Jair Messias Bolsonaro, le Messie des tropiques
par Leander Mattioli Pasqual
Jair Messias (le Messie) Bolsonaro est sur le point de devenir le prochain président du Brésil. Ses électeurs le voient comme un homme d’exception, un héros luttant contre tout un système. Ils croient que Bolsonaro est le seul à oser dire la vérité. Pour l’emblème de sa campagne électorale, il a choisi le verset biblique « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira » (Jean 8 :32). Libérer le peuple brésilien du joug des communistes est la mission divine de ce Messie des tropiques. Il ne cesse de le répéter et se dit l’instrument de la volonté de Dieu. S’il arrive aujourd’hui aux portes du pouvoir, c’est parce que Dieu l’a voulu. Le Messie est soutenu par un peuple touché par la grâce divine. Selon lui, les Brésiliens sont en train de se réveiller du cauchemar communiste qui a traîné le pays dans la boue (1).
Le Messie s’est fait connaître grâce à ses répliques racistes, misogynes et homophobes. Il est connu pour ces répliques qui tournent en dérision tout ce qui concerne les Droits de l’Homme. Le Messie ne croit pas aux Droits de l’Homme. Il fait éclater au grand jour leur statut de semblants : la vérité cachée des Droits de l’Homme est la jouissance des communistes corrompus ; les Droits de l’Homme protègent les bandits au lieu de protéger les bons citoyens. Pour lui « un bon bandit est un bandit mort ».
Le Messie veut protéger son peuple. Il veut en faire une armée. Les bons citoyens pourront désormais se défendre avec leurs propres armes. L’Homme s’entend bien avec les armes, dès lors pourquoi le priver de son instinct ? Le Messie lui-même se vante d’avoir appris à ses enfants à tirer dès l’âge de cinq ans. Il nous apprend que la Guerre est la vérité de l’Homme. Son vice-président (général de l’Armée) et lui soutiennent ouvertement les tortionnaires de la période de la dictature. Le général clamait récemment à la télévision que « les héros tuent ». Selon ce tandem, il ne s’agissait pas d’une dictature, mais d’une guerre contre les communistes ! Dans l’une de ses déclarations les plus déchaînées, Bolsonaro affirme que les militaires de cette période-là auraient dû aller plus loin dans leur mission. Au lieu de tuer quelques centaines de personnes, ils auraient dû en tuer 30.000 ! Et il ajoute : « Tant pis pour les innocents tués ! », ça fait partie de la guerre. Ils ont commis une autre grave erreur, selon lui, celle de torturer sans tuer.
Le Messie ne veut pas rétablir l’ordre. Sa bataille ne vise pas la corruption comme il aime à le faire croire. Sa mission n’est pas de remettre le pays dans le droit chemin. Il dénonce la jouissance débridée (homosexuelle entre autres) des communistes, mais accepte qu’un ancien acteur de films X soit élu député par son parti. Il dénonce la corruption, mais se rallie à un évêque évangélique ultra riche qui a fait fortune grâce à son Église Universelle. Il dénonce les vieux parasites du système politique, mais a fait élire tous ses enfants. Il dit « le Brésil au-dessus de tout », mais adopte une politique économique ultra-libérale et salue le drapeau américain. Non. Le Messie ne sert pas sa patrie. Il se tient à la conjonction du capitalisme et de l’Église dans sa version la plus cynique. C’est Dieu le capital contre toutes les minorités. Si celles-ci ne s’adaptent pas à la majorité, qu’elles disparaissent ! Il l’a dit et répété. Pourquoi des territoires démarqués pour les Indiens ? Pourquoi des lois qui empêchent les policiers de tuer ? Pourquoi une politique d’inclusion sociale ? Si les noirs sont les plus pauvres, c’est de leur faute ! Ce sont les noirs eux-mêmes qui ont choisi de réduire leurs frères en esclavage. Les blancs n’y sont pour rien. Une politique de gauche est un bâton dans les roues du capital. Si le Messie n’était pas là pour nous sauver, cela ruinerait le paysLes Brésiliens ne sont pas en train d’élire un père capable d’ordonner le chaos dans lequel le pays est plongé. Ils ne font pas appel à un père autoritaire, capable de réfréner la jouissance. Les plus radicaux ne veulent pas retrouver un équilibre. Ils veulent au contraire un président au service de leur jouissance débridée qu’ils attribuent spéculairement à l’autre. Avec Bolsonaro, leurs actes de violence envers les minorités sont légitimés. C’est de la légitime défense. Ils pourront enfin donner libre cours à leur haine en toute impunité. Et puis il y a ceux qui choisissent Bolsonaro soi-disant « malgré son discours de haine », au prétexte qu’il « vaut mieux ça que la corruption ». Son discours de haine semble ne pas inquiéter cette part considérable de son électorat. Nous assistons ainsi à une banalisation croissante de la violence qui anime désormais la vie politique du pays. Faire l’autruche et choisir « malgré la haine » n’est pas une option. C’est un déni et une complicité. Si nous acceptons Bolsonaro, nous pouvons tout accepter. Ce serait réduire à rien les valeurs de la démocratie.
La démocratie appartient au diable et le pays en souffre. L’Autre jouisseur est aux commandes, mais le Messie veut nous en libérer. Il veut que la Vérité soit connue de tous. Il veut nous apporter la Bonne Nouvelle. Et si les Brésiliens ne sont pas tous prêts à l’entendre, il leur montrera le chemin !
1 : Bolsonaro accuse le Parti des Travailleurs (au pouvoir de 2003 jusqu’à l’impeachment de Dilma Rousseff en 2016) d’avoir plongé le Brésil dans la crise au nom d’un projet idéologique servant leurs propres intérêts.
Jair Messias Bolsonaro, le Messie des tropiques
par Leander Mattioli Pasqual
Jair Messias (le Messie) Bolsonaro est sur le point de devenir le prochain président du Brésil. Ses électeurs le voient comme un homme d’exception, un héros luttant contre tout un système. Ils croient que Bolsonaro est le seul à oser dire la vérité. Pour l’emblème de sa campagne électorale, il a choisi le verset biblique « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira » (Jean 8 :32). Libérer le peuple brésilien du joug des communistes est la mission divine de ce Messie des tropiques. Il ne cesse de le répéter et se dit l’instrument de la volonté de Dieu. S’il arrive aujourd’hui aux portes du pouvoir, c’est parce que Dieu l’a voulu. Le Messie est soutenu par un peuple touché par la grâce divine. Selon lui, les Brésiliens sont en train de se réveiller du cauchemar communiste qui a traîné le pays dans la boue (1).
Le Messie s’est fait connaître grâce à ses répliques racistes, misogynes et homophobes. Il est connu pour ces répliques qui tournent en dérision tout ce qui concerne les Droits de l’Homme. Le Messie ne croit pas aux Droits de l’Homme. Il fait éclater au grand jour leur statut de semblants : la vérité cachée des Droits de l’Homme est la jouissance des communistes corrompus ; les Droits de l’Homme protègent les bandits au lieu de protéger les bons citoyens. Pour lui « un bon bandit est un bandit mort ».
Le Messie veut protéger son peuple. Il veut en faire une armée. Les bons citoyens pourront désormais se défendre avec leurs propres armes. L’Homme s’entend bien avec les armes, dès lors pourquoi le priver de son instinct ? Le Messie lui-même se vante d’avoir appris à ses enfants à tirer dès l’âge de cinq ans. Il nous apprend que la Guerre est la vérité de l’Homme. Son vice-président (général de l’Armée) et lui soutiennent ouvertement les tortionnaires de la période de la dictature. Le général clamait récemment à la télévision que « les héros tuent ». Selon ce tandem, il ne s’agissait pas d’une dictature, mais d’une guerre contre les communistes ! Dans l’une de ses déclarations les plus déchaînées, Bolsonaro affirme que les militaires de cette période-là auraient dû aller plus loin dans leur mission. Au lieu de tuer quelques centaines de personnes, ils auraient dû en tuer 30.000 ! Et il ajoute : « Tant pis pour les innocents tués ! », ça fait partie de la guerre. Ils ont commis une autre grave erreur, selon lui, celle de torturer sans tuer.
Le Messie ne veut pas rétablir l’ordre. Sa bataille ne vise pas la corruption comme il aime à le faire croire. Sa mission n’est pas de remettre le pays dans le droit chemin. Il dénonce la jouissance débridée (homosexuelle entre autres) des communistes, mais accepte qu’un ancien acteur de films X soit élu député par son parti. Il dénonce la corruption, mais se rallie à un évêque évangélique ultra riche qui a fait fortune grâce à son Église Universelle. Il dénonce les vieux parasites du système politique, mais a fait élire tous ses enfants. Il dit « le Brésil au-dessus de tout », mais adopte une politique économique ultra-libérale et salue le drapeau américain. Non. Le Messie ne sert pas sa patrie. Il se tient à la conjonction du capitalisme et de l’Église dans sa version la plus cynique. C’est Dieu le capital contre toutes les minorités. Si celles-ci ne s’adaptent pas à la majorité, qu’elles disparaissent ! Il l’a dit et répété. Pourquoi des territoires démarqués pour les Indiens ? Pourquoi des lois qui empêchent les policiers de tuer ? Pourquoi une politique d’inclusion sociale ? Si les noirs sont les plus pauvres, c’est de leur faute ! Ce sont les noirs eux-mêmes qui ont choisi de réduire leurs frères en esclavage. Les blancs n’y sont pour rien. Une politique de gauche est un bâton dans les roues du capital. Si le Messie n’était pas là pour nous sauver, cela ruinerait le pays !
Les Brésiliens ne sont pas en train d’élire un père capable d’ordonner le chaos dans lequel le pays est plongé. Ils ne font pas appel à un père autoritaire, capable de réfréner la jouissance. Les plus radicaux ne veulent pas retrouver un équilibre. Ils veulent au contraire un président au service de leur jouissance débridée qu’ils attribuent spéculairement à l’autre. Avec Bolsonaro, leurs actes de violence envers les minorités sont légitimés. C’est de la légitime défense. Ils pourront enfin donner libre cours à leur haine en toute impunité. Et puis il y a ceux qui choisissent Bolsonaro soi-disant « malgré son discours de haine », au prétexte qu’il « vaut mieux ça que la corruption ». Son discours de haine semble ne pas inquiéter cette part considérable de son électorat. Nous assistons ainsi à une banalisation croissante de la violence qui anime désormais la vie politique du pays. Faire l’autruche et choisir « malgré la haine » n’est pas une option. C’est un déni et une complicité. Si nous acceptons Bolsonaro, nous pouvons tout accepter. Ce serait réduire à rien les valeurs de la démocratie.
La démocratie appartient au diable et le pays en souffre. L’Autre jouisseur est aux commandes, mais le Messie veut nous en libérer. Il veut que la Vérité soit connue de tous. Il veut nous apporter la Bonne Nouvelle. Et si les Brésiliens ne sont pas tous prêts à l’entendre, il leur montrera le chemin !
1 : Bolsonaro accuse le Parti des Travailleurs (au pouvoir de 2003 jusqu’à l’impeachment de Dilma Rousseff en 2016) d’avoir plongé le Brésil dans la crise au nom d’un projet idéologique servant leurs propres intérêts.
Jair Messias Bolsonaro, le Messie des tropiques
par Leander Mattioli Pasqual
Jair Messias (le Messie) Bolsonaro est sur le point de devenir le prochain président du Brésil. Ses électeurs le voient comme un homme d’exception, un héros luttant contre tout un système. Ils croient que Bolsonaro est le seul à oser dire la vérité. Pour l’emblème de sa campagne électorale, il a choisi le verset biblique « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira » (Jean 8 :32). Libérer le peuple brésilien du joug des communistes est la mission divine de ce Messie des tropiques. Il ne cesse de le répéter et se dit l’instrument de la volonté de Dieu. S’il arrive aujourd’hui aux portes du pouvoir, c’est parce que Dieu l’a voulu. Le Messie est soutenu par un peuple touché par la grâce divine. Selon lui, les Brésiliens sont en train de se réveiller du cauchemar communiste qui a traîné le pays dans la boue (1).
Le Messie s’est fait connaître grâce à ses répliques racistes, misogynes et homophobes. Il est connu pour ces répliques qui tournent en dérision tout ce qui concerne les Droits de l’Homme. Le Messie ne croit pas aux Droits de l’Homme. Il fait éclater au grand jour leur statut de semblants : la vérité cachée des Droits de l’Homme est la jouissance des communistes corrompus ; les Droits de l’Homme protègent les bandits au lieu de protéger les bons citoyens. Pour lui « un bon bandit est un bandit mort ».
Le Messie veut protéger son peuple. Il veut en faire une armée. Les bons citoyens pourront désormais se défendre avec leurs propres armes. L’Homme s’entend bien avec les armes, dès lors pourquoi le priver de son instinct ? Le Messie lui-même se vante d’avoir appris à ses enfants à tirer dès l’âge de cinq ans. Il nous apprend que la Guerre est la vérité de l’Homme. Son vice-président (général de l’Armée) et lui soutiennent ouvertement les tortionnaires de la période de la dictature. Le général clamait récemment à la télévision que « les héros tuent ». Selon ce tandem, il ne s’agissait pas d’une dictature, mais d’une guerre contre les communistes ! Dans l’une de ses déclarations les plus déchaînées, Bolsonaro affirme que les militaires de cette période-là auraient dû aller plus loin dans leur mission. Au lieu de tuer quelques centaines de personnes, ils auraient dû en tuer 30.000 ! Et il ajoute : « Tant pis pour les innocents tués ! », ça fait partie de la guerre. Ils ont commis une autre grave erreur, selon lui, celle de torturer sans tuer.
Le Messie ne veut pas rétablir l’ordre. Sa bataille ne vise pas la corruption comme il aime à le faire croire. Sa mission n’est pas de remettre le pays dans le droit chemin. Il dénonce la jouissance débridée (homosexuelle entre autres) des communistes, mais accepte qu’un ancien acteur de films X soit élu député par son parti. Il dénonce la corruption, mais
se rallie à un évêque évangélique ultra riche qui a fait fortune grâce à son Église Universelle. Il dénonce les vieux parasites du système politique, mais a fait élire tous ses enfants. Il dit « le Brésil au-dessus de tout », mais adopte une politique économique ultra-libérale et salue le drapeau américain. Non. Le Messie ne sert pas sa patrie. Il se tient à la conjonction du capitalisme et de l’Église dans sa version la plus cynique. C’est Dieu le capital contre toutes les minorités. Si celles-ci ne s’adaptent pas à la majorité, qu’elles disparaissent ! Il l’a dit et répété. Pourquoi des territoires démarqués pour les Indiens ? Pourquoi des lois qui empêchent les policiers de tuer ? Pourquoi une politique d’inclusion sociale ? Si les noirs sont les plus pauvres, c’est de leur faute ! Ce sont les noirs eux-mêmes qui ont choisi de réduire leurs frères en esclavage. Les blancs n’y sont pour rien. Une politique de gauche est un bâton dans les roues du capital. Si le Messie n’était pas là pour nous sauver, cela ruinerait le pays !
Les Brésiliens ne sont pas en train d’élire un père capable d’ordonner le chaos dans lequel le pays est plongé. Ils ne font pas appel à un père autoritaire, capable de réfréner la jouissance. Les plus radicaux ne veulent pas retrouver un équilibre. Ils veulent au contraire un président au service de leur jouissance débridée qu’ils attribuent spéculairement à l’autre. Avec Bolsonaro, leurs actes de violence envers les minorités sont légitimés. C’est de la légitime défense. Ils pourront enfin donner libre cours à leur haine en toute impunité. Et puis il y a ceux qui choisissent Bolsonaro soi-disant « malgré son discours de haine », au prétexte qu’il « vaut mieux ça que la corruption ». Son discours de haine semble ne pas inquiéter cette part considérable de son électorat. Nous assistons ainsi à une banalisation croissante de la violence qui anime désormais la vie politique du pays. Faire l’autruche et choisir « malgré la haine » n’est pas une option. C’est un déni et une complicité. Si nous acceptons Bolsonaro, nous pouvons tout accepter. Ce serait réduire à rien les valeurs de la démocratie.
La démocratie appartient au diable et le pays en souffre. L’Autre jouisseur est aux commandes, mais le Messie veut nous en libérer. Il veut que la Vérité soit connue de tous. Il veut nous apporter la Bonne Nouvelle. Et si les Brésiliens ne sont pas tous prêts à l’entendre, il leur montrera le chemin !
1 : Bolsonaro accuse le Parti des Travailleurs (au pouvoir de 2003 jusqu’à l’impeachment de Dilma Rousseff en 2016) d’avoir plongé le Brésil dans la crise au nom d’un projet idéologique servant leurs propres intérêts.
Jair Messias Bolsonaro, le Messie des tropiques
par Leander Mattioli Pasqual
Jair Messias (le Messie) Bolsonaro est sur le point de devenir le prochain président du Brésil. Ses électeurs le voient comme un homme d’exception, un héros luttant contre tout un système. Ils croient que Bolsonaro est le seul à oser dire la vérité. Pour l’emblème de sa campagne électorale, il a choisi le verset biblique « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira » (Jean 8 :32). Libérer le peuple brésilien du joug des communistes est la mission divine de ce Messie des tropiques. Il ne cesse de le répéter et se dit l’instrument de la volonté de Dieu. S’il arrive aujourd’hui aux portes du pouvoir, c’est parce que Dieu l’a voulu. Le Messie est soutenu par un peuple touché par la grâce divine. Selon lui, les Brésiliens sont en train de se réveiller du cauchemar communiste qui a traîné le pays dans la boue (1).
Le Messie s’est fait connaître grâce à ses répliques racistes, misogynes et homophobes. Il est connu pour ces répliques qui tournent en dérision tout ce qui concerne les Droits de l’Homme. Le Messie ne croit pas aux Droits de l’Homme. Il fait éclater au grand jour leur statut de semblants : la vérité cachée des Droits de l’Homme est la jouissance des communistes corrompus ; les Droits de l’Homme protègent les bandits au lieu de protéger les bons citoyens. Pour lui « un bon bandit est un bandit mort ».
Le Messie veut protéger son peuple. Il veut en faire une armée. Les bons citoyens pourront désormais se défendre avec leurs propres armes. L’Homme s’entend bien avec les armes, dès lors pourquoi le priver de son instinct ? Le Messie lui-même se vante d’avoir appris à ses enfants à tirer dès l’âge de cinq ans. Il nous apprend que la Guerre est la vérité de l’Homme. Son vice-président (général de l’Armée) et lui soutiennent ouvertement les tortionnaires de la période de la dictature. Le général clamait récemment à la télévision que « les héros tuent ». Selon ce tandem, il ne s’agissait pas d’une dictature, mais d’une guerre contre les communistes ! Dans l’une de ses déclarations les plus déchaînées, Bolsonaro affirme que les militaires de cette période-là auraient dû aller plus loin dans leur mission. Au lieu de tuer quelques centaines de personnes, ils auraient dû en tuer 30.000 ! Et il ajoute : « Tant pis pour les innocents tués ! », ça fait partie de la guerre. Ils ont commis une autre grave erreur, selon lui, celle de torturer sans tuer.
Le Messie ne veut pas rétablir l’ordre. Sa bataille ne vise pas la corruption comme il aime à le faire croire. Sa mission n’est pas de remettre le pays dans le droit chemin. Il dénonce la jouissance débridée (homosexuelle entre autres) des communistes, mais accepte qu’un ancien acteur de films X soit élu député par son parti. Il dénonce la corruption, mais
se rallie à un évêque évangélique ultra riche qui a fait fortune grâce à son Église Universelle. Il dénonce les vieux parasites du système politique, mais a fait élire tous ses enfants. Il dit « le Brésil au-dessus de tout », mais adopte une politique économique ultra-libérale et salue le drapeau américain. Non. Le Messie ne sert pas sa patrie. Il se tient à la conjonction du capitalisme et de l’Église dans sa version la plus cynique. C’est Dieu le capital contre toutes les minorités. Si celles-ci ne s’adaptent pas à la majorité, qu’elles disparaissent ! Il l’a dit et répété. Pourquoi des territoires démarqués pour les Indiens ? Pourquoi des lois qui empêchent les policiers de tuer ? Pourquoi une politique d’inclusion sociale ? Si les noirs sont les plus pauvres, c’est de leur faute ! Ce sont les noirs eux-mêmes qui ont choisi de réduire leurs frères en esclavage. Les blancs n’y sont pour rien. Une politique de gauche est un bâton dans les roues du capital. Si le Messie n’était pas là pour nous sauver, cela ruinerait le pays !
Les Brésiliens ne sont pas en train d’élire un père capable d’ordonner le chaos dans lequel le pays est plongé. Ils ne font pas appel à un père autoritaire, capable de réfréner la jouissance. Les plus radicaux ne veulent pas retrouver un équilibre. Ils veulent au contraire un président au service de leur jouissance débridée qu’ils attribuent spéculairement à l’autre. Avec Bolsonaro, leurs actes de violence envers les minorités sont légitimés. C’est de la légitime défense. Ils pourront enfin donner libre cours à leur haine en toute impunité. Et puis il y a ceux qui choisissent Bolsonaro soi-disant « malgré son discours de haine », au prétexte qu’il « vaut mieux ça que la corruption ». Son discours de haine semble ne pas inquiéter cette part considérable de son électorat. Nous assistons ainsi à une banalisation croissante de la violence qui anime désormais la vie politique du pays. Faire l’autruche et choisir « malgré la haine » n’est pas une option. C’est un déni et une complicité. Si nous acceptons Bolsonaro, nous pouvons tout accepter. Ce serait réduire à rien les valeurs de la démocratie.
La démocratie appartient au diable et le pays en souffre. L’Autre jouisseur est aux commandes, mais le Messie veut nous en libérer. Il veut que la Vérité soit connue de tous. Il veut nous apporter la Bonne Nouvelle. Et si les Brésiliens ne sont pas tous prêts à l’entendre, il leur montrera le chemin !
1 : Bolsonaro accuse le Parti des Travailleurs (au pouvoir de 2003 jusqu’à l’impeachment de Dilma Rousseff en 2016) d’avoir plongé le Brésil dans la crise au nom d’un projet idéologique servant leurs propres intérêts.