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Billet de blog 25 juin 2021

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« Chagall, Modigliani, Soutine…Paris pour école 1905-1940 » au MahJ

A voir au MahJ, Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, la très belle et récente exposition : « Chagall, Modigliani, Soutine… Paris pour école  1905-1940 » ainsi que celle qui l’accompagne : « Hersch Fenster et le shtetl perdu de Montparnasse ».

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

A voir actuellement au MahJ, Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, la très belle et récente exposition : « Chagall, Modigliani, Soutine… Paris pour école  1905-1940 » ainsi que celle qui l’accompagne : « Hersch Fenster et le shtetl perdu de Montparnasse ».

Ouvrons cette présentation avec cette belle phrase de Max Jacob, dans sa préface au « Cornet à dès », de 1922, mise en regard dans le catalogue au si beau tableau de Louis Marcoussis, « Les Trois Poètes », de 1929 :

« L’émotion artistique n’est pas un acte sentimental ; sans cela la nature suffirait à nous la donner ».

 A ceux qui voudraient d’abord comprendre pourquoi cette magnifique exposition organisée actuellement au MahJ s’appelle « Chagall, Modigliani, Soutine…Paris pour école 1905-1940 », et non pas L’École de Paris, je vous invite à lire la précieuse et précise introduction historique qu’en donne Paul Salmona, le directeur du MahJ, dans le superbe Catalogue qui a été édité à cette occasion.

 En effet, le renversement opéré dans la nomination démontre d’emblée plusieurs lectures à l’œuvre dans cette nouvelle perspective « Paris pour école », afin de questionner les différents préjugés, clichés et discriminations à l’oeuvre à l’époque à l’égard  « des nombreux peintres étrangers actifs dans la capitale au cours des quarante premières années du XXe siècle », comme il l’écrit.

 On y découvre en effet un nombre impressionnant d’artistes peu connus ni même reconnus à l’échelle nationale et dont les œuvres, à l’occasion de cette exposition, reprennent place dans l’histoire collective française, grâce à l’immense travail de recherche effectué, à l’image d’un Serge Karsfeld, et leur présence visible en conséquence dans cette exposition.

 Saluons d’ailleurs ici, à l’occasion, ce mouvement actuel et collectif, dans les milieux artistiques, de restitution d’une Histoire longtemps tue, comme ce fût récemment le cas récemment avec des expositions de femmes, Dora Maar, à Beaubourg, et Berthe Morisot, à Orsay, il y a déjà deux ans, et aujourd’hui Women in abstraction » à Pompidou, et Peintres femmes, naissance d’un combat, 1780-1830,au Luxembourg.  

 Du Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, dire qu’on y lit toujours quand on le fréquente régulièrement, le souci constant de faire connaître à un large public des pans entiers de la présence juive en France, et ce depuis plus de deux mille ans, et donc sa participation à l’histoire nationale, comme certains colloques et ouvrages de ces dernières années l’attestent. Que ce soit, par exemple, le récent colloque consacré à cette exposition, « Les leçons de l’École de Paris », comme auparavant, en 2019, l’organisation d’un autre colloque réunissant archéologues, historiens, conservateurs et enseignants, pour réfléchir ensemble sur l’originalité  de la contribution de la culture juive à l’histoire nationale, afin de ne pas la cantonner au seul angle des persécutions, et qui donna lieu à une publication récente : « Les Juifs, une tache aveugle dans le récit national ».

 Magnifique exposition donc que ce « Chagall, Modigliani, Soutine…,qui d’emblée nous touche par la présence de tableaux si familiers comme le « Portrait de Dédie » d’un Modigliani, qui donna figure à l’invitation…ou celui « La Jeune Anglaise » de Soutine, et tant d’autres … Série de portraits majestueux ou représentations diverses de lieux de vie, véritables « lieux de mémoire », dirait Pierre Nora, comme La Ruche, avec Marc Chagall, et le cercle de Montparnasse,avec Modigliani, et leurs vies de bohême. Nombreux portraits, peints ou dessinés au crayon, de tous ces hommes et femmes, venus du bout du monde, avec leur « désir de Paris » et leur volonté de participer à  « l’effervescence des avant-gardes ».

 « Peut-on considérer comme indésirable l’artiste pour qui Paris est la Terre promise, la terre bénie des peintres et des sculpteurs ? ». C’est la question que posait déjà André Warnoden 1925, pour défendre les artistes marginalisés parce qu’étrangers, au sein du Salon des Indépendants, et critiquer la xénophobie du milieu de l’art français d’alors.

D’ailleurs la présente exposition s’ouvre sur une immense carte géographique de toute l’Europe, Europe centrale et orientale, d’où partirent pour l’exil ces nombreux artistes étrangers, débarquant à Paris, mus par leur seul attrait pour la capitale et leur quête de Liberté.

 Ce mythe parisien toujours existant pour l’effervescence des expressions artistiques nouvelles qui s’y déploient dans l’espace d’un monde cosmopolite, va attirer dès 1903 des intellectuels germanophones comme Rudolf Levyet Walter Bondy, dont on peut admirer un très beau « Autoportrait », puis les artistes formés à Munich dont nous découvrons les noms et les œuvres tels Béla Czóbel, Adolf Feder, Léopold Gottliebet Jules Pascinentre autres, dont la disparition restera comme une tache, ainsi que les nombreux artistes et critiques qui assurent les liens avec le marché de l’art.

Matisse,avec la création de son Académie en 1908 et la formation d’une centaine d’artistes étrangers, est exemplaire de ses ponts et liens établis avec les nouveaux venus.

 Le feuillet  d’explication à l’entrée de l’exposition, conçu sur le modèle de ceux des expos temporaires de Beaubourg, précise les liens qui vont unir les différentes tendances d’alors, cubisme, fauvisme, abstraction, et l’inflexion opérée par des artistes comme Louis Marcoussis,Henry Hayden, Alfred Rethou Simon Mondzain, portraituré par Modigliani, pour leur grande variété d’accents. Soulignant l’apport majeur de cette communauté cosmopolite nourrie de ses visions venues d’ailleurs, qui se mêlent ainsi  aux autres, dans un dialogue si fructueux et créatif.

A la Ruche,fondée en 1902, les étrangers y sont nombreux et le yiddish la langue commune à beaucoup d’entre eux. Dans ce contexte naissent diverses revues dont Markhmadim, qui consacre son premier numéro à l’art juif, puis viendra Menorah. Ces publications seront le mode d’inclusion de cette communauté d’artistes étrangers partageant une même langue, et expression de la renaissance d’une conscience juive, qui est l’occasion aujourd’hui d’interroger, « existe-t-il un art juif ? », avec l’approche paradoxale des questions  sur l’identité, surtout quand celle-ci fût niée, dévalorisée et ravalée si férocement !

L’exemple de la présence du « Masque » d’Otto Freundlichdans l’exposition est paradigmatique de ce que le nazisme, annihilant l’homme et son art, rejettera par l’appellation maudite d’un  « art dégénéré », faisant montre d’une antisémitisme monstrueux, qui débouchera sur l’extermination, dont rendit compte G. Bensoussan dans son livre : « L’Histoire confisquée et la destruction des juifs d’Europe ».

Qui, à l’évocation de Chagall, ne s’éblouirait pas de la vision de ses personnages volants, de son onirisme débridé, de ses couleurs vives comme l’atteste ici  le magnifique tableau sur fond vert « L’Atelier » de 1911, contrastant bien sûr avec le style tout en lettres de « Les Portes du cimetière », visible dans l’exposition permanente du MahJ, deux faces d’une seule oeuvre, celle de Chagall et son « merveilleux mélange de culture juive, russe et mystique » qui fait la beauté et l’enchantement de son univers, malgré les aléas de sa vie, et ses allers retours entre Vitebsk, Munich et Paris, dont nous parlait récemment Itzak Golderberg, auteur d’un magnifique livre chez Mazenod ???

Qui à l’instar de l’œuvre d’un Chagall, d’un Modigliani ou d’un Chaïm Soutine, et ses splendides tableaux de « La Fiancée », « La Marchande de journaux à Montparnasse », ou son superbe « Portrait du sculpteur Oscar Miestchaninoff », ne serait pas touché par les œuvres de tous ces artistes, connus et inconnus qui ponctuent ce parcours, tels ces magnifiques autoportraits de Méla Muter, Jacob Macznikou Marek Szwarc, ou encore les œuvres d’un Léon Indenbaum, Ossip Zadkine, et la noirceurde «  Le Dortoir », « Garde-à-vous », ou « Le Sous-Officier », ou deMichel Kikoine, avec sa « Femme en buste », dans cette période d’intense création qui sera la leur à la Ruche, malgré leur dénuement matériel, et dont témoigne photos et tableaux ?

Qui dans l’exposition ne serait pas bouleversé par ses inédits de Chagall quand il peint ou dessine ses amis «  Guillaume Apollinaire », « La Femme à la Mandoline » ou son ami « Blaise Cendrars »,  ou par la série de portraits de  la bohême cosmopolite de Paris esquissée par Modigliani, en 1914, quand la guerre éclate ?

Une première césure s’effectue alors dans l’exposition, qui restera comme la marque d’un potentiel futur funeste qui demande réaction immédiate face à l’urgence. Celle instaurée ici par la reproduction de « L’Appel du 29 juillet 1914 », publié dans la presse de l’époque, texte qui n’est pas sans résonner avec l’Appel du 18 Juin 40, à deux jours, en ce 16 juin 2021, lors de l’inauguration de l’expo, de cette commémoration nationale ?

Et si toute l’exposition continue à nous faire découvrir les sculptures impressionnantes de Chana Orloff, sa « Maternité », son « Torse », mais aussi ses portraits de figures célèbres comme celles d’ « Otto Rank » ou d’ « Anaïs Nin », ou celle de « Gertrude Stein », par Jacques Lipchitz, la présence de cet appel, lancé à l’initiative de Blaise Cendrars, au cœur de l’exposition, atteste de la centralité de l’engagement de tous ces exilés étrangers au côté de la France de la Liberté et leur posture affirmée. Ils seront 8500 à rejoindre l’armée française.

Ne cesseront plus dans l’exposition les échos et résonnances de moments historiques divers, comme celui du groupe Manouchian, ou des nombreux juifs étrangers longtemps passés sous silence, qui, à la Seconde Guerre Mondiale, s’engageront dans la Résistance, et participeront à l’effort de guerre, faits tangibles qui seront longtemps niées !

On les trouve tous dans cette posture d’engagement, tels les artistes Isaac Dobrinsky, Moïse Kisling, Louis Marcoussis, Ossip Zadkine, Simon Mondzain, et tant d’autres …

De l’Appel du 29 juillet1914à l’exil imposé en 1940 avecl’Occupation, c’est sur la sculpture « La Fuite » de Jacques Lipchitzque  s’achève l’exposition, paradigme de cette autre et nouvelle césure qui les vit tous contraints de fuir et quitter la France qu’ils avaient tant aimée et défendue naguère, pour une question de survie, s’ils voulaient échapper au pire jusque dans des techniques super « sophistiquées » qui consistaient en ce que l’on appelle «  la rafle des billets verts » !

L’entre-deux-guerreset les dites Années Follesne font pas illusion, malgré le vent de liberté retrouvée, et ne sont pas sans laisser dans l’exposition un goût étrange et même amer, avec la montée de l’antisémitismequi, au-delà de l’apparente désinvolture et insouciance de ces années-là, s’aperçoit clairement, imprègne et se repère alors dans nombre de leurs oeuvres. Le MahJ ne s’y est pas trompé qui relate la vie de Jules Pascin, « ce prince de Montparnasse », selon Hemingway, qui devra quitter tôt la France pour devenir citoyen américain !

Est-ce là les «  Leçons de l’école de Paris » à tirer auquel le visiteur et le grand public sont conviés, pour déchiffrer parfois entre les lignes ce que les œuvres exposent pourtant à l’œil nu sous notre regard révélant les dessous longtemps refoulés de la réalité politique de l’époque,  ce qui ne cesse de toujours d’être une des fonctions essentielles de l’art : de rendre visible l’invisible ! Faisant émerger parfois, dans les périodes noires de l’Histoire, un art prophétisant. Vient alors le temps de la figure filiforme en son recueillement de ce « Prophète » aux mains si bien dessinées d’Ossip Zadkine, ou aussi « La Tête Prophétique » deMorice Lipsi.

Car ce sont l’art et les artistes qui, comme le dit si bien Lacan, nous enseignent.  Ne cessons donc pas de prêter l’oreille et le regard d’ailleurs, - à ce qu’ils cherchent à nous dévoiler de leur vision du monde, impliqués qu’ils sont dans ce travail artistique, non seulement « corps et âme » comme on dit communément, mais dans « ce qui ne cesse pas de ne pas s’écrire » pour eux et les pousse irrémédiablement à la création. Et nous comme visiteurs, ne cessons pas de réagir à  « ça » qui  « nous regarde » avec nos corps parlants, d’abord par l’émotion, sans chercher dans un premier temps à comprendre.

Tous ces artistes seraient-ils la dernière génération à montrer en partie ce rapport au Beau dans l’art, qui pourtant se mêle toujours à cette part maudite de l’homme, celle si bien mise en évidence par Hannah Arendtdans ses écrits souvent mal interprétés où elle mêle banalité du mal et Mal absolu ? Le Beauqui, comme le dit Lacan, dans son Séminaire l’Éthique, est une des dernières barrières à nous protéger du Réel.

1940est bien la césure qui marque un nouveau temps, le temps de l’exil, de la fuite, des rafles, de la chasse à l’homme, de l’antisémitisme, de la déshumanisation, et du ravalement de l’homme par l’homme déjà pointée par Freud, non sans désillusion, dans un de ses derniers écrits, Malaise dans la Civilisation, avec sa si célèbre expression « l’homme est un loup pour l’homme » !

Les artistes, des «  Prophète (s) » ? Conscients du monde à venir, alertant déjà sur des dérives futures, par leur engagement tant artistique que social et politique, eux qui nous enjoignaient déjà à lire le présent et ce qu’ils pressentaient, avec la subtilité de leur usage du détail. Comme aujourd’hui nous pouvons aussi, grâce à cette exposition, réinterroger le présent à l’aune du passé, rester réveillés et nous maintenir  ouverts aux nouvelles interrogations tant historiques, politiques, philosophiques, poétiques, artistiques que psychanalytiques que requiert et suscite l’époque actuelle ?

De là, le beau tableau de Mané Katz, « La Lecture », rappel de la tradition millénaire de la culture juive, «  la religion du livre », qui ne cesse de nous enseigner la patience de la lecture infinie, et, par l’écriture qu’elle en extrait, faire émerger des lectures inédites, à partir de la lettre, dans la tradition du Midrash. Lire, lire encore… Et avec notre corps, dirait Lacan.

Quel plus beau médium que l’art, écriture ou peinture, pour nous élever sur les ailes de la sublimation, notion chère à Freud, et nourrir nos corps parlants de la substantifique moelle des œuvres de ces artistes qui font pour nous « école de la vie », en écho à « école de Paris », et ce, juste avant que de voir basculer l’art contemporain dans un Réel parfois hard !

Le Beau avait un rapport avec l’Idéal du Moi qui venait envelopper le réel, le petit a de Lacan. Le Beau, maltraité, conserve néanmoins son effet métaphorisant, et sa valeur de sublimation, comme dans la poésie. Après 1940, et le trou dans le symbolique opéré par le réel de la Shoah, c’est l’objet a sans voile qui s’avance sur la scène du monde, et l’objet d’art ne s’oriente plus du Tout du Beau. L’art contemporain, faisant place à la part de jouissance qui nous habite chacun, nous laisse orphelins d’un « monde disparu » d’où nous sommes comme exilés de nous mêmes !

Dans l’exposition, le respect des morts, la dignité de chaque être humain et la recherche effectuée pour sortir de l’oubli tant d’existences humaines, dans leur singularité, fait aussi écho au récent livre de Delphine Horvilleur, « Vivre avec nos morts », où elle fait montre d’un bien-dire exceptionnel pour nous transmettre combien « nos » morts continuent à nous parler, combien toujours la vie transparaît derrière la mort. La vie plus forte que la mort, selon les mots d’Élie Chouraqui.

C’est en somme le message et la force d’un long poème de Chagall poète, écrit en 1951,  sur lequel se conclue l’exposition, non pas pour nous emmener une dernière fois avec lui dans un monde imaginaire, mais ici nous appeler à la conscience de ce qui fût, l’innommable, non sans la présence de la figure tutélaire de son « Père » … L’Histoire ne s’achève donc pas puisqu’elle sera écrite par Hersch Fensterà partir de 1945, donnant son nom à l’autre exposition, solidaire de l’expo Chagall… : « Hersch Fenster et le shtetl perdu de Montparnasse ».

Hersh Fenstermettra 6 ans, pour retrouver 85 « artistes martyrs » qu’il sortira de l’oubli en mobilisant les amis, et les amis d’amis, les connaissances, etc…et ce qu’ils purent tous, grâce à leur recherche obstinée, retrouver d’un mot ou d’une lettre envoyée, d’un tableau disparu, d’une esquisse ébauchée, ou d’une représentation d’un camp comme Drancy, ou divers lieux d’enfermement. Jusqu’à faire émerger une partie de l’Histoire réelle, celle des vies et des noms de tant d’artistes disparus. Avec une seule détermination, « sauver de l’oubli », « sortir des cales de l’Histoire », « ne pas céder sur » la volonté de faire-savoir, grâce à un savoir-faire subtil, ce que l’histoire a voulu cacher ou effacer définitivement, dans un geste immense d’obscénité totale !

C’est avec « Nos artistes martyrs », livre publié en yiddish en 1951 que se conclura ce travail de recherche de Hersh Fenster, en hommage à tous ces artistes et amis disparus, qui après avoir vécu le meilleur à Paris, connaîtront un véritable cauchemar. Fichés, arrêtés, contraints à l ‘exil ou la clandestinité, ayant subi la destruction ou la spoliation de leurs œuvres. La modeste exposition au sous-sol du Mahj permet de prendre la mesure de ce gigantesque travail d’Hersh Fenster. Tout comme du travail immense effectué par les différents responsables de ces deux grandes expositions actuelles, que nous voulons saluer et remercier ici en la personne de Pascale Samuel. Car toute l’équipe du Mahj  démontre une même détermination à porter à la connaissance du plus large public les dessous des ravages d’une époque, et faire revivre  certains des nombreux artistes étrangers disparus, toutes nationalités confondues, venus de si loin pour trouver accueil, hospitalité et liberté…  

En témoigne le bel « Autoportrait » de Léopold Gottlieb, si émouvant, qui a rejoint à cette occasion le fonds du Musée.

Paul Salmona, son directeursouligne à juste titre la valeur de ce « livre d’art et mémoriel » qu’est « Nos artistes martyrs », enfin traduit en français, et qui marque le point d’arrivée de ce geste collectif immense de sortir de l’oubli tous ces créateurs pour la plupart effacés des mémoires et inconnus des historiens d’art, prémices à l’historiographie ultérieure constituée autour de la destruction des juifs d’Europe.

Les diverses photos et documents présents dans une première salle, dont celles d’Hersh Fensterà différents âges, et certaines parmi les très belles œuvres que le Mahj a reçu en donation à l’issue des recherches, dans une deuxième salle, voient ainsi le couronnement d’un travail considérable par la traduction en français et l’édition raffinée de ce texte original yiddish.

Comment mieux honorer la mémoire des disparus que de leur rendre voix, existence et vie, en rendant accessible le contenu de cet ouvrage originairement en langue yiddish pour un public français et international ? Je vous invite donc à aller découvrir ces deux expositions du MahJ d’une grande beauté, intelligence et raffinement !

 Bonne visite !

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