Nous venons de passer une période pleine de rebondissements pour le pire et le meilleur.
Le pire étant la dissolution imposée à toutes et tous par Emmanuel Macron avec les résultats inattendus que l’on connait aujourd’hui qui créent une situation politique inédite sous la Vème République.
Reprenons les choses dans l’ordre, le score du RN aux élections européennes est un vrai signal d’alarme (le mot est faible) sur le ressenti de nombre de nos concitoyens par rapport à la montée des inégalités sociales et territoriales qui font le terreau du RN alors même qu’il n’y apporte aucune réponse bien au contraire. Soulignons que la montée des extrêmes droites frappe quasiment tous les pays européens mais que cette poussée n’a pas été aussi forte que beaucoup le prédisaient. En effet, la composition du Parlement européen reste assez stable, la grande coalition composée de la droite conservatrice (parti populaire européen – PPE), des socio-démocrates et des libéraux qui dirige les institutions européennes depuis leur création reste majoritaire avec plus de 400 députés sur 720. Ce qui change, c’est l’affaiblissement de l’aile « progressiste » permettant de construire des majorités alternatives sur des questions sociétales et notamment la défense des droits et libertés allant de la Gauche européenne[1] aux « Libéraux » en passant par les socio-démocrates et les Verts[2] et le renforcement des extrêmes droites et droites extrêmes sans qu’il ne soit plus guère possible de distinguer les membres du groupe dit des « conservateurs » (ECR) et ceux d’Identité et démocratie dans lequel siège le RN[3].
La dissolution a sonné comme un coup de tonnerre et les sondages montrant le RN bénéficiant d’une majorité quasi-absolue ont créé une onde de choc. Les Gauches ont su réagir rapidement et efficacement en créant en 24 heures le Nouveau Front populaire (NFP) et le Front républicain a permis, y compris par une fabuleuse mobilisation de la « société civile », d’empêcher le pire. Le NFP est arrivé en tête, Renaissance a évité la déroute et le RN se retrouve en 3ème place même si, ne l’oublions pas, il a quasiment doublé le nombre de ses parlementaires. Résultat, trois blocs d’importance quasi-équivalente et une situation inédite qui tourne le dos aux pratiques majoritaires de la IVème République.
Alors rien n’est gagné. Tout reste à construire. Ce qui va se passer dans les prochains mois peut conforter cette victoire de la gauche ou au contraire n’être qu’un bref intermède permettant au RN d’arriver, avec encore plus de forces, victorieux aux prochaines élections. L’enjeu est de taille. Les Gauches politiques doivent entendre les mobilisations citoyennes et réapprendre à travailler avec elles. Ce n’est que sur cette base qu’une nouvelle alternative à gauche pourra durablement se construire. Au travail !
[1] Saluons le fait que « La Gauche - GUE/NGL » groupe dans lequel j’ai siégé pendant 10 ans s’est renforcé (passant de 37 à 46 membres) alors que l’on annonçait son éclatement du fait des tentatives de constitution d’un nouveau groupe de gauche dite radicale par Sahra Wagenknecht, dissidente de Die Linke.
[2] Les Verts et les libéraux ayant perdu chacun une vingtaine de députés.
[3] Auxquels on peut ajouter un certain nombre de non-inscrits dont les membres de l’AFD et du Fidesz, parti de Viktor Orban qui a annoncé chercher à constituer un nouveau groupe politique patriote.