Monsieur Michel Wieviorka,
Je viens de lire sur Internet l'article de Libération de ce jour, samedi 27, et je tenais à vous adresser le mot suivant.
Je partage entièrement le désarroi qui voit en France toutes les questions d'importance être ravalées, annulées ou éludées,
et d'abord par une gauche française incapable de la moindre analyse politique, en profondeur. Il y faudrait pour cela un intérêt et une éthique, absentes.
Et je partage depuis longtemps ce sentiment d'abandon dans un pays, la France, où l'on ne peut plus - la plupart du temps - ne se tenir, et vous en excuserez l'expression -
que le cul entre deux chaises, tant l'obscénité généralisée nous empêche et nous entrave, dans une quelconque tentative de penser, et tant cette obscénité qui se manifeste
aussi bien dans les usages politiques que dans les manières d'une bourgeoisie financière aliénée économiquement, finit par rétrécir le champ possible de nos activités
et de nos déplacements que la solitude gagne de ne plus pouvoir quasiment rien partager d'un débat pourtant nécessaire si l'on veut tenter de re-fonder, ici même,
et si c'est encore possible, un vivre ensemble.
J'avais choisi de m'engager en 2007, comme nombre d'entre nous, pour éviter le pire. Mais, depuis la tentation de retourner vivre à l'étranger ne m'a jamais plus quittée !
Et c'est vrai que depuis lors, et encore plus depuis quelques temps, je prépare moi aussi mes bagages tellement manquent les interlocuteurs pour penser ensemble, et plus: faire fleurir un espace nommée terre.
Avec mes plus chaleureuses pensées cordiales,
Marie Christine Giust
Billet de blog 27 septembre 2014
Lettre émue à Michel Wieviorka
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