Ne va pas penser, cher lecteur, que je me désintéresse de tout ce qui s’écrit sur Médiapart. Bien au contraire ! Ma réflexion se tisse et s’est depuis longtemps nourrie des informations précieuses que l’on peut y lire. Car si résister, c’est créer. Lire et s’informer sont les deux plus sûrs moyens d’y parvenir. Ne pas céder au bruit et à la fureur. Se retrancher plusieurs heures par jour, pour, en silence, subsumer de ses diverses lectures, et contacts avec la vie quotidienne, quelques idées bien à soi et en dialogue avec le monde, les auteurs contemporains et les acteurs actuels qui nous environnent, sont le plus à même de faire progresser cette résistance collective.
Et comme l’a dit si justement Roland Gori, lors des 5e rencontres de Camédia à Frioul, auxquelles j’aurais aimé participer, il s’agit aussi de tisser et construire, avec le langage, un récit collectif de nos désirs d’autre chose. Dans notre tension vers un « commun », et dans le respect de nos chemins individuels pour y parvenir. Dialectiquement.
Ce que Médiapart nous offre, c’est bien la possibilité de s’écrire, soi-même mais surtout écrire aux autres. Je veux dire, écrire avec les autres. Même s’ils ne vous lisent pas. Ce qui n’est pas sûr. Ce qui est sûr, par contre, c’est que de se mettre à écrire, réfléchir à voix haute, se reconnecter, se dilapider, s’extraire, et les millions d’ouverture qu’offre toute « prise de plume », est à même de nous faire participer d’un projet collectif, même si inconscient, de résistance collective. Et de nous y faire trouver notre place, dans ce concert d’idées, d’informations et de réflexions, pour continuer à faire barrage à ce qui nous est insupportable de ce monde où tout se vend, tout s’évalue, et tout le reste…Et c’est vrai que ce « camino » -
« No hay camino, se hace el camino al andar », de Antonio Machado,
implique l’inclusion et le respect d’une dimension sacrée de nos vies, au-delà de toute croyance religieuse.