Au moment où les médias relaient l'information sur l'audiencement du prochain procès d'Outreau qui se tiendra à Rennes du 18 mai au 5 juin 2015, on constate la persistance du storytelling d'Outreau car la partie civile n'est pas interviewée, pas plus que les auteurs de la version du contradictoire publiée dans des ouvrages : « Outreau la vérité abusée » dès 2009, «Je suis debout » en 2011 puis « Retour à Outreau, contre-enquête sur une manipulation pédo-criminelle » en 2013 et dans un film : « Outreau une autre vérité » la même année(1). En revanche, on interroge encore et toujours le Dr Paul Bensussan qui n'est pourtant pas pédo-psychiatre et qui n'a pas fait partie du collège des 7 experts qui ont validé la parole des victimes mineures. Étonnamment, il est devenu pour les médias le « sachant » officiel de la remise-en-cause de la parole des enfants d'Outreau car il se garde bien de rappeler que 12 d'entre eux ont été reconnus victimes de viols, agressions sexuelles, corruption de mineurs et proxénétisme.
Rappelons que ce procès de Rennes concerne la comparution devant les assises de Daniel Legrand fils pour les faits qui lui sont reprochés pour la période où il était mineur1. L'intérêt de cet audiencement concerne l'opportunité pour des victimes devenues adultes, d'être normalement entendues en s'exprimant à armes psychiques égales avec l'accusé. Quel que soit le verdict, en clôturant ainsi les procédures françaises, il permettra en outre aux parties civiles de s'adresser à la Cour européenne de Justice pour y dénoncer les dysfonctionnements des procès de 2004 et 2005 au détriment des victimes (installées dans le box des accusés, n'ayant que 2 avocats contre 19 pour les accusés, les excuses aux accusés d'un Procureur avant le délibéré des jurés etc...)
L' imposture famtomatique :
Fantomatique pour les enfants car ils ne l'ont jamais vu... Paul Bensussan est bien le fantôme de la vérité défunte dans cette affaire d'Outreau, car il apparaît régulièrement dans les médias pour mettre à mal la vérité judiciaire des enfants reconnus victimes.
Triple imposture, car en tant que médecin psychiatre, expert judiciaire national, considéré comme "sachant" sur la parole des enfants, il aurait dû se plier à ses obligations professionnelles et déontologiques. Cette affaire d'Outreau a été le tremplin de sa notoriété et ses positions qui nourissaient la doxa officielle ont promu sa carrière au plan national et international, or :
1- Il n'a jamais rencontré et encore moins expertisé les enfants d'Outreau.
2- Il n'a pas dénoncé la manière dont ils ont été interrogés, dans des conditions incompatibles avec les acquis de la victimologie infantile.
3- Il n'a pas respecté la profession de psychologue clinicien(ne) en critiquant des expertises qui ne sont pas de sa spécialité et donc de sa compétence.
1- Paul Bensussan n'a jamais rencontré et encore moins expertisé les enfants d'Outreau
Et pour cause, il ne les a jamais vus ni de près ni de loin, avant ou lors des procès d'Outreau. Comment peut-il dans le respect de la déontologie émettre un avis sur leurs révélations de viols et agressions sexuelles? Après consultation auprès d'un représentant du Conseil de l'Ordre des médecins, il semble que cette attitude pourrait être jugée en Conseil disciplinaire mais il aurait fallu que les enfants s'en plaignent... il n'avait donc aucune crainte à avoir !
Le docteur Paul Bensussan est donc venu aux procès d'Outreau, à l'invitation de la défense, évoquer le mensonge des enfants carencés, la confusion entre réel et imaginaire, la dictature de l'émotion et la tendance qu'ont les psychologues d'être aveuglés par la cause des enfants. Il a disserté sur des généralités lors des procès, certes, mais comme ces enfants-là étaient carencés, CQFD.
Le plus choquant a été son comportement dans les médias : n'étant pas tenu par l'obligation de réserve des experts officiels, il a pu répandre ses thèses sur la remise en cause de la parole des enfants sur toutes les radions et télévision, mais aussi bien sûr dans les journaux et se faire ainsi connaître en tant qu'interlocuteur privilégié sur la soit-disant « incompétence des experts d'Outreau » ayant grandement contribué au prétendu fiasco judiciaire qui n' est pas celui que l'on croit. Il a par ailleurs donné un cours magistral sur ce sujet aux députés lors de son audition face à la Commission parlementaire. Et s'il évoque les rétractations de Myriam Badaoui, il ne donne que l'explication du mensonge quant à sa rétractation, sans être effleuré par toutes les autres explications possibles.
Et lorsque l' ainé des enfants victime Chérif Delay sort la tête hors de l' eau pour écrire sa vérité sur l' affaire, culpabilisé de ne pas l' avoir fait plus tôt ("Je suis debout" édition Cherche -Midi) Paul Bensussan vient dans les médias discréditer ses révélations, à la remorque de Me Dupond -Moretti qui traite Chérif Delay de mythomane. Il est moins frontal que l'avocat, mais il dit la même chose quand il précise lors d'une interview dans le Nouvel Observateur du 13 Mai 2011 : "Il ne faut pas sacraliser la parole de Chérif Delay". Tous les deux utilisent l' argument de la compassion perverse : "C' est un pauvre enfant traumatisé, c' est une grande victime "! Sous entendu : il ne fait pas faire attention, il dit n'importe quoi !
Pau Bensussan reprend aujourd'hui lors de ses interviews, les thèmes du militantisme et de la prétendue sacralisation de la parole des enfants de l'époque de l' affaire d'Outreau. Or les chiffres officiels établis par les services de la Défenseure des enfants Claire Brisset (15 Millions d'enfants à Défendre, Albin Michel, 2005) rapportent que seulement 10 % des révélations de viols et agressions sexuelles débouchaient sur une procédure judiciaire en 2001. Rappelons aussi qu'à cette époque justement, une centaine de médecins, pédopsychiatres, et pédiatres étaient poursuivis par le Conseil de l'ordre pour des signalements qui n'avaient pas abouti, après retournement vers leur instance disciplinaire par les mis-en-cause. On est loin de cette prétendue sacralisation de la parole des enfants dont les révélations sont rares et plus souvent très tardives.
Ce que le lecteur non-spécialiste de l'Enfance ne sait sans doute pas, c'est que Paul Bensussan est le promoteur d'une théorie des plus controversées à savoir le SAP (syndrome d'aliénation parentale) qui vient d'être rejeté par le consensus psychiatrique international en refusant son inscription au DSM IV (dictionnaire psychiatrique officiel) . Le SAP est classiquement utilisé pour remettre en cause les révélations d'agressions sexuelles. Le SAP et « Outreau » sont classés dans les théories anti-victimaires par l'Expert Psychiatre Gérard Lopez qui en démontre l'absence de fondement éthique et scientifique dans son dernier ouvrage « Enfants violés et violentés, le scandale ignoré » ( Dunod 2013). Un autre ouvrage de référence - celui du professeur Maurice Berger et Jacqueline Phélip « Divorces et séparations, les enfants sont-ils protégés » ( Dunod 2012) - rend compte dans le détail de toutes les recherches qui discréditent ce syndrome construit de toute pièce par un certain Gardner, psychiatre qui a été lui-même accusé d'agressions sexuelles, dans une auto-publication non validée scientifiquement.
2- Il n'a pas dénoncé la manière dont ils ont été interrogés lors des procès dans des conditions incompatibles avec les acquis de la victimologie infantile.
Un véritable spécialiste de la parole des enfants aurait dénoncé la manière dont ils ont été interrogés lors des procès comme je l'ai fait devant les députés de la Commission Parlementaire Outreau, c'était la moindre des choses, mais je n'étais pas audible.
Mais de prime abord, lorsqu'il est entré dans cette Cour d'Assises du Pas-de-Calais, il aurait dû être interpelé en tant que « psy », comme je l'ai été (cf chapitre 1 « Outreau la vérité abusée ») par la disposition inédite des lieux qui bafoue la symbolique judiciaire et a une incidence psychologique évidente sur la tenue des débats. Comme on le sait maintenant, faute de moyens pour installer un chapiteau, les enfants étaient placés dans le box des accusés et les accusés étaient dans la salle d'audience avec leurs avocats et les journalistes, comme s'ils étaient spectateurs de leur procès ou plutôt du procès des enfants !
Chérif Delay témoigne dans l'interview qui suit, du ressenti des victimes. Il évoque également le prochain procès Daniel Legrand qui le concerne directement :
http://www.youtube.com/watch?v=POi-FEI2uVo
Permettez-moi de poursuivre avec une anaphore qui marquera bien mon indignation:
- En tant que « sachant » spécialiste de la parole des enfants victimes, il aurait dû expliquer qu'un enfant ne peut, 4 années après les faits, mobiliser sa mémoire comme un adulte et exposer devant ses présumés agresseurs des actes honteux, incongrus et culpabilisants (fellation et sodomie, viols en réunion) qui concernent la sexualité aberrante qui lui a été imposée par des adultes et parfois par ses propres parents. Il aurait pu dire que ces actes-là sont aussi des viols quand la défense a évoqué le mensonge d'une fillette en prétendant qu'elle était encore vierge, argument largement repris et amplifié par les médias.
- En tant que » sachant », il aurait dû dire que les analyses de la parole de l'enfant doivent se faire au plus près des faits dans un contexte protégé et avec une méthodologie adaptée. Précisons que les enquêteurs OPJ du Pas-de-Calais qu'il remet en cause avaient été formés à la procédure Mélanie et ce dès 1998 (j'avais participé à la procédure de formation). Ils avaient donc pris soin de poser des questions non-suggestibles. Il dit aujourd'hui que c'est enfin ce que l'on trouve dans les procédures
(France Info 7 mai 2014 « Dix ans après Outreau, quelles leçons pour la Justice ? ») induisant le mauvais recueil de la parole des enfants d'Outreau par les OPJ. Il ne parle plus des experts...
- En tant que « sachant », il aurait dû dénoncer les odieuses conditions d'interrogatoire des 17 avocats de la défense, parfois durant 7 heures pour de jeunes enfants face à des spécialistes de la rhétorique. Pas besoin d'être psychologue, le bon sens suffit pour comprendre que dans ces conditions, l'enfant est forcément perdant.
- En tant que « sachant », il ne pouvait ignorer la manière dont ces avocats interprétaient les erreurs des enfants. Il ne pouvait pas non plus ignorer leur terreur face à la brutalité de certains avocats dénoncée par le Procureur Maurel et les assesseurs (voir cet article dans la Semaine dans le Boulonnais) .
Il ne pouvait l'ignorer durant son intervention lors des procès et a fortiori lors de son audition devant la Commission Parlementaire puisque Claire Brisset avait écrit un article retentissant dans LE MONDE ( 29 Mai 2004) juste après y avoir assisté : « Pitié pour les enfants d'Outreau ». Eric Dupond Moretti, ou plutôt Acquitator était à la tête d'une armée de 17 avocats... et les enfants n'en avaient que deux qui étaient selon les témoins, eux aussi tétanisés... on imagine aisément la tragédie qui s'y est déroulée !
On sait aujourd'hui grâce au témoignage percutant de Me Pouille-Deldicque, avocat de Myriam Badaoui, combien cet interrogatoire a été insupportable pour des enfants déjà lourdement traumatisés. La bande-annonce du film de Serge Garde en donne un extrait où elle compare l'attitude des avocats de la défense face à un enfant seul, au HAKA des All Black . Il présente également un extrait du témoignage de Chérif Delay qui dit avoir été « égorgé comme un mouton »... (voir cet article sur le blog médiapart de Dominique Ferrières)
Le rapport de la Commission parlementaire ( N° 3125, Juin 2006 : « Au nom du peuple français, Juger après Outreau ») est dans la partie qui évoque l'interrogatoire des enfants, non seulement une atteinte aux acquis de la psychologie et de la victimologie infantiles, mais aussi une atteinte au bon sens de tout un chacun. Mais dans cette affaire où le rationnel avait disparu, on n'était pas à une aberration près. Dès lors qu'un sachant aussi savant que le Docteur Bensussan ne dit rien sur la manière dont les enfants ont été interrogés, et même si aucune vérité ne pouvait sortir d'un tel procès comme l'a écrit Claire Brisset (Ibid), on ne peut reprocher aux députés et à son rapporteur Philippe Houillon d'oser écrire page 75 en caractère gras :
« Les questions que les avocats de la Défense ont posées aux enfants ont révélé la fragilité de leurs propos. Certains conseils des parties civiles se sont certes indignés de la vigueur avec laquelle les enfants ont été interrogés. On peut cependant constater que seul un interrogatoire contradictoire dans un contexte où la parole de l'enfant ne recevait pas une validation systématique de l'adulte a permis de révéler la fragilité des révélations des mineurs ».
Il est fait allusion particulièrement aux trois enfants sur 15 qui n'ont pas maintenu leurs révélations à 11 heures du soir après avoir attendu des heures dans un local sans fenêtre, avec des sandwichs infâmes selon leur référente Claire Beugnet (Dans ce même rapport) . Ils étaient terrorisés, ils craignaient de retrouver les conditions du procès de St Omer, seuls face à 17 avocats effrayants en robe noire … ils craignaient de ne plus avoir de train... comme en a témoigné un expert présent dans la salle des témoins. Ils ont dit à la barre qu'ils ne se souvenaient plus… et la traduction « libre » -compte tenu du huis clos- pour les médias donnée par les avocats de la défense a été : ils ont reconnu avoir menti, ils ont disculpé tel et tel accusé. Ce sont donc au regard des députés, les avocats de la défense qui sont devenus les spécialistes de la parole des enfants !
Or l'on sait depuis 1983 avec les travaux de SUMMIT que lorsqu'un enfant ressent un doute chez son interlocuteur, il se rétracte. La raison essentielle étant que ce qu'il souhaite le plus au monde, c'est d'avoir fait un affreux cauchemar et non pas d'avoir vécu ce qu'il a vécu. Le but des avocats était bien de le faire douter...et pour reprendre les termes de l'ex-Président des assises Michel Gasteau qui s'exprime dans le film « Outreau, l'Autre vérité » : « Fermer la bouche d'un enfant en l'inpressionnant, c'est tout sauf de la Justice ! »
3- Il n'a pas respecté la profession de psychologue clinicien (ne) en critiquant des expertises qui ne relèvent pas de sa spécialité et donc de sa compétence.
Je suis encore choquée de l'outrecuidance de l'attitude de Paul Bensussan critiquant pour l'émission « Faites entrer l'accusé » du 30 Janvier 2008 avec Christophe Hondelate, l'expertise réalisée par le Professeur Jean-Luc Viaux et moi-même en dualité d'Expert. C'est Jean-Luc Viaux qui avait rédigé le rapport de deux expertises effectuées séparément avec des méthodologies et des tests différents et complémentaires.
Le professeur Viaux est titulaire de deux Doctorats en psychologie, il est expert judiciaire depuis 25 ans, il est responsable d'un diplôme d'expertise et de psychologie légale à l'Université de Rouen et il est l'auteur d'un grand nombre de travaux et de publications sur le sujet.
Et c'est d'un air à la fois docte et détaché que le Docteur Bensussan a lu et commenté l'expertise de l'un des enfants Delay : « Cet enfant ne ment pas, il fait un rêve éveillé »....Il lit en réalité le récit traumatique et spontané de l'enfant qui revit les faits, récit retranscrit tel quel et ensuite analysé par les deux experts. Il ose ainsi remettre en question publiquement le travail des deux experts psychologues sans connaître ni pratiquer leurs méthodes spécifiques et il propose un diagnostic alors qu'il n'a jamais rencontré cet enfant ! Je renvoie au chapitre 1 pour les commentaires.
Soulignons que ces expertises ont été qualifiées de « particulièrement fouillées et individualisées et ne laissant aucun doute sur les recherches approfondies des deux experts »( JLViaux et MCGryson) par les magistrats de la Cour d'Appel de Rouen en formation disciplinaire en date du 22 Mai 2006 . Il ne s'agissait pas d'expertise de « Femmes de ménage » l'interview isolé du contexte ne concernaient pas les expertises d'Outreau.
Pour ma part, psychologue clinicienne hospitalière puis en libéral et donc praticienne de terrain et formatrice depuis 30 ans, je rends compte de mon travail auprès des enfants victimes de cette affaire avec l'extrait de l'une des expertises que j'ai présentée à la Commission parlementaire est rapportée de la page 36 à 42 dans mon ouvrage « Outreau la vérité abusée » publié en 2009 chez Hugo et cie.
Par ailleurs, je décris ma méthodologie pour les professionnels dans l'ouvrage « L'enfant agressé et le conte créatif » publié en 2013 chez Dunod. J'y expose la quarantaine de critères de validation de la parole d'un enfant présumé victime d'agressions sexuelles à la lumière des travaux en victimologie et de l'expérience données par plus de 2000 expertises d'enfants victimes (et d'adultes victimes enfant) et de très nombreuses années de thérapie de victimes de tous âges mais aussi d'agresseurs, dont de nombreuses ex victimes.
Et comme certains journalistes présents lors du procès ont évoqué l'absence de cohérence des récits des enfants en se référant à leurs repères adultes, je parlerai de la manière dont j'ai pu analyser en tant que psychologue cette notion de Cohérence qui fait partie des 40 critères étudiés. Cette simple démonstration suffira à démontrer au lecteur le sérieux et la rigueur de ce travail.
L'expert psychologue qui étudie la cohérence d'une révélation d'agressions sexuelles, l'évalue à 5 niveaux.
1- Cohérence au niveau du contexte de la révélation.
2- Cohérence de sa forme et de son contenu en fonction de l'âge du développement intellectuel et affectif, du fonctionnement de sa mémoire, de son rapport à la réalité, de la présence éventuelle d'autres traumatismes.
3- Cohérence en fonction de ce que l'on sait d'un récit d'enfant concernant un évènement qu'il a subi et sa spécificité en comparaison avec les récits d'évènements dont il a été témoin ou qu'on lui a racontés.
4- Cohérence du récit spontané par rapport à ce que l'on connait en victimologie infantile des spécificités des récits traumatiques .
5- Cohérence en fonction des éléments du dossier et en l'occurrence comme ce fut mon cas, en comparant les récits de tous les enfants, mais aussi des adultes qui reconnaissaient les faits de viols en réunion.
Bien évidemment le Docteur Bensussan n'a pas lu mon ouvrage sur Outreau, c'est regrettable car il aurait peut-être hésité à exporter au niveau international une contre-vérité judiciaire dans l'intitulé même de sa publication: « Le cas Outreau, fausses allégations d'abus sexuels », dans la revue américaine Child Adolesc Psychiatric Clin N Am 20 (2011) 519–532. Il focalise ses attaques sur Marie-Christine Gryson-Dejehansart en reprenant comme des vérités les stratégies mensongères utilisées lors du procès de st Omer. Focaliser sur un professeur d'université ne le rendait pas crédible. On constate qu'il adhère ainsi à la stratégie du bouc émissaire à l'instar de la Défense, qui ne peut fonctionner en effet si on rappelle que 7 experts ont examiné les enfants : 2 sur ordonnance du Juge d'Instruction et 5 sur mandat discrétionnaire du Président des Assises. Les enfants Delay-Badaoui ont été expertisés 4 fois dont une fois en dualité d'experts. Les autres enfants ont été expertisés deux fois, en 2001, 2002 et 2004.
Il y a eu au total 34 expertises qui sont toutes allées dans le même sens comme l'a précisé le Président Monier lors de son audition devant les magistrats de l'Inspection des Services Judiciaires.
http://www.lasemainedansleboulonnais.fr/actualite/faits_divers/tribunal/2009/01/29/article_phr-971777.shtml
Rien de tout cela dans son article, en revanche lorsqu'il commence par "purely factual summary of this historical case" il reprend en réalité, des extraits entiers du livre de Florence Aubenas "La Méprise" comme le précise le Docteur Philippe Iacono dont je recommande l'article sur Le Dr Ben Soussan.
On peut s'en étonner et avoir de sérieuses craintes sur l'objectivité de ce travail quand on sait que sa source référente était la journaliste Florence Aubenas qui avait contacté la Défense plusieurs mois avant le procès, qui n'avait jamais assisté à un procès d'assises et qui n'a aucune connaissance de la psychologie des agresseur et encore moins des victimes. On est encore plus dubitatif quand on sait que, tout comme le réalisateur du film « Présumé coupable », elle a pris des libertés incroyables - c'est un euphémisme – avec la réalité des faits en plaçant par exemple dans son récit, « les accusés dans le box » alors qu'ils n'y étaient pas . Paul Bensussan aurait dû lire ce qu'elle dit elle-même de son travail de journaliste que je cite à la page 156 de « Outreau la vérité abusée » :
« Le travail d'un journaliste ne consiste souvent plus à rendre compte de la réalité, mais à faire entrer celle-ci dans le monde de la représentation[...] On triche pour faire voir.[...] Le réel n'est plus que cette chose fatigante et capricieuse qui semble vouloir faire capoter l'histoire qu'on a écrite pour lui. » (La fabrication de l'information, Florence Aubenas, Miguel Benasayag, La découverte 1999.)
Au final, le docteur Bensussan qui reproche aux experts psychologues de s'asseoir dans le fauteuil du juge quand ils valident la parole d'un enfant, a pour sa part revêtu des vêtements qui ne sont pas ceux de l'expert, ce qui est très déstabilisant. On ne peut que constater qu'il a enfilé une robe d'avocat de la défense des avocats de la défense. Une robe fantomatique s'il en est… et qui doit faire peur aux enfants tout autant que la robe noire de l'avocat que Pascale Robert Diard a surnommé l'Ogre des assises ! (voir cet article)
Celui-là est la bête noire des magistrats tandis que l'autre est la bête noire des associations de défense des enfants.Quand les deux sont réunis, comme c'est souvent le cas dans les procédures d'agressions sexuelles, le triomphe est assuré pour Acquittator !
Dans de telles configurations, les jurés devront avoir autant de sang froid que ceux des assises de Saint-Omer pour entendre la souffrance des enfants et la traduction de leur traumatisme par les Experts Psychologues - ou Pédopsychiatres - afin de donner droit à leur statut de victimes, comme ce fut le cas lors du premier procès d'Outreau.
1Voir Outreau: "Daniel Legrand l'innocent aux mains pleines"