Quoi que l’on pense des JO, pris ou pas par la fièvre qui s’est emparé au moins d’une partie de la population, il n’est pas possible de ne pas voir certains travers que paillettes et médailles ne peuvent occulter.
Selon les associations du collectif « Le revers de la médaille », des centaines de personnes ont été expulsées de leur lieu de vie informels dans les mois qui ont précédé les JO[2]. Il fallait faire place nette autour des principaux sites des JO, ne pas gâcher les images de la fête. Et le soi-disant héritage social promis en amont des jeux, s’est limité selon les chiffres même du président de la République au relogement de 216 grands marginaux alors que les associations demandaient 7 000 nouvelles places d’hébergement compte non tenu des mineurs isolés et de la fermeture de nombreux « hôtels sociaux » (certains bailleurs ayant décidé de reprendre la gestion directe de leurs établissements afin de les louer aux spectateurs des jeux plus rentables…).
Les personnes étrangères, qui constituent environ la moitié des personnes à la rue, ont été particulièrement ciblées. Des dispositifs spéciaux, les sas, ont été mis en place dans les régions non concernées par les jeux pour « accueillir » les personnes évacuées de Paris mais pour 3 semaines maximum le temps de les orienter vers une structure adaptée à leur situation administrative. Parmi eux, 40% de demandeurs d’asile ont pu (re)faire une demande d’hébergement mais avec des chances de succès infimes puisque les dispositifs sont saturés. Quant aux autres, dans le meilleur des cas, elles se sont retrouvées dans des structures d’hébergement d’urgence, elles aussi saturées, et certaines en ont même été expulsées si elles étaient en situation irrégulière et ce, au mépris de l’accueil inconditionnel.
Certains ne sont pas partis, voire sont revenus, et ont subi un véritable harcèlement policier destiné à parfaire « le nettoyage social » entrepris pour ne pas gâcher la fête, du matériel urbain (comprendre le plus souvent des énormes pierres) a été installé pour empêcher la reconstruction des camps d’infortune.
Ce ne sont là que quelques exemples parmi les plus insupportables car ils touchent les plus précaires mais on pourrait parler aussi de ceux et celles qui ont dû travailler au noir ou dont les heures supplémentaires n’ont pas été payées ou encore des intermittents du spectacle, qui ont fait le show d’ouverture et de fermeture, mais dont les indemnités ne couvraient pas les frais de transports et d’hébergement et d’autres…
Tout cela laisse un goût amer : le bilan a loin d’avoir été « positif » pour tout le monde.
[1] Du nom d’un collectif de plus de 80 associations mis en place bien avant les JO pour dénoncer les conséquences sociales de leur préparation sur les plus précaires dont l’Armée du Salut, ATD ¼ monde, la FAS, Médecins du monde, le Secours catholique et d’autres.
[2] Sur les trois derniers mois, 42 camps de migrants ont été démantelés à Paris et 2 572 personnes ont été expulsées.