Marie Christine GIUST

Abonné·e de Mediapart

1198 Billets

0 Édition

Billet de blog 6 octobre 2015

Marie Christine GIUST

Abonné·e de Mediapart

L’Aquarium : un théâtre de service public, pour la création et la transmission

Le Théâtre de l’Aquarium est une jeune compagnie déjà très remarquée de la presse et du public quand elle investit en 1972 (sur les conseils d’Ariane Mnouchkine) une nef de la Cartoucherie, en plein cœur du Bois de Vincennes. Comme ses voisins (qui squattent plus ou moins officieusement cette friche militaire désaffectée), ils transforment à la force du poignet une ruine en théâtre de création.

Marie Christine GIUST

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le Théâtre de l’Aquarium est une jeune compagnie déjà très remarquée de la presse et du public quand elle investit en 1972 (sur les conseils d’Ariane Mnouchkine) une nef de la Cartoucherie, en plein cœur du Bois de Vincennes. Comme ses voisins (qui squattent plus ou moins officieusement cette friche militaire désaffectée), ils transforment à la force du poignet une ruine en théâtre de création. Très peu subventionnés par la « centrale » (qui gère les dossiers de tous les théâtres de la Cartoucherie), ils arrivent à produire leurs spectacles essentiellement grâce aux coproductions, aux recettes et aux longues tournées (leurs créations, aussi engagées en politique qu’en qualité théâtrale, connaissant de vrais succès).

Peu à peu, l’Aquarium de collectif devient collégial, avec une direction tricéphale. Mais dès la fin des années 80, Jean-Louis Benoit, Didier Bezace et Jacques Nichet alertent régulièrement le Ministère sur leurs difficultés croissantes à monter leurs différents projets, les coproductions et les tournées se réduisant de plus en plus sur un « marché » national de plus en plus chargé. Malgré un soutien accru à partir de 1981, le Ministère de la Culture refusera toujours de leur allouer les moyens suffisants pour créer sereinement à l’Aquarium : ils partiront donc bon gré mal gré diriger des Centres Dramatiques Nationaux pour y poursuivre leur travail respectif (J. Nichet à Montpellier puis Toulouse, D. Bezace à Aubervilliers, J.L. Benoit à Marseille).

En 2001, Julie Brochen sera choisie pour leur succéder par Catherine Tasca, Ministre de la Culture, en  concertation avec le CA de l’Association - loi 1901- du Théâtre de l’Aquarium. (Pour mémoire, l’Etat est le seul subventionneur du lieu : la Ville de Paris, propriétaire du site, refuse depuis toujours de s’investir dans le fonctionnement des théâtres de la Cartoucherie). Julie Brochen ouvre l’Aquarium à quelques spectacles invités, à la poésie (en collaboration avec France-Culture), à la danse (avec l’Atelier de Paris-Carolyn Carlson).

François Rancillac (qui avait déjà postulé en 2001) codirige depuis sept ans le CDN de Saint-Etienne quand il apprend en 2008 que Julie Brochen, elle aussi vite asphyxiée par le manque de moyens pour la création, quitte l’Aquarium pour diriger le Théâtre National de Strasbourg. Après beaucoup d’hésitations (l’aventure stéphanoise est fort heureuse, et il est bien conscient du confort de travail qu’il perdra en quittant le CDN pour la Cartoucherie…), il candidate à nouveau pour l’Aquarium. Son projet, fortement soutenu par les fondateurs et par le CA du Théâtre, est retenu par la Ministre Christine Albanel en mars 2009.

Le projet de F. Rancillac

Il n’aura fallu pas moins de quatre, cinq années pour remettre sur pieds le Théâtre de l’Aquarium, en grande perte de visibilité depuis la fin des années 90, en grande fragilité économique depuis toujours, et pour lui redonner toute sa place dans le paysage francilien (voire national) d’un théâtre à part entière, c’est-à dire une maison de création et de diffusion et de transmission. Les chantiers lancés tous azimuts par François Rancillac (avec l’équipe des huit permanents qu’il y a rencontrée, aussi dévouée qu’engagée) ont été (et demeurent) multiples (ainsi que la recherche de partenaires financiers ad hoc):

- Création des spectacles de F. Rancillac (en général, une création tous les deux ans qui tourne ensuite sur le réseau national + des petites formes itinérantes pour aller à la rencontre de nouveaux spectateurs sur le terrain).

- Partage de l’outil au quotidien avec des metteurs en scène associés : d’abord Antoine Caubet (cie Théâtre Cazaril) de 2010 à 2014 ; actuellement Aurélie Van Den Daele - jeune metteuse en scène très prometteuse, qui peut profiter de sa résidence de trois ans à l’Aquarium pour consolider sa cie (le Deug Doen Group) et développer sa relation aux professionnels et aux publics + « La Revue Eclair » de Corine Miret et Stéphane Olry, cie plus confirmée qui met en place des projets singuliers et trans-disciplinaires à partir d’explorations de territoires, en l’occurrence : le Bois de Vincennes).

Ces artistes, qui répètent et créent à l’Aquarium participent également à toutes les actions de sensibilisation et de transmission menées à l’année longue. Ce projet est soutenu depuis 2011 par la Région Ile-de-France (Convention de « Permanence Artistique et Culturelle » : 58 000€ par an, qui permet notamment à l’Aquarium de coproduire leurs créations).

- Mise en place de saisons continues et cohérentes (5 à 6 spectacles présentés sur des séries de 3 à 4 semaines environ + répétitions in situ), en invitant des compagnies d’Ile-de-France et de province (voire des directeurs/trices de CDN). Le principe de la série (contre la tendance parisienne à écourter de plus en plus les programmations) permet aux spectacles de grandir, de rencontrer de nouveaux publics, de toucher la presse et les diffuseurs (afin de leur assurer un avenir). Ces cies sont hélas accueillies à la recette, mais l’Aquarium, pour les accompagner un tant soit peu dignement, prend en charge les frais de montage et démontage techniques, met à disposition un régisseur, assure le salaire d’une attachée de presse, la réalisation et la diffusion d’une affiche + de multiples actions culturelles menées autour de chaque spectacle.

La maigre « marge artistique » annuelle de 70 000€ est ainsi entièrement consacrée à l’accueil des cies, puisqu’un seul accueil coûte environ à l’Aquarium 27 000€. Ce qui fait qu’il ne reste plus un seul centime pour les productions de F. Rancillac (qui a donc fait le choix « généreux » de mettre en avant la dynamique de l’Aquarium à travers une saison variée et attractive, et de promouvoir les créations des compagnies).

- Ouverture de la programmation aux spectacles « jeune public », en collaboration avec le Théâtre de la Ville (à partir de 2017).

- Mise en place d’un plan de communication (graphisme, site, blog, réseaux sociaux, fichiers public – jusqu’alors quasi inexistants).

- Mise en œuvre d’un intense projet d’actions de sensibilisation et de développement des publics : rencontres, débats, visites du théâtre, présentations de saison hors-les-murs, spectacles itinérants prêts à être joués partout (appartements, classes, locaux associatifs, bibliothèques, etc.) pour rencontrer des personnes peu familières des salles de théâtre.

- Projet fort de transmission :

> ateliers artistiques destinés aux lycéens (environ 20 classes par an voient trois spectacles de la saison et découvrent le jeu théâtral à même les plateaux de l’Aquarium, encadrés par des artistes professionnels – ateliers financés par les Rectorats de Paris et Créteil, et la Drac IdF

> projet à partir de 2016 de formation des enseignants à l’éducation artistique, avec le concours de l’ANRAT et de la Région IdF ;

> ateliers pour amateurs (atelier hebdomadaire qui aboutit à la réalisation d’un spectacle + « ateliers du week-end » autour de la programmation + groupe des « acolytes » qui suit de A à Z le processus de création d’un spectacle de l’Aquarium) ;

> ateliers avec six classes de théâtre des Conservatoires d’arrondissements parisiens et de banlieue 

> ils seront ainsi plus de 70 à réinventer à leur manière toute la saison de l’Aquarium dans un spectacle festif :

 > Plus de 70 apprentis comédiens de ces Conservatoires seront rassemblés à l’Aquarium fin mai pour présenter un spectacle festif à partir de leurs propres projets rassemblés par deux metteurs en scène professionnels : « Tous en scène(s) des Conservatoires »– avec son pendant amateur, « Tous en scène(s) des amateurs » concernant autant de personnes. L’opération est soutenue par la Ville de Paris, la Mairie du 12ème ardt et bientôt la Maison des Pratiques Artistiques Amateurs.

F. Rancillac a également initié le « Festival des écoles du théâtre public » qui rassemble sur tout le site de la Cartoucherie fin juin des « spectacles de sortie » joués par les jeunes comédiens (futurs professionnels) issus des écoles supérieures d’art dramatique de France (et de l’étranger) devant le public, la presse et d’éventuels futurs employeurs : metteurs en scène, réalisateurs, directeurs de casting, agents. Faute de budget afférent, ce festival est totalement auto-financé par les écoles, qui se mutualisent pour en supporter les frais de communication et techniques, toute l’organisation et la coordination étant assumée par la seule équipe de l’Aquarium.

- Défense de l’écriture contemporaine : dans la programmation, via les comités de lecture initiés en lycées (avec l’InédiThéâtre), via les ateliers d’écriture amateurs, via les « Lundis en coulisse » mensuels (lectures improvisées de textes contemporains par des comédiens professionnels), via les résidences d’auteurs francophones à l’Aquarium (soutenues par l’Association Beaumarchais, l’Institut Français et désormais RFI), via la collaboration avec le formidable collectif « A Mots Découverts » (spécialisé dans le « coaching » d’auteurs en cours d’écriture),…

- Croisement des publics en croisant les arts : programmation des brunch-concerts du Quatuor à cordes Leonis (conçus en écho aux spectacles de la saison), de l’Ensemble Aleph (héraut de la musique contemporaine, en résidence à l’Aquarium depuis 2014 avec le soutien de la Drac Ile-de-France), partenariat avec le cinéma d’art et essai Le Vincennes (films projetés en résonnance avec les différents spectacles de la saison), le festival de danse contemporaine June Events, etc.

- Pacification des relations avec nos voisin(e)s de La Cartoucherie, fédéré(e)s autour de diverses actions initiées par l’Aquarium : Portes ouvertes lors des Journées du Patrimoine, ateliers amateurs partagés dans le cadre de « Faites du théâtre ! », brochure commune durant trois saisons (relayée depuis par le journal culturel du 12ème ardt), réunions régulières des « Relations Publiques » du site, réunion annuelle des « chefs », et surtout le Festival des Ecoles, qui rayonne sur tout le site.

 Tout ce projet foisonnant associant systématiquement création et transmission, constitue l’essentiel du projet pour lequel François Rancillac a été nommé en 2009 par le Ministère ; et il est systématiquement annexé (avec des contenus réactualisés) aux conventions triennales qui encadrent le financement par l’Etat du Théâtre de l’Aquarium depuis six ans.

Est-il utile de préciser que ce projet n’est que la traduction directe et vivante sur le terrain de la « Charte des missions de service public du spectacle vivant » élaborée par le Ministère de la Culture en 1998 et toujours plus d’actualité ?

Soutien demandé à la DGCA

Si toutes les actions culturelles mises en œuvre depuis six ans par l’Aquarium sont bien financées par d’autres partenaires institutionnels (Région Ile-de-France, Drac, Ville de Paris, rectorats,…), l’Aquarium reste largement sous-doté par l’Etat pour assurer une pleine programmation sans se mettre en péril, et surtout pour assurer à son artiste-directeur une mise de départ minimale qui permettrait de conforter un tant soit peu ses projets de création. Car, malgré des soutiens fidèles de nombreux théâtres en France en coproduction (mais avec des parts de 20 000€ maximum !) ou en pré-achats, malgré aussi le concours d’Arcadi et de l’Adami, il n’a pu (partant de 0€ en fonds propre !) boucler les productions de  ses derniers spectacles que grâce à des aides exceptionnelles arrachées au Ministère de la Culture (dans le cadre des « impasses budgétaires ») : 50 000€ en 2012 (création de Ma mère qui chantait sur un phare de Gilles Granouillet) ; 30 000€ en 2014 (pour La Place Royale de Pierre Corneille).

Pour sortir l’Aquarium de cette éternelle difficulté, nous avons plusieurs fois défendu à la DGCA  la nécessité d’une hausse des subventions de 150 000€ : 100 000€ pour assurer des saisons pleines de septembre à juin sans créer de déficit structurel (selon les mêmes conditions d’accueil en coréalisation, même si elles sont en soi insatisfaisantes) ; 50 000€ pour pouvoir amorcer la recherche de production pour les spectacles de l’artiste-directeur (rappelons que F. Rancillac n’a aucune autre compagnie à disposition que celle de l’Aquarium, et n’a jamais eu droit à une « subvention de sortie » en quittant le CDN de Saint-Etienne…). Pour toute réponse, la DGCA n’a depuis six ans augmenté la subvention de fonctionnement de l’Aquarium que de 30 000€ (elle est donc aujourd’hui de 700 000€ TTC, 90% servant aux seuls frais de fonctionnement du théâtre en ordre de marche – malgré un mode de vie des plus frugaux et une rigueur drastique de gestion qui permet à l’Aquarium d’équilibrer malgré tout ses budgets de fonctionnement).

 La « crise »

         L’actuelle convention de la cie « Théâtre de l’Aquarium » s’achèvera le 31.12.2015. Après avoir reconnu la qualité du bilan des trois années écoulées (2013/15), M. Le Bouëdec (délégué au théâtre à la DGCA) annonce pourtant à F. Rancillac le 15 avril qu’il ne sera reconduit que pour une seule saison (jusqu’à juin 2016), et qu’il n’est même pas utile de proposer un quelconque projet pour une nouvelle convention. Motif : F. Rancillac n’arrive pas « à mettre en place son projet », n’a pas trouvé pour l’Aquarium le « bon modèle économique ».

         Le 10 mai dernier, Michel Orier, directeur de la DGCA, confirmera entièrement cette position à Jean-Marc Terrasse, président de l’Association de l’Aquarium. Il promet de créer une subvention pour permettre à F. Rancillac de continuer à créer, mais annonce vouloir baisser celle de l’Aquarium de 200 000€ minimum ! Tout en conservant l’équipe permanente (contradiction : l’essentiel de la subvention passe dans les salaires de l’équipe…). Pour quel projet ? Défendre les jeunes compagnies (comme si l’Aquarium ne le faisait pas concrètement !) et mettre le lieu à disposition de deux ou trois collectifs qui ont déjà leurs propres partenaires financiers (sont cités en exemple les collectifs dirigés par Jeanne Candel et Sylvain Creuzevault – qui ne sont d’ailleurs pas au courant de cette histoire, qui n’ont aucune envie de diriger un lieu, et qui sont déjà très fortement soutenus par des théâtres parisiens comme la Cité internationale, les Bouffes du Nord, la Colline – théâtres qui cesseraient immédiatement de les produire et les accueillir si ces collectifs devaient jouer ailleurs que chez eux !). D’autre part, ces collectifs ont besoin de 6 à 10 mois de travail pour concevoir leurs œuvres : transformera-t-on alors l’Aquarium en « fabrique », c’est-à-dire (pour appeler un chat un chat) en salle de répétitions ? Alors que c’est un formidable outil de travail, de création, de représentations et d’accueil du public, financé en investissement pour cela depuis 40 ans ? S’il n’y a (au mieux) plus que deux ou trois spectacles par an à voir à l’Aquarium, à quoi bon une responsable des relations avec le public, une chargée de communication, un responsable des réservations, de la billetterie et du fichier (l’équipe est donc bien menacée !) ? S’il s’agit, pour la DGCA, de défendre les jeunes compagnies, pourquoi empêcher un lieu d’y travailler comme il le fait au quotidien depuis six ans (en coproduction, en accueil, en prêt de salles, etc.) ? Pourquoi mettre dehors, au passage, deux compagnies contractuellement associées à l’Aquarium jusqu’à fin 2017 (avec un apport en coproduction via la PAC de la Région Ile-de-France, qui serait brisée avec le départ de F. Rancillac) ?

         La « fabrique » que la DGCA imagine imposer brutalement à l’Aquarium, n’est-elle pas implicitement le « modèle économique » qui sera plus tard appliqué à toute la Cartoucherie, quand les fondateurs du Soleil, de la Tempête, de l’Epée de bois auront disparu (d’aucuns dans les services n’en font pas mystère) ? Mais est-ce judicieux de supprimer de la place parisienne un puis quatre théâtres en ordre de marche, si indispensables aux compagnies franciliennes et provinciales (ainsi qu’aux CDN) qui peinent tant à trouver de vrais lieux de création et de diffusion dans la capitale, dans des conditions honorables, dans une réelle éthique d’accompagnement des artistes ?

Est-il justifié de balayer d’un revers de main le travail colossal accompli ces dernières années à l’Aquarium par une équipe hyper engagée et compétente en direction des lycéens (venant surtout des banlieues du 93 et du 94) et des amateurs, qui deviennent au fil des saisons des familiers de l’Aquarium ?  Est-il politiquement opportun pour l’Etat français de briser net une dynamique de démocratisation culturelle, l’Aquarium allant au devant de tous les spectateurs (et notamment ceux qui n’en sont pas encore), rencontrés via ses spectacles itinérants, ses lectures hors-les-murs, ses diverses rencontres dans les bibliothèques, les lieux associatifs, les cafés, les écoles, etc. ?

         L’Aquarium, fort de son passé glorieux de « théâtre engagé », s’inscrit de nouveau pleinement dans la Cité, en faisant le pari d’une programmation contemporaine, exigeante et généreuse, proposée aux publics les plus divers, fédérés, rencontrés, sollicités par l’énorme volet de transmission mis en œuvre à l’année longue. Contrairement à la province, Paris a un retard énorme en matière d’action culturelle : le parisien François Rancillac, qui a grandi artistiquement dans le giron du « théâtre de service public » développé partout en France, a fait le pari, comme tant d’autres artistes et directeurs de théâtre, que la démocratisation culturelle n’est pas un vain mot et n’est surtout pas un échec (il faut être aveugle ou cynique pour l’affirmer), mais un projet toujours en cours, toujours à réinventer - comme la démocratie. A l’heure où des politiques municipales, démagogiques et réactionnaires détruisent quotidiennement des théâtres, des salles de concert et des festivals, à l’heure où la cohésion sociale devrait être l’objectif numéro un des projets de notre République, est-il compréhensible que l’Etat brise à son tour un des modestes mais ardents défenseurs de cette ambition démocratique, un de ces espaces (encore) ouverts où le vivre-ensemble est (encore) à l’œuvre au quotidien ?

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.