Ah, cher lecteur, il faut que j’te dise : j’ai cru que mon Inconscient m’avait abandonnée !
J’ai vraiment eu peur. Très peur. J’suis restée deux jours, donc quarante-huit heures, sans avoir la moindre inspiration ! Que dis-je, totalement sèche : pas un mot qui ne me vienne à l’esprit. J’ai cru que j’étais déjà morte. Abandonnée par mon inconscient ! Qui ne voulait plus faire aucune incursion dans mon esprit. J’étais comme ces chiffes molles, qui n‘ont plus rien à dire, rien à revendiquer, rien à penser. C’était dur. Vous croyez que c’est la dépersonnalisation ? Enfin, j’suis sauve ! Tant mieux…
Ah, j’te dis pas, lecteur, les affres !
Tu te rends compte, quand on n’est plus rien ? Comme Pessoa, Fernando, mon bien-aimé ? Faut que j’fasse gaffe ! On sait jamais ce qui pourrait arriver, n’est-ce pas ?
- Qu’est-ce que je vais devenir, que j’me disais. C’était la seule chose que j’arrivais à penser ! C’est un peu court, non ? Comme dialogue avec soi-même, mais aussi avec les autres.
Ai meu Deus, comme on dit chez moi – au Brésil- j’ai vraiment cru que tout était fini pour moi. Tu t’rends compte, lecteur : morte, finie, à jeter, mettre à la poubelle ?
Heureusement, quelques bonnes stimulations, hier soir et ce matin, m’ont remise sur les rails. Comme d’hab. France Musique et Marianne : ah, merci à eux !!!
Tu te rends compte, lecteur, si j’avais dû, ici même, annoncer ma mort psychique. J’aurais vraiment eu peur, qu’y est encore quelqu’un qui s’empare de l’info, pour, subrepticement, m’embarquer à nouveau où je pense ! Ah non, plus question. Ca n’manque pas, tu sais bien lecteur, les escrocs, les tueurs, les voyous,…Tu te souviens, ce que j’ai déjà écrit à ce propos…Relis-moi, ça va te rafraîchir les idées et l’esprit, par la même occasion ! Se relire, se relier ( ?), tiens, tiens : c’est stimulant, tu vas voir…
J’l’ai échappé belle, et j’ vais te dire, ce matin, j’le dois à France Musique, parce qu’Anne-Charlotte, si j’peux me permettre- Je dis Anne-Charlotte, comme j’aurais dit Lionel, Laurent, Jérémie, Frédéric ou Alex : en fait, mes plus proches compagnons, jour et nuit - nous a mis du Haendel, à l’aube, à toutes volées. Et ça, ça fait vraiment du bien !
Tiens, j’ le conseille à tous les cocaïnomanes ! C’est cent fois plus stimulant pour les neurones – comme on disait autrefois - que toutes leurs saloperies qui nous dégradent autant moralement que politiquement. Fermer la parenthèse.
Tiens, j’ai un exemple récent, d’un mec à la Commune d’Aligre, qui était venu me dire :
Ah ! Moi, j’ai déposé les valises ! J’ comprenais pas c’qui voulait dire ? Et puis, j’ai compris : la coke, ça remplace tout désir de réfléchir politiquement. Donc, pour moi, ça annule les neurones, comme dirait les neurobiologistes…Pas mon style !
Donc, ouf, reprenons le fil, j’ai vraiment eu peur d’être définitivement abandonnée par mon inconscient ! Tu t’rends compte lecteur ? Y compris mon inconscient politique, celui auquel je tiens plus que tout !
Entre parenthèses : qu’est-ce que j’aimerais être Haendel, ce matin : j’aurais été invitée par la bourgeoisie locale, mieux l’aristocratie internationale, pour aller passer le week-end au vert, comme on dit ! Moi, dans un beau jardin à l’anglaise, des fleurs partout parsemant les allées ou les parterres, du bon vin au déjeuner, une chambre d’hôte avec vue sur le parc, pour ma sieste, et quelques coqs au loin, pour me rappeler tout de même que je suis à la campagne, j’aurais vraiment aimé !
Mais, c’est ce que j’suis en train de m’dire : tu repasseras, la belle ! C’est plus de ton temps. Mieux : ça manque d’un Sollers ou d’un Jupé, là dans la Gironde jacobiniste, pour t’accueillir sans te demander ton pedigree. Dieu sait si ça m’aurait fait plaisir de retourner à Bordeaux, où j’ai vécu jeune étudiante, après avoir quitté Caen, et déjà toutes ses embrouilles, pour Talence, la vie universitaire et la fameuse LCI – la Ligue Communiste Révolutionnaire. Premiers souvenirs politiques !
Ah, j’te dis pas, lecteur, encore une fois : j’ai été incapable de m’adapter ! Des pots de colle chez moi, et des mecs frustres passant à toute heure du jour et de la nuit : j’ai pas tenu un an. J’suis partie à Paris, très vite, puis j’ai quitté ce monde de fous déchaînés pour le Brésil. Entre deux : une p’tite tranche d’analyse lacanienne, déjà !!!
Y’en a qui disaient qu’y fallait être dingue pour aller alors au Brésil : oui, c’est vrai ! Mais pas pire que continuer en France ! Vu le contexte, non ? Un jour, je t’expliquerai, lecteur, les dessous d’une histoire qui n’a pas encore commencée.
Enfin, le parc de chez Sollers et Cie, j’crois que, de ce que j’ peux imaginer, puisque ce Monsieur a comme moi quelque goût prononcé pour Venise et le baroque, je crois que j’aurais aimé ! Mais je rêve, j’hallucine, j’imagine. Tu vois, lecteur : ça va pas très bien ?
Mais, j’ vais te dire cher lecteur : tu connais un bourgeois qui t’invite chez lui, comme on fait au Brésil, sans crier gare, sans te faire d’abord lécher les plaintes, et ensuite, décliner de façon détaillée tout ton pedigree, ainsi que ta généalogie !
Allez, bon, on va s’en retourner ailleurs. Tiens, ceux de la Commune, de la Mairie du XIIe, ils sont où aujourd’hui ? Une, dans le Morbihan (j’te parie maison de famille)- J’espère qu’elle n’a pas de connexion avec Les Le Pen, là-bas ? L’autre, ce jour, part, c’est chic, au « Pouligain ». Qu’est-ce que j’en ai à faire du « Pouligain » ? Une belle photo de ma mère à La Baule. J’en ai connu des « Pouligain » sur la côte normande. Rien qui ne m’est jamais ni tenté, ni régalé. Y’a trop de gens style Balladur, des culs serrés, ça oui, mais très souvent de profondes crapules. Style bourge à la française : et ça m’débecte, de toujours. J’suis pas né dans leurs draps, et ça risque pas que j’m’y retrouve. Jamais ! D’ailleurs, avant que ce ne soit à nouveau la foire d’empoigne à Paris, progressivement après le quinze août, j’voulais te dire lecteur, prends garde à toi, la rentrée va être sanglante. Tous ces cocaïnomanes, à la rentrée, y vont recommencer à se faire la guerre. Et moi, c’est le moment que je choisirais pour m’éclipser, dire Ciao Ciao, à tous ces cons ! T’as bien vu, lecteur, que j’suis capable du pire, n’est-ce pas ? Donc, à la rentrée, quelque soit l’état de mon manuscrit ( ?): j’expédie tout ça chez Gallimard, et j’attends de pied ferme la réponse des hautes autorités littéraires ! Tu m’ connais, maintenant, lecteur, tu sais de quoi j’suis capable ? Si j’ai pas de réponse, j’fais un setting, rue Sébastien-Bottin ! Qu’est-ce que t’en penses, toi ? Est-ce que j’peux aller faire un scandale et du barouf, parce que je veux être – moi, aussi – poubellicisée ! - Encore du Lacan pur jus ? - Attends, lecteur : là, tu vois bien, j’me fais de la pub auprès des lacaniens, les purs et durs !!!
Reprenons, qu’est-ce que j’disais. Ca n’a aucune importance. Ce matin, l’exercice c’est du Joyce, sans SKB, sans escabeau. Note pour les ignorants. Voir Lacan, Séminaire XXXIII, là où c’est ti qui parle du sinthome, via l’écriture ! j’t’ dis pas lecteur, faire du Joyce au pied levé, le matin, en écoutant Haendel, c’est comme si j’ étais dans la plus belle cathédrale gothique, et que j’m’envoie en l’air, comme dirait Arte, avec le Seigneur, dans une voute pleine de vitraux éblouissants, tellement y’a du soleil dehors ! T’as compris, lecteur. Voir Séminaire XX, Encore, Nos modes de jouissance, dont la jouissance Autre, la jouissance féminine ! T’as vu si j’m’envoie bien en l’air ? Chacun son trip, n’est-ce pas ? Tu permets que j’m’en donne, moi aussi, à chœur joie ?
En fait, lecteur, j’t’avais pas dit, mais moi, le chant, ça m’transporte, en plus si c’est du Haendel, c’est tous les jours les charmes de la Messe de Minuit, grandes orgues et Feu d’Artifice ! Versailles, dans ma chaumière. Sans personne pour rivaliser avec ce que je vis ! Amen. Tu crois que j’me suis prise pour Dieu ? Dieu, c’est la Femme, n’est-ce pas ?
A plus tard, cher lecteur, je ne résiste pas au finish de Haendel dans le Water Music…