A écouter Emmanuel Macron ce dimanche 24 septembre, on se dit que l’hypocrisie n'a pas de limites.
Comment peut-il, en effet, dire « en même temps » (même si ce sont des mots auxquels il nous a habitué), après avoir été à la messe papale et ainsi fait allégeance au pape, que ce dernier a raison « d’appeler à ce sursaut d’indifférence » oubliant qu’il a parallèlement condamné les politiques migratoires européennes.
Il a même osé dire, comme Michel Rocard il y a 35 ans, que la France ne pouvait accueillir toute la misère du monde comme si toutes les personnes qui migrent dans le monde n'avaient qu'une idée en tête : venir dans notre pays. C’est d'une bêtise absolue quand on connaît la réalité des mouvements migratoires et surtout de celles qui fuient leur pays quelles qu’en soient les raisons (guerres, persécutions, misère ou dégradation de l'environnement), lesquelles sont de plus en plus entremêlées comme le soulignent les chercheurs qui travaillent sur ce sujet. Les personnes qui s'exilent, fuient au plus près d'abord à l'intérieur de leur pays, puis dans les pays limitrophes qui sont en général de même niveau de développement.
Mr Macron sait fort bien que la France n'accueille pas et n'a jamais accueilli toute la misère du monde.
Elle n'a même jamais été particulièrement généreuse en la matière (voir notamment comment les Républicains espagnols ont été accueillis en 1939). Et elle est même loin, très loin de prendre sa part pour paraphraser jusqu’au bout M Rocard qui avait tenté de compléter sa petite phrase.
Par exemple, elle n’a accueilli que 35 000 Syriens sur 6 millions (dont 3.5 M° en Turquie) et 110 000 Ukrainiens (seulement 70 000 sont encore là) sur les 4 millions qui ont quitté le pays. A titre de comparaison l’Allemagne a accueilli un million de Syriens et autant d’Ukrainiens (et ce n'est pas juste pour des raisons économiques et démographiques car elle reçoit aussi des personnes migrantes sans passer par l'asile).
En moyenne, la France accueille plus ou moins 0.4 % des réfugiés (chiffre du démographe Héran à un colloque organisé à St Brévin le 23 septembre).
C'est effrayant de voir le Président de la République puiser directement dans le vocabulaire du RN encore plus quand il dit que les personnes exilées viennent pour "notre modèle social généreux" (et on pourrait dire qu’il l’est de moins en moins) alors que les personnes étrangères en situation dite irrégulière n'ont pas droit aux aides et prestations sociales à l'exception de l'aide médicale d'état (AME) ce qui est le minimum d'humanité sans parler de nécessité de santé publique. Cette AME que le Sénat veut réduire et les Républicains veulent carrément supprimer sauf urgence !!!!
Le débat sur le projet de loi " immigration et asile" est inscrit en plénière au Sénat le 6 novembre et à l'AN en février, la surenchère bat son plein et l’on ne voit que trop bien à quel type de « compromis intelligent » aspire E. Macron.
A pleurer ou à hurler au choix.