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marie christine vergiat

Juriste Militante de l'égalité et des droits Vice-Présidente de la LDH 2019/2024 Députée européenne de 2009/2019

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Billet de blog 19 février 2023

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Retraite : un nouveau symptôme de l’aveuglement du pouvoir

L'examen du projet de loi sur les retraites est caractéristique du mépris d'E. Macron et des siens au regard du mépris de la population et du fonctionnement démocratique des instittions

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Droits dans leurs bottes Emmanuel Macron et son gouvernement veulent à tout prix faire
passer la réforme du système des retraites et ils osent prétendre que c’est pour le sauver et au
profit de « ceux qui triment et n’ont d’autre richesse que le fruit de leur travail ». Au
moment où inégalités et précarisation explosent dans notre pays, il faut oser !
Après les réformes du code du travail et de l’assurance chômage, dans un contexte de
détérioration continue des services publics, ce n’est qu’une nouvelle étape vers la remise en
cause de l’État social et en particulier du système de répartition. Il s’agirait de choisir le
travail (ils devraient plutôt dire les salariés) alors que les syndicats privilégieraient les impôts
(sic) dont le taux est bien évidemment insupportable. Comme si capitaux et grandes
entreprises ne pouvaient pas être taxés.
 
Plus de deux tiers des Français (75 % des actifs) sont opposés à la réforme qu’ils jugent
injuste et inefficace. Rien d’étonnant donc à ce qu’ils soutiennent largement la mobilisation.
Sa nécessité économique est, en effet, est plus que contestable et il ne fait aucun doute qu’elle
aggravera les injustices sociales au détriment de celles et ceux ayant des carrières longues,
pénibles et précaires et notamment des femmes qui constituent l’immense majorité des
précaires. Elle réduira également la possibilité d’arriver à la retraite et de la vivre en bonne
santé sans parler du fait qu’un salarié sur deux n’est plus en emploi au moment de prendre sa
retraite.
  
Inacceptable dans son contenu, cette réforme est tout aussi contestable en termes de méthode :
la procédure annoncée constituant un véritable déni de démocratie.
En effet, le gouvernement prévoit d’utiliser une procédure qui n’a encore jamais été utilisée,
celle de l’article 47-1 de la Constitution 1 ) qui limite les débats à la portion congrue et prévoit
même un recours aux ordonnances si les assemblées avaient la tentation de prendre le temps
du débat. En prime, le support juridique de la réforme est un projet de loi de financement de la
sécurité sociale rectificatif et non un projet de loi ordinaire, outil contestable d’un point de
vue constitutionnel.
Conjuguer de telles méthodes avec des mesures d’injustice sociale ne peut qu’accentuer la
crise de confiance qui met en péril notre démocratie et favorise les dérives vers l’extrême-
droite. C’est un jeu dangereux auquel il serait temps de mettre fin 2 .

1 1 « Si l’Assemblée nationale ne s’est pas prononcée en première lecture dans le délai de vingt jours du dépôt du projet, le Gouvernement
saisit le Sénat qui doit statuer dans un délai de quinze jours. Il est ensuite procédé dans les conditions prévues à l’article 45. Si le Parlement
ne s’est pas prononcé dans les cinquante jours, les dispositions du projet peuvent être mises en œuvre par ordonnance ».
2 Au moment où j’écris ces lignes, à la veille de l’adoption du texte en Conseil des ministres, Gabriel Attal vient d’annoncer que le
gouvernement est prêt à « enrichir son texte, si l’équilibre est garanti en 2030 sans augmenter les impôts dans un souci d'apaiser les
inquiétudes des Français (sic). Je ne prends guère de risques à ajouter que cela sent le marché de dupes.

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