A l’attention d’une nièce Julie, à qui je m’étais toujours promise de dire quelques petites choses avant ma mort, le cadeau de ce texte « Rue de Bellechasse ». L’occasion semble bien venue, maintenant. Et comme cela fait presque une vie, la sienne, qu’on ne s’est vue, 1975 : je crois, et que moi, j’ai déjà 63 ans, je préfère m’y prendre avant que mes deux pieds passent la porte d’abord ! D’abord, comme je suis polie, te demander comment s’est passé ce beau voyage que tu as fait à Rio, à l’époque où tu étais chorégraphe, et où l’on entendait même parler de toi à la matinale de France Musique ? Et comment vas-tu ? Un détail. Combien de fois nous sommes-nous croisées, toi et moi, en dehors de deux ou trois réunions familiales ? Jamais, je crois ? Ah, si, une fois, je m’rappelle, avant ton voyage au Brésil en 2003, dans le superbe cadre de Chamarande, où le château t’avait été prêté - je ne sais pas par qui ! - pour venir présenter ton tout dernier spectacle de danse, une époque où, je crois, tu étais devenue une grande chorégraphe internationale, j’imagine, puisque toutes les portes s’ouvraient à toi, et pas des moindres, comme celles qui en générale mènent aux escaliers avec tapis rouge. Style Cannes !
Qu’es-tu devenue, depuis ? Plus jamais, je n’ai entendu parler de toi sur les ondes ? Disparue ! C’est étonnant, non ? Me donnerais-tu quelques infos de toi, tes enfants, ton mari ???? Depuis l’époque où c’était moi qui partait régulièrement au Brésil, et que toi, paraît-il, tu disais à ta mère, en regardant les avions– tu devais avoir deux ou trois ans, on ne s’est jamais vraiment revues depuis, « - Tiens, dans le ciel, c’est Marie-Christine ! »Ca ne fait pas vraiment une intimité, ni même une proximité, tu en conviendras ?… Mais, comme dit le film, il y a « deux ou trois choses que je sais d’elle » - ta mère et mon ex-sœur-, que je tiens à ce que tu saches, toi aussi. Disons certaines de ses exactions, de ses manières d’être, de ses agissements qui, pour moi, ne pourront jamais être cautionnés, d’où qu’ils viennent. Même si leurs auteurs préféreraient que ces « petites histoires du quotidien »,- qui sont pourtant celles qui font la grande Histoire, ne soient jamais révélées ni sues, et finissent dans les oubliettes de l’histoire ! Qu’il s’agisse d’exactions financières ou « comportementales »- comme quand on parle de délinquants ??? En fait, de nature à vouloir faire taire les autres, à faire avaler des couleuvres, comme le font de tout temps les négationnistes et révisionnistes. Et moi, tu vois, ces gens-là, d’où qu’ils viennent, et quels que soient leur puissance de feu, puissance politique, sociale, ou matérielle, ils ne me font pas peur. Et s’ils agissent contre mes valeurs, ils sont à jamais écartés de ma route, et j’aime le faire savoir. C’est ma façon de résister au pire.
Moi, vois-tu, quand j’étais jeune – et d’ailleurs, à l’époque, mon petit copain n’était autre que ton père, Guillaume, déjà, les manières tordues de ta mère ne me plaisaient pas beaucoup. Mais passons. La famille Desprairies, « avait des biens », je crois, comme on dit ? Mais, vois-tu, la richesse absout-elle les riches de leur obscénité ? Les dix ou douze dernières années qu’on vient de vivre nous ont plutôt démontré le contraire,n’est-ce pas? Donc, je ne te demanderais pas d’où tu tenais Chamarande. Je me souviens seulement qu’au début des années 2000, tu avais un poste au Théâtre de la Cité Universitaire, que ta mère disait que tu ne supportais plus la directrice, et qu’un jour, t’es partie. Comme beaucoup de gens, à l’époque, et ça ne t’es pas spécifique - vas savoir pourquoi? -on pouvait refuser des boulots corrects, en disant, comme toi alors, que tu te débrouillerais bien. J’en ai connu tellement de ceux qui disaient ça ! Tiens, comme une l’ADEPBA, association portugaise, ils disaient qu’ils allaient recevoir, après 2007, des financements bancaires. Espírito Santo et Crédit Agricole… On sait aujourd’hui, combien l’IUMM, disons, a fluidifié les relations sociales. Ce sont les coulisses de l’arrivée au pouvoir de Sarkozy. Tu me diras, toi l’IUMM, si je me souviens bien, tu devais l’avoir dans le jardin, n’est-ce pas ??? N’as-tu pas grandi dans de nombreuses propriétés, Ouistreham, Bourgogne, et tout ce que je ne connais pas. Ca doit aider à se faire prêter le Château de Chamarande. Car ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval, n’est-ce pas ? Et puis, tu as une tante, Priscilla je crois, que j’ai bien connue quand elle est venue toute jeune à Rio – comme toute une certaine bourgeoisie locale, normande – de celle qui avait des propriétés sur la côte, journalistes, rentiers, etc. et qui déboulaient chez moi à Rio, sans se rendre compte que, moi, je bossais dès six heures du matin, et traversait toute la ville en coccinelle, pour aller donner quelques cours de français à la bourgeoisie carioca, payée par l’Alliance Française, quelques centimes locaux… Enfin, n’oublie pas qu’on n’est pas tous nés dans des draps de soie, ni même qu’on aurait un tant soit peu le désir d’y « atteindre », ou d’y « accéder » - chacun choisit son style, le mien était plus libre, voir libertaire, moins calculateur, moins dévastateur !
Première chose. Quand mon père est mort – donc ton grand-père maternel-, juste avant, je suis allée le voir dans un hôpital militaire de Fréjus. Mai 2005, je crois. Juste avant sa mort officielle, disons… Là, alors que je m’étais battue contre tes tante-mère jumelles, pour ne pas voir un être cher, finir chez les militaires, quelle ne fut pas ma stupeur ! On va dire : le dessous des cartes d’une histoire officielle que vous vous êtes racontées à plusieurs, pour vous convaincre qu’il n’y en avait pas d’autre – de version de l’histoire ??? - Mon père, donc, crevait de soif, abandonné dans une chambre, alors qu’il avait été emmené peu avant à Mougins, où je lui avais écrit, et où, visiblement abandonné, il me demandait sans cesse de vos nouvelles, désespéré ! A Fréjus, j’ai osé demander qu’on m’apporte de l’eau pour lui, ainsi qu’un verre d’eau, pour moi qui venais d’arriver tout juste de Paris, en train, et avais juste eu le temps de réserver un hôtel, pour le revoir le lendemain matin. Peine perdue, je suis repartie, la peur aux trousses, sans jamais revenir. Et le verre d’eau, plus sal, tu meurs. D’ailleurs, Fréjus est aujourd’hui gouvernée à l’extrême-droite, n’est-ce-pas ? Chez les escrocs, et il y a en a de tous poils et de tous gabarits, les choses ne fonctionnent pas comme chez les « gens simples » dont je me suis toujours réclamée. Mon ex-mari brésilien, par exemple, fait partie de ceux-là- et encore une fois ta mère s’est mêlée, comme toujours, de ce qui ne la regarde pas. Quelle peste ! Quelle chieuse ! Quelle emmerdeuse, au sens presque étymologique ! Ma fierté est celle de gens comme Albert Camus – mon maître de jeunesse – des gens droits, honnêtes, dont les valeurs ne changent pas en fonction des circonstances ! Pas une girouette, en somme.
Mon père, donc. Le tableau. Un homme crevant de soif ! Et quand, finalement, j’ai réussi à me faire comprendre par une femme assez frustre, qui ne parlait pas français du tout, ce qui peut être un handicap pour accompagner les fins de vie – comme d’ailleurs le reste des employées de la clinique à cet étage, le choc fut pour moi, insupportable. On était en 2005. Mon père, me dit-on, arrive directement de Caen. Sgloubb ! Il n’est pas enregistré comme résidant à Fréjus, donc sans maison, alors qu’il a 2 ou 3 minutes de vol de chez lui. En parlant ainsi librement de la réalité, je me suis mise en danger, en porte-à-faux avec le médecin-chef militaire, qui a commencé à me demander ce que je venais faire là. Une drôle de sensation, de pression, disons même intimidation, pour que j’évacue les lieux au plus vite. On ne savait pas encore l’étendue de ce que permettrait le sarkozysme ! De cette histoire. Je dirais deux choses. Qu’elle ressemble beaucoup à ce qui m’était arrivée à peine un an avant : mon internement abusif, par les soins de ta mère, avec force police et pompiers, venant me cueillir un samedi matin, avant 7 heures, pour m’embarquer de force jusqu’à Saint-Anne, puis direction Charenton !
Elle a de drôles de façons, ta mère ! A moi, ça ne m’étonne pas ! Mais quand même. Elle devait être très mal conseillée à l’époque, et entourée par des malfrats, pour se permettre de telles exactions, même avec la Loi ??? Moi, des amis comme les siens, je n’en connais pas. Comme dit mon ex- : « mieux vaut seul que mal accompagné ! ». D’ailleurs, après votre passage chez lui, à Rio, en 2003, pendant que je m’occupais de ma mère à Caen, sans trouver personne, nulle part, il l’a souvent répétée cette phrase. Elle est cachotière, ta mère. Est-elle comme ces gens, et leurs vos agissements collectifs si prisés depuis quelques années en France : « On s’en sert des gens, puis on les jette ! ». Toujours est-il que mon père- c’était la dernière fois que je le voyais- m’a dit, alors que j’étais silencieuse, tellement estomaquée de ce que je découvrais de cet « univers militarisé », comme tous les lieux d’enfermement, Foucault ne me démentirait pas. Il a seulement prononcé quelques mots, dans cette chambre vide, sans vêtements, sans effets personnels aucuns, avec seulement, dans une armoire, une vieille sacoche en cuir à moitié moisie qui devait venir de Caen, et que tu as connu toute ta jeunesse, dans le placard de la chambre des filles, Avenue de Lausanne, avec quelques vieilles photos jaunies – après la razzia qu’avait faite ta mère. Il a prononcé ces mots, les derniers et seuls que je lui ai entendus ce jour-là :
« -Ta sœur, Florence, c’est une fouille-merde ! »
Tu seras certainement plus à même que moi d’interpréter ces mots. Ils ont tout de même résonné, dans mon esprit, pour ce qu’ils sont. Car ils disent parfaitement ce que finalement je peux penser d’elle, depuis qu’elle a agit tant d’années, avec les mêmes procédés et la même ignominie qu’un Sarkozy qui, en plus d’être obscène, ce qu’elle était souvent, avait un goût du fric capable de lui faire renoncer à toute valeur éthique ou politique – et même plus, humaine – pour assouvir son goût de puissance, tant dans les apparences que dans le style de rapports qu’elle imposait, en avec l’appui de sa sœur jumelle, en saintes nitouches, pour s’octroyer les faveurs de tous. Mais, voilà : les miennes, elles ne les ont jamais eues. Car déjà, du temps de son copain Jacques Bliques, ta mère avait déjà agi, à mon avis, bien avant qu’elle me fasse enfermée pour folle, de façon, disons, plus qu’ illégale, assez tortueuse et un brin perverse ! « Fouille-merde », dit assez bien ce qu‘elle est, ta mère, Florence Desprairies. Et de triste mémoire, pour moi, mais aussi tous ceux qui aiment porter haut la mémoire de certaines de leurs valeurs ou de leurs choix éthiques.
"Fouille-merde", Florence ? Mon père avait donc, même à l’heure de sa mort, gardé pour l’essentiel ses esprits.
Un autre jour, je t’entretiendrai sur ce que je considère l’innommable et l’ignoble qu’elles ont, ta mère et sa sœur, ont concocté pour la fin de vie de ma mère. Un détail encore, pour comprendre le titre de cette lettre. Pourquoi Bellechasse ? Quand, dix ans et plus, plus tard, je suis allée en septembre 2013, demander des comptes au Rectorat de Paris, sur cet internement abusif et ses suites pour moi, le responsable des ressources humaines, un ami de Sarkozy, d’après ce que j’ai pu comprendre, et ce qu’il a dit, donc un de ses amis également, m’a mis sous pression pour que j’entérine ma soi-disant « maladie mentale », en lui signant une décharge à ce propos. On était en 2013. Je venais de vivre dix ans « pourchassée par la police française, sur les routes, chaque fois que je tentais d’aller voir ma mère, à Caen. Oh, surprise, de certains détails, et il y en a d’autres, que peut-être tu n’as jamais su…Le reste, sur ma mère, des exactions de tes tantes, je t’en parlerais un autre jour. C’est trop triste, pour moi, trop macabre, et surtout trop veule. Tu peux aussi le lire dans de précédents billets sur Médiapart. C’est mon éthique psychanalytique et médicale. Donc, ce même goût de maîtrise et d’emprise sur les autres, c’est ce qui caractérise pleinement ta mère, Florence Desprairies. Il y avait donc, dans cette histoire, beaucoup de fans de Sarkozy, et en premier lieu, ta mère, Florence Desprairies !
Pourquoi Bellechasse. Parce que, ce jour 13 septembre 2013, où je suis allée au Rectorat, j’étais tellement sidérée, comme on dit, que je suis partie immédiatement voir mon Ministre, Le Ministre de l’Education Nationale d’alors, Vincent Peillon, pour qui j’ai du respect depuis que nous avons, ensemble d’une certaine façon, fait la campagne pour Ségolène, en 2007. Bien sûr, je n’ai pas pu le voir. Mais je lui ai laissé un courrier. J’ai même fait la photocopie de cette lettre, à la Maison d’Amérique Latine où je compte encore quelques connaissances ! En sortant, donc, dans la Rue de Bellechasse, j’ai compris un détail essentiel. Le nœud de l’affaire. La proximité du Ministère de l’Education Nationale d’avec le Ministère des Armées, rue de Bellechasse. Et j’ai compris sans trop de difficultés, puisque j’ai même retrouvé mon ex- Fiat garée à quelques pas de là, juste devant le Centre Culturel Italien, rue de Varenne, que tout, pour moi, des exactions subies et de leurs conséquences pendant dix ans, s’était joué dans un mouchoir de poche, deux rues, Varenne et Bellechasse. A l’époque où ta mère devait fricoter avec ces gens-là. Elle ou indirectement, ta famille. Tu as bien une autre tante, côté Desprairies, Priscilla, si je me rappelle bien, une soeur de Guillaume, qui a longtemps habité rue de Bellechasse, n’est-ce pas, à côté d’une boutique de parfum Annick Goutal, de celles qui, comme Guerlain, puent le racisme de ces gens fortunés, n’est-ce pas ? La femme d’un ex-collaborateur de Patrick Lelay, si connu à TF1 pour l’horreur qu’il avait prononcé à propos des téléspectateurs, avec sa tirade sur le Coca ! Ce type de gens qui ont fait fortune sur la prétendue connerie des français ! Fais-la toi raconter par Florence Desprairies, ta mère psychosociologue, elle doit bien s’en souvenir ? Elle ne peut pas ne pas s’en souvenir. Toute la France a gardé en mémoire l’horreur prononcée alors à propos des consommateurs potentiels, ces « objets-marchandises-déchets » à presser comme des citrons et comme des cons !
Pour finir, tout s’était joué dans ce mouchoir de poche, à la française, avec les gens qui avaient régné, à l’époque, sur divers ministères -la Défense, la Justice, etc. et qui ont ensuite monté de fausses histoires de terrorisme, comme avec Les jeunes de Tarnac. Chamarande, c’est devenu Nîmes, aujourd’hui. Biarritz, c’est Alliot-Marie et pas loin, non seulement le surf de ta cousine réunionnaise, le fameux mariage d’une de tes cousines éloignées de Toulouse, une fille de Solange Piéplu…Que des gens, et je m’en félicite, que je n’ai jamais croisés. Quand, ce jour-là, j’ai dû accompagner ma mère à Caen, à l’hôpital- 1999 ?- on avait choisi le CHR, qui comptait des médecins de toute éthique. Elle en était sortie, rayonnante, et avait commencé, totalement désintoxiquée, une cure végétarienne. Comme quoi, on ne partage pas les mêmes valeurs. A bientôt.