En 2008, lorsque Saviano avait sorti Gomorra, j’étais déjà totalement d’accord avec tout ce qu’il décrivait. Allez savoir pourquoi ? Parce que, je me souviens, déjà à l’époque, j’étais devenue totalement et épidermiquement allergique à l’arrogance de cette dite bourgeoisie de droite décomplexée qui affichait son fric et son obscénité sans la moindre pudeur, ni la moindre honte, mais au contraire avec une suffisance et un mépris, qui me rappelaient l’insupportable de mes impressions d’enfance.
Comme avais-je dû les haïr ces gens dont la confrontation quotidienne m’avait été imposée des années durant du fait de l ‘école où je m’étais retrouvée…et que j’avais tenu à distance en faisant du volley et du basket, tous les jours dans la cour de récréation, pour ‘avoir rien à échanger avec ces gosses de riche qui m’insupportaient.
C’est drôle comme je pense que je n’ai jamais changé… Même si aujourd’hui, ce qui m’insupporte le plus, et c’est autrement pire, et dégradant, c’est la confrontation quotidienne avec la pègre ! Et là, on comprend son malheur ! Et l’on découvre l’humanité sous un jour tel qu’on préférerait ne jamais être née ni n’avoir jamais vécu.
Je pense que si les gens qui sont morts dans les camps de concentration pouvaient parler librement aujourd’hui, c’est la première chose qu’ils diraient : l’insupportable de cette promiscuité avec la pègre humaine, sans aucune loi, sans aucune dignité, sans aucune tenue, sans aucun horizon mental, transcendental, intellectuel, artistique, ou spirituel…
Mais seulement la démonstration, de seconde en seconde, de leur brutalité et leur violence ressenties avec toute la force de leur bestialité. Ou alors la froideur et l’indifférence, et l’insalubrité de leurs comportements les plus méprisants.
Rendez-vous compte ? Vous êtes entourée des pires escrocs contemporains, et c’est eux qui se croient autorisés à vous dénigrer, vous salir, vous invectiver, vous lyncher et vous avilir sur votre lieu d’habitation…Ca a duré des années ! Ca s'appelle comment ?
Ce jour, dans la boîte aux lettres : encore une provocation et une mise en scène ! Une affiche : « les amis de Sarkozy » ! Si ce n’est pas monté de toutes pièces ? C’est quoi, sinon ? Et ces amis-là de Sarkozy, comme par hasard, n’auraient plus rien à voir avec de « gentils » voisins, « au-dessus de tout soupçon », qui ont passé des années à vous faire une vie impossible. Un seul détail : la porte qui claque de toutes ses forces, chaque fois que, l’après-midi, ou le soir, ou le matin, va y avoir du trafic.
Ou encore, des années durant, le vendredi soir, après 22 heures, toute la bande de copains et leurs putes, reconnaissables par la vulgarité, les odeurs de parfum, les bruits de talon et les cris, qui sonnent, s’affairent, montent à l’étage, crient un bon coup, entrent par la porte voisine. Et recommencent ce cirque-là, ainsi que sous vos fenêtres, à deux du matin, dans la nuit de vendredi à samedi, et ceci des années durant (toute la période sarkozyste, au moins)…Deux exemples parlant, n’est-ce pas ?
Pourquoi est-ce que tout ce que disait alors Saviano, et tout ce qu’il dit aujourd’hui, me paraît non seulement plausible, mais la seule chose importante et décisive pour comprendre, expliquer, et maintenant s’attaquer aux fondements de ce nouveau régime spécial du capitalisme financier actuel ? Bien plus que la seule corruption. L’articulation drogue X capitalisme financiarisé, tel qu’il le décrit en partant du Mexique, avec tous ces morts, etc., me paraît être la seule analyse vraie et pertinente de ce qui se passe depuis déjà au moins dix ans, dans ce pays, et dans le monde !
C’est pour ça que le monde est devenu totalement déjanté, fou, violent, irrespectueux, arrogant : ça, c’est l’effet de la drogue. Et puis, l’arrogance et le pouvoir sans limites, c’est aussi le résultat du fait qu’ils se savent puissants, et même parfois tout-puissants (donc totalement impuissants ? je ne crois pas, malheureusement !), avec leurs prises de coke régulières, et la façon dont l’argent de la drogue, en quantités monumentales, a alimenté les circuits financiers, et les alimente chaque jour davantage.
Donc drogue, capitalisme de la drogue, violence de la drogue : et tout à vau l’eau !
C’est le vrai visage du capitalisme actuel… Le reste n’est que foutaise …Il a raison Saviano. Et nos contemporains auraient tout intérêt à le reconnaître...Pour mieux agir contre.
Et je le sais parce que je l’ai vécu au quotidien, cette violence sinon incompréhensible. Et je viens de la décrire, régulièrement dans mon Blog sur Médiapart : sauf pour ceux qui ne savent pas lire ! Ou pour ceux qui ne veulent pas lire.