soient les raisons, retrouvent leurs famille ou certains membres, pour faciliter des retrouvailles, quand c’était possible ? Pourquoi se sont-elles entêtées à des logiques incompréhensibles, pour justifier le maintien de la séparation d’une mère et son bébé ? Puis d’un enfant et sa mère ? Enfin d’un adulte et sa famille d’origine ? Politique, soi-dit en passant, qui semble avoir maintenu son plein exercice, en France, dans des institutions comme l’Assistance Publique, puisque encore récemment certains jeunes y ayant «  échappé » témoignent dans des livres de cette question peu commune et pour le moins dérangeante ?

 La première question est certainement, depuis que « j’habite chez les truands », celle qui me touche de plus près. Une première réponse : pour le trafic potentiel de drogue, c’est un passe-partout idéal, d’après ce que j’ai pu voir et expérimenter, toutes ces années. Mais, ça ne suffit pas, n’est-ce pas. Parce qu’alors vient une autre question : quel usage ces gens-là, comme d’ailleurs les nazis, à l’époque nazie, font –ils de leurs propres enfants ? Question à laquelle, pour tenter d’y mettre des mots, il faut en ajouter une autre. Comment ont-ils grandi eux-mêmes, et auprès de qui, quels genres de parents, pour exercer sur leurs enfants, donc les adultes à venir, une telle coercition obligée, dont ils font sembler de n’avoir aucune conscience ? Ce  qui voit nous fait apercevoir, en conséquence, des enfants – comme cette petite fille insultant Christiane Taubira, c’est-à-dire, des enfants qui reprennent les discours de leurs parents, les plus racistes et nazifiant, pour traiter certains d’entre nous comme des chiens, si ce n’est comme des singes, etc. Christiane Taubira en avait été la première secouée et maltraitée de la façon plus que grossière, éhontée, inadmissible, qui doit être puni par la Loi, et qui nous ont tous profondément marqués – d’abord par le manque de réactivité de ses propres collègues, puis par la frontière qui avait été là dépassée, quand au vivre ensemble dans une République Française. La marque également qu’une extrême-droite puissante pouvait donc faire la nique à l’ensemble de la population de ce pays et s’autoriser tous les dépassements possibles, rappelant ceux d’une époque qu’on croyait à tort révolue, Vichy, Pétain et toute la pensée nazie d’une extrême-droite française.

Je ne m’étendrai pas sur la 1ère question sauf pour dire, que la légitimation d’avoir des enfants à charge pour cacher ou justifier toutes sortes de trafic, c’est pratique : y’a même les poussettes. Et plus on gagne de fric avec la Coke, plus la poussette du bébé grandit, devient un carrosse. Et ça finit, vous savez bien comment, avec les 4X4, sous les fenêtres ou à la porte de la maison, et les voitures bling-bling  des trafiquants- du pareil au même que les montres-breloques, et les diamants d’ex-Bokassa !

Pour les autres questions, je n’ai qu’un début d’idée, ou de réponse.

En lisant le livre de Ian Kersaw, qui vient d’être publié, « Allemagne 1944_1945  La fin » (éditions Seuil), je me suis, comme l’auteur le fait de façon récurrente, demandée pourquoi le régime nazi avait pu continuer jusqu’en avril 1945 a résisté aux Alliés, alors que, dans une guerre classique, quand une armée sait qu’elle est en train de perdre, elle négocie plutôt les conditions de sa reddition. Cette question essentielle, soulevée par l’auteur, nous rappelle combien la folie meurtrière avait envahi l’horizon de tout le peuple allemand à l’époque, qui n’imaginait pas, une seule minute, ne pas résister à ce qui les feraient tomber définitivement dans leur mort future, déchus comme êtres humains. D’où le suicide d’Hitler, d’ailleurs, au terme de cette guerre totale qu’il mena. C’est donc tout un peuple, le peuple allemand, à l’époque, et malgré ce qu’on a tenté d’occulter durant des décennies, qui a combattu becs et ongles follement, cruellement, démentiellement jusqu’à la fin et leur dernière heure. Ils devaient donc être suffisamment nombreux, pour que, comme dans l’exemple qu’en donne Ian Kershaw, même de petits fonctionnaire puissent encore en avril 1945 réclamer aux autorités leur solde qui n’était pas arrivé ! N’est-ce pas stupéfiant, comme détail, non ?

Outre l’immense intérêt de ce livre, ce qui m’intéresse ici, c’est de tenter une articulation, un parallèle, osé très certainement, à faire,  avec l’époque contemporaine. Pourquoi ? Parce qu’il me semble que lorsque l’extrême-droite française se sent autorisée, comme l’an dernier, à défiler des mois durant,  sur des questions sociétales, et que la gauche la laisse faire, mais ne permet pas, en revanche, la tenue de la première manifestation, cet été, contre la Guerre à Gaza, c’est à un détournement et à un renversement de perspective  politique et historique auxquels l’on assiste. Un mouvement de bascule qui nous fera tous plonger dans le pire, si nous ne résistons pas fermement, également, contre les abus d’autoritarisme que les socialistes, actuellement au pouvoir, sont en train de nous révéler. Pour nous des gens de gauche, c’est encore plus criant encore et de notre devoir d’alerter sur cette question, psychique et politique, qui concerne actuellement le renversement de la problématique bourreaux versus victimes. A force d’accuser, comme le font certains psys, l’époque contemporaine qui adorerait le statut de victime, il serait  important de déplacer le focus pour apercevoir ce qui est en train de se passer réellement, aussi : les ex-victimes sont en train de devenir potentiellement les nouveaux bourreaux ! Cette question-là est autrement plus urgente à traiter. Vu l’effet pervers grave de ce renversement de perspective. Début de réflexion. Il ne suffit pas, comme le font certains psys super-performants, de venir nous expliquer la shize humaine, l’engouffrement narcissique, et d’autres questions d’importance, à partir du « Je est un Autre » de Rimbaud ! Il va falloir nous décaler de certaines postures, visions, ou proférations d’analystes, qui sinon, vont faire le lit d’un extrémisme d’un genre nouveau, au lieu de nous aider à le repenser. Il ne suffit pas pour cela que Valls reprenne à son compte le terme de « Réel », alors qu’il vient de nous faire la parfaite démonstration, depuis une bonne semaine, de ses façons autoritaires et largement anti-démocratiques de gouverner la France ! Le nouveau Réel à combattre : le sien, d’abord, qu’il impose à tous. 

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