... pour ne pas s'écrouler sous le poids de la douleur...et des remords ?
Portant l'outrance de la manifestation de cette douleur qui frisait l'impudeur et allait jusqu’à côtoyer l’exhibitionnisme, interpellait forcément les enquêteurs comportementalistes tout comme les psys à fortiori experts judiciaires.
Durant trois mois, le comportement que Jonathann Daval nous donnait à voir, continuait de s'inscrire dans le forçage compassionnel qui protège le grand public de toute insinuation péjorative. Pas besoin de réfléchir, il faut juste subir et plaindre par empathie, car c'est la configuration normative du cerveau qui décrypte de manière projective et rigidifiée ce que l'on ressent.: cet homme d'allure si juvénile souffre tant, c'est forcément une victime, et en fond d'écran en subliminal, le terme d'innocent s'inscrivait inconsciemment. L'inverse eût créé ce que l'on appelle une dissonance cognitive et l'on sait combien il est coûteux en énergie psychique de lutter contre des opinions groupales induites par l'habitude et renforcées par l'influence des médias.
De nombreux film ou séries qui ont pour ressort les stratégies, la double personnalité et la duplicité des criminels sans oublier celle des pédocriminels, n'impriment pas cette éventualité dans le réel, et il n'y a pas ce que l'on appelle en psychologie, une absence totale de transfert d'apprentissage.Et c'est toujours après coup que les journalistes se régalent de donner la parole aux voisins, familiers ou amis, d'odieux délinquants qui sont toujours décrits comme des personnes extrêmement sympathiques, ou d'une gentillesse et d'une serviabilité exemplaires. La psychiatre Muriel Salmona en fait état largement dans un article publié sur LE POINT en date du 31 janvier 2018.
Pour en avoir souvent discuté avec des proches résidant en Grande Bretagne, il semblerait que les anglais possèdent des références culturelles que nous n'avons pas et qui pourrait les protéger de ces adhésions d'opinion positives, dès lors que le comportement impose de manière répétitive une conviction qu'un individu veut faire partager à tout prix ( sauf pour ce qui concerne les mensonges du Brexit pour de multiples raisons qui n'ont pas leur place ici). En effet, dès que ce genre de situation se présente, ils disent en référence à Shakespeare ( Hamlet) « The Lady does protest too much » et cela devient He, or She does protest too much. Une protestation défensive trop appuyée dans son expressivité, quelle que soit sa forme, induit d'emblée une méfiance voire une suspicion de culpabilité. Pour ce qui concerne le judiciaire, ils bénéficient d'une autre protection qui est celle de l'interdiction d'articles médiatiques dès lors qu'une personne est mise en examen. La moindre publication d'un commentaire sur l'affaire en cours, relèverait d'une éventuelle plainte pour outrage à magistrat.
En France, les procès d'Outreau ont été des procès téléréalité comme jamais on aurait pu le voir outre manche. La Justice médiatique y a autorisé le passage en boucle des larmes des accusés occupant tout l'espace victimaire, anéantissant celui des enfants présumés victimes. Le forçage compassionnel a été accentué par l'injonction d'identification « Cela peut vous arriver à tous ». Dans ces procès là, les enfants sont toujours perdants car ils ne peuvent se présenter à la télévision ou dans les magasines, or pour exister la souffrance doit s'incarner par l'image. La dictature de l'émotion ne bénéficie qu'à ceux qui ont accès aux images médiatiques, donc aux adultes-sauf en cas de décès de la victime-son image est « protégée » et cela permet d'ignorer son traumatisme voire de le nier.La sérénité des débats n'a plus jamais été assurée et aujourd'hui la vérité judiciaire des enfants d'Outreau a subi une omerta qui continue de porter préjudice à la prise en compte de la parole des victimes d'agressions sexuelles. Pourtant 12 d'entre eux ont été reconnus victimes de viols, agressions sexuelles, corruption de mineurs et proxénétisme. Mais les images des acquittés restent gravées en chacun de nous, renforçant le déni de leur parole et la diabolisation de leur personnalité.
Avec l'affaire Jonathann Daval, et grâce à la puissance du forçage compassionnel, l'on constate qu'il reste une victime et cela ne crée pas de dissonance cognitive alors que le rationnel a corrigé la réalité, il est un criminel selon ses dires, et malgré les éléments accablants qui ont justifié sa mise en examen, on doit respecter bien évidemment la présomption d'innocence. Ses avocats en tirent le profit qu'ils estiment nécessaire pour sa défense. Leur attitude a scandalisé car ils ont de suite évoqué une éventuelle maltraitance de leur client par l'épouse... Alexia Daval aurait eu des crises de violences...l’inversion des culpabilités était installée, une fois de plus dirons-nous qui avons si bien connu ce phénomène en tant qu'expert judiciaire assistant aux stratégies de certains avocats de la défense, surtout quand les victimes sont des enfants.
Toutefois, grâce à la belle réactivité publique de Marlène Schiappa, la Secrétaire d’État à l'égalité Homme-Femme, cette inversion qui aurait pu infiltrer l'opinion pré-anesthésiée, a été stoppée nette. Les protestations des féministes relayées par une représentante de l’État ont pris un sens légitime et officiel. C'est le refus sociétal des maltraitances et injustices faites aux femmes qui continue à s'exprimer par cette voix gouvernementale et toutes les femmes y voient avec gratitude, la restauration définitive de leur dignité. N'en déplaise à Philippe Bilger, cet ancien magistrat haut parleur, qui critique l'intervention de Marlène Schiappa au prétexte du non respect du pré carré judiciaire, son argument n'est en réalité rien d'autre qu'un alibi faisant écran à une position clairement sexiste.
Au final, souhaitons que le Président de la République constatant l'efficacité et les effets bénéfiques de son engagement personnel dans cette lutte contre toutes les formes d'agressions faites aux femmes, puisse à présent créer avec son Premier Ministre, un autre secrétariat d’état dédié à la protection des enfants victimes de maltraitances physiques et sexuelles. Il s'avère que plus les procès seront médiatisés- et c'est une réalité- et plus les enfants seront perdants, du fait de l'utilisation de ce forçage compassionnel par l'image,on l'a constaté, comme stratégie de défense des auteurs.
Rappelons ici le courrier reçu le 19 octobre 2017 dans lequel le chef de Cabinet de la Présidence, François-Xavier LAUCH précise : « Le Chef de l’État a pris connaissance avec la meilleure intention du témoignage que vous livrez à travers vos deux ouvrages ( « Outreau, la Vérité abusée » et « L'enfant agressé et le Conte créatif ») en tant que psychologue et expert judiciaire, sur la prise en compte dans notre société et par nos institutions, de la maltraitance infantile. Parce que la lutte contre les violences faites aux enfants doit être poursuivie sans relâche, Monsieur Emmanuel Macron tient à vous assurer de tout son engagement faveur de l'amélioration de la connaissance des droits de l'enfant par le grand public ».
Dont acte ! ?
NB :
--L'analyse de l'attitude de Jonathann dans cet article, n'est pas une investigation intra-psychique qui permettrait de mettre à jour les ressorts de son fonctionnement. Seules des expertises psychologiques et psychiatriques pourraient en faire état et elles seront demandées comme toujours par le juge d'instruction. L'analyse est uniquement psycho-sociale, à savoir qu'elle renvoie à ce que le Sujet donne à voir de son comportement, dans son interactivité avec les autres et ici le téléspectateur, via les médias . Donc pas de vision réductrice, mais juste un canal explicatif dans sa spécificité au niveau de l'influence groupale culturelle. C'est bien comme cela qu'il a été compris.
--mchristine gryson a retweeté psyaujourdhui
Soutien absolu aux commentaires de @MarleneSchiappa indispensables à la prise de conscience pour chaque actualité de leur traitement sexiste et des réflexes misogynes, id pour les critiques qu'elle reçoit. C'est une véritable rééducation culturelle qui correspond+++ à sa mission