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Juriste Militante de l'égalité et des droits Vice-Présidente de la LDH 2019/2024 Députée européenne de 2009/2019

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Billet de blog 14 juin 2024

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Et si on parlait des élections européennes

Publié fin avril ce texte s'étonnait une fois de plus que les enjeux européens ne soient quasiment pas abordés par les candidats avec des illustrations sur les réalités de ceux ci et le rôle joué par les Etats européens dans la réalité des politiques de l'UE

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Comme tous les cinq ans, lors de ces élections, il est peu question des enjeux européens. Ce n’est pas nouveau mais cela s’aggrave. Résultat, nos concitoyens et concitoyennes sont celles et ceux qui connaissent le moins les institutions européennes alors même que notre pays est un des six fondateurs de l’UE.

Quel dommage car, pour mieux combattre des décisions, il vaut mieux comprendre comment elles sont prises. C’est vrai au niveau européen comme au niveau national. Quelques exemples peuvent aider à mieux comprendre notamment le rôle des Etats.

Parmi les plus récents : la directive sur la protection des travailleurs des plateformes qui introduit une présomption légale d’emploi et oblige les plateformes à prouver en cas de litige l’absence de relation de travail a été adoptée malgré l’opposition farouche de la France qui soutenait les amis d’E. Macron (Uber et Cie)[1]. C’est une belle victoire pour les travailleurs du secteur même si la France va probablement trainer les pieds avant de transposer cette directive.

Autre exemple : le pacte européen sur les migrations et l’asile. Les « méchants » mis en avant sont les Polonais et les Hongrois et de plus en plus les Italiens. Mais peu de gens savent qu’en réalité, la France est en première ligne pour durcir encore et encore les politiques européennes en ce domaine et ce, depuis fort longtemps. Ainsi récemment, une des pires dispositions du pacte est un règlement dit de filtrage qui a pour but d’empêcher les demandeurs d’asile d’accéder au territoire européen en créant une fiction juridique d’extra-territorialité sur le modèle des zones d’attentes à la française[2]. Les personnes enfermées dans des camps seront « triées » en fonction de leurs « chances » d’obtenir ou non l’asile : certaines demandes ne pourront même pas être examinées, d’autres subiront une procédure accélérée en fonction du pays dont elles sont originaires[3] et le peu qui restera aura droit de voir sa demande examinée dans des conditions « normales ». En fait, il s’agit d’empêcher l’application des droits national, européen et même international afin de refouler le plus grand nombre possible de personnes exilées au mépris de la Convention de Genève.

Enfin, parlons d’OSS 117 et de ses comparses, qui déjà députés européens ou pas, préfèrent l’invective, mentent comme des arracheurs de dents et ne connaissent même pas le contenu des textes votés au Parlement européen.

Tout cela fait le jeu de l’abstention. Or plus le nombre de celles et de ceux qui ne se rendront pas aux urnes sera important, plus les scores des extrêmes droites seront mathématiquement renforcés.

Bonne fin de campagne.

[1] Depuis l’adoption du Traité de Lisbonne, non seulement il y a plus de décisions qui sont prises conjointement avec le Parlement européen mais nombre d’entre elles n’ont plus besoin de l’unanimité du Conseil ; une majorité qualifiée suffit.

[2] Rappelons-nous que ce fut le cas au moment où l’Ocean Viking, après des jours de polémique, a pu accoster à Toulon.

[3] Ce sera le cas des ressortissants des pays dont moins de 20 % en moyenne européenne obtiennent l’asile dans l’UE sachant que selon les nationalités l’octroi d’asile peut être très différent allant par exemple de moins de 10 % à plus de 80 % pour les Afghans ce qui ramène à une moyenne de 40 %.

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