Marie Christine GIUST

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Billet de blog 24 juillet 2014

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Macumba Familiale

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Retrato de Família e Macumba. Dans les rites cultuels afro-brésiliens, en particulier le Candomblé, derrière chaque saint catholique se cache un orixá africain, héritage de l’époque coloniale et de ses pratiques d’esclavage, qui avaient obligés les esclaves noirs venus d’Afrique dans les cales des navires négriers  à cacher leur culte, pour en sauvegarder  et transmettre la spécificité, sans le laisser transparaître. Forme d’autocensure qui ainsi transforma, par exemple, des pratiques de combat, tels le judo ou le karaté, en danse, comme ce fut le cas de ce qu’on connaît aujourd’hui comme la Capoeira, danse pratiquée au son du Berimbau, cet instrument assez frustre dont l’unique corde résonne dans l’unique calebasse réservée à cet usage, et qui néanmoins sait émouvoir tous ceux qui en entendent le rythme et les sonorités incomparables. Pourquoi y faire référence ici ? Pour le plaisir de la description, d’abord, et aussi pour souligner combien toutes les régimes autoritaires et les intimidations qui vont avec, comme ce fut le cas du système esclavagiste, à l’époque coloniale, produisent des anticorps, c’est-à-dire des formes de résistance propre à annihiler ou amoindrir les principes de censure et mesures de rétorsion, afin de conserver vivantes les formes culturelles de création et d’invention, d’usages également, propres à une culture ou une civilisation.

 A une certaine époque de la traversée du désert que nous avons connue, sous le régime sarkozy de triste mémoire, aujourd’hui dévoilé à l’œil nu pour nos contemporains, il y eut un moment où derrière chaque ou certain représentant de la classe politique se cachait, dans mon esprit, une personne ou l’autre de ma propre famille d’origine. Ainsi, par leurs façons de faire, de réagir, et de se comporter, et les valeurs que cela véhiculait, j’avais tendance à ne voir derrière Martine Aubry que celle de mes deux sœurs jumelles qui avait longtemps travaillé avec elle au Ministère du Travail, et l’autre, aussi étonnant que cela paresse me rappelait, en tout, les usages de Sarkozy. Cela pour dire, que je ne me sentais pas très rassurée, vous l’comprendrez aisément. Et que ce n’était pas vraiment un cadeau ! Et même si les temps changent, et que chacun se reconvertit  comme il peut. Je pense notamment à Léotard qui, après avoir été un bandit des grands chemins, avec ses amis Madelin et toute la clique, s’est rangé pour enfin, un peu tard, honorer son frère mort de bitures à cause du mépris que l’énarque renvoyait au poète !  Il n’empêche, le vrai poète était le frère

 Et dans ce portrait de famille assez étrange, qui, comme pour Dorian Gray, déformait à volonté l’image que je pouvais me faire d’ex-entourage familial, reconverti en scène politique nationale, il y avait aussi une tante maternelle qui avait son pied à terre à Sablé. Suivez mon regard …en direction de Fillon, un cousin paternel et son père, un oncle donc, qui s’étaient progressivement acoquinés avec le aujourd’hui très respectable Estrosi, à Nice, dans l’immobilier avec parrains mafieux italiens. Des cousins du côté de ma mère, qui avaient donné dans le pétrole, étaient proches d’une certaine façon de Mr Total, le très notable Margerie. Ou de toute façon, à tous, de leurs procédés, anti-valeurs et façons détestables de « contragir »… Etc.  Il y avait aussi, bien sûr, quelque coquin qui se pointaient régulièrement de l’Ile de la Réunion, où ils s’étaient installés grâce à l’extrême-droite française, pour entériner les décisions de Sarkozy au rendez-vous des Maires de France, en novembre, à Paris, chaque année - Ceux-là même qui, apprenant un peu trop tardivement, là encore, que l’Argentine et le Brésil avaient été de véritables dictatures, avec tortionnaires à la hauteur, se sont mis à confondre les bourreaux et les victimes, me faisant passer allègrement dans la première catégorie, pour ne pas avoir à se demander pourquoi ils venaient tout juste d’apprendre cette page de l’histoire mondiale, inconnue pour eux jusqu’en 2002 ! Vous remarquerez que mon portrait de famille a des allures de bande d’escrocs, ou proches de tels, avec un brin de mafia internationale, comme il se doit. Et si vous voulez que je vous explique pourquoi je fais référence à la Macumba, plutôt qu’au Candomblé, c’est pour deux raisons bien précises.

D’abord, j’ai trop d’estime pour le Candomblé et sa revalorisation par Gilberto Gil, ainsi que de l’ensemble de la culture afro-brésilienne, dès qu’il devint Ministre de la Culture au Brésil, en plus d’être lui-même le grand musicien et figure d’Epinal et  interprète afro de la MPB nationale, pour mêler ce si prestigieux rite afro-brésilien à une quelconque dégradation humaine. Par contre, la façon dont à Rio, j’ai pu voir pratiquer la Macumba, ne me l’a pas fait apparaître comme stimulant et rehaussant la dignité humaine – et je m’en excuse auprès de ceux qui la valorisent pour mieux la connaître, très certainement. Ceci dit, Macumba est un mot très souvent associé au Brésil à la sorcellerie en tous genres, et le terme me paraît ici assez approprié pour désigner le type de mélange coquin auquel j’ai à faire dans ma description.

 Il resterait encore, pour parfaire le portrait, à trouver derrière qui se cache un frère aîné. Cet énigme, pour moi, me fait opter pour ce genre de figures, dont l’autorité parentale ou paternelle défaillante, a fait prédire à Lacan, en son temps, pour son déclin irréversible. Dont pas de figure, plutôt un trou, à la place. Le gardien, tiens ? Quant à certains personnages d’une ex-famille paternelle, ils ne furent que les petites mains invisibles, mais les plus agissantes, d’un régime de relations de la plus haute escroquerie, de celles que seuls les plus avilis et inhumains d’entre les régimes nazi, fasciste ou pétainiste, surent si bien administrer, en premier lieu dans les camps de concentration, eux qui étaient je crois assez proches des PSA de la Côte d’Azur, ce qui n’est pas vraiment une référence, vu ce qu’on a connu, ensuite, sur le plan national ! Enfin, pour la délectation, je ne voudrais pas vous priver d’une info de première main. Je n’avais jamais été invitée à fêter l’anniversaire de mon père, que ce soit à Caen ou à Fréjus. Pas plus d’ailleurs, à me joindre à l’inhumation d’un proche parent ! Une année, donc, me décidant, j’ai pris le train de dernière minute –comme j’ai appris à le faire avec ces gens-là, et me suis pointée là-bas, avec hôtel réservé, évidemment. Et bien, tenez-vous bien, tous étaient réunis, ce soir là, sauf une tante toulousaine inconnue - mais ayant marié peu avant ou après, sa fille près de chez les Alliot-Marie, région de Biarritz et du surf (je n’en sais pas plus, mais j’en reparlerai), et qui avait peut-être senti le roussi… Il était même question de mariage, mon père et une belle-mère, et les plus anciens de ceux que, jamais plus, je n’ai considéré comme ma famille, finirent la soirée en chantant des chants fascistes. Oui, oui, quelle surprise ! Un peu, comme quand, autrefois, ils m’avaient déjà fait d interné, une première fois, et en avaient profité, pour partir « en famille » - sauf ma mère et moi, tiens donc !- en Italie du Nord. Je vous demande bien ce qu’ils pouvaient tous y faire ? C’est drôle, non ?

L’épisode de Brocéliande est presque mûr ! A bientôt, chers lecteurs.  

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