Armand, bonjour
J'imagine que tu es depuis déjà une bonne semaine, parti en vacances, sûr de pouvoir marcher sans problèmes...
Et peut-être, là où tu te trouves, auras-tu emporté ton portable, pour y jeter un oeil, de temps en temps,
sur les infos qui nous parviennent du bout du monde, avec toujours des préoccupations graves concernant le rapport des hommes et femmes à la vie, mais surtout à la mort - et cette pulsion irrépressible de mort, dont Freud, déjà, nous parlait.
Je te dois une fière chandelle, dans "mon " passage de la mort à la vie", même si, une fois établi, c'est chaque matin qu'il faut recommencer la manoeuvre:
perpétuelle répétition de notre acharnement à vivre et faire entendre nos désirs de vie et d'apaisement, lorsque l'orage ne gronde plus, au moins à l'intérieur de nous!
Tu es parti, et tu m'as laissé très amicalement en compagnie d'un certains nombre d'hommes et de femmes, et de leurs écrits.
Notamment, ceux de Foucault et Zeev Sternhell, que je ne connaissais pas, et que j'ai découvert la semaine dernière grâce à Marianne:
beau travail de transmission générationnel. Tu vois, pas besoin d'avoir des "enfants à soi" pour transmettre l'essentiel de notre humanité, même à une femme de mon âge.
S'est amorcé un processus de réconciliation, qui, très certainement maintenant, va me permettre de me dégager de toutes ces années d'horreur:
il fallait purger quelque chose de cette histoire, comme on perce un abcès ! C'est fait. sous une forme inattendue, mais c'est fait. En rendre publique, la part qui ne devait pas être caché, n'est-ce pas ? Maintenant, ça me paraît évident.
Quand tu liras ces mots, si tu les lis, là d'où tu es, sache que je te suis très reconnaissante du processus que tu as permis, toi et tes amis, que j'amorce ainsi pour me dégager d'un poids trop lourd à porter pour une personne seule!
Demain, aujourd'hui déjà, et depuis deux jours, je me retrouve telle que je me suis aimée si longtemps, non pas frivole, mais suffisamment légère, pour reconstruire là d'où j'en suis: c'est énorme, tu le sais.
Pour cela, il y fallait un groupe d'amis invisibles, suffisamment déterminés, et humains, pour vouloir me sortir de l'ornière. Et je pense même ce matin: à la décision que vient de prendre probablement Obama, de relever une police municipale à Fergusson, pour arrêter de faire couler le sang dans la communauté afro de la ville, et restituer à chacun son droit à la dignité humaine, ce que les femmes là-bas ont crié plus de cinq ou six jours... Bravo !
Évidemment que la police ne peut pas être privatisée ni municipalisée. Vraiment, ce thème me poursuit...Tout comme je me félicite d'avoir vu dans Médiapart la récente interview avec le Ministre de l'Intérieur, j'allais dire, suite à ma modeste "Lettre ouverte" (!), qui finalement n'est pas restée sans réponse, et je le dis, me rassure dans un certain détail...
A part cela. La lecture de Foucault, dans son cours sur Le Pouvoir Psychiatrique, vient préciser certains points autour de l'histoire de la Psychiatrie. Et c'est vrai, hier soir, j'ai fini la soirée avec une note, parlant de qui ?, s'il vous plaît ? De Bonnafé ! Quel nom: Bonnafé! Une bonne fée ???
Enfin, j'aurais fini la traduction du livre de Daniela Arbex, Holocauste Brésilien, ce dimanche 17 août au soir. Il ne me reste que deux petits chapitres. Ce livre est superbe, m'a beaucoup plu, et intéressé, très souvent s'est trouvé être en écho à des positions miennes, perceptions et valeurs, dans l'approche de l'humain, et surtout, grâce à un travail invisible de "thérapie", de restitution de la dignité humaine, entamée chez certains internés à Colonia, depuis si longtemps. C'est une page d'histoire du Brésil, que je ne connaissais pas non plus. ni celle qui à la fin, va participer à défaire cette histoire sordide de la psychiatrie brésilienne, de l'existence de camps de concentration au coeur du Minas, grâce à la venue de mes deux chéris: Foucault et Basaglia.
Lundi, 18 août, je fêterai mon anniversaire, en allant m'offrir un disque de Keith Jarrett, le fameux concert de Cologne. et la vie va continuer, après ces deux travaux déjà terminés, par le 3e: la relecture de mon Master sur Fernando Pessoa, pour publication.Thème: son écriture, fonctionnement et sinthome. une lecture psychanalytique
Je t'embrasse très cordialement. Et là d'où tu es, si un jour tu reçois ma missive, donne de tes nouvelles.
A bientôt. Marie Christine