Dans quelques jours, le procès de Dominique Pelicot et de ses 50 co-accusés sera terminé. Ce procès aura été exemplaire à bien des égards.
D’abord, grâce à l'immense courage de la victime qui, en refusant le huis clos, a donné à voir publiquement la violence qu’elle avait subi pendant 10 ans (sans rien en savoir) et nous a toutes et tous interpellé·es pour donner à voir ce que cela signifiait au sein de notre société. Gisèle Pelicot a voulu faire de ce procès un nouveau procès du viol après la 3ème vague du féminisme initié avec #metoo qui a révélé la banalité des violences sexuelles subies par les femmes1.
Ce procès est aussi hors norme par le nombre des accusés. Ils sont cinquante plus un et ce sont pour la plupart des “Monsieur tout le monde” (“pompier, artisan, ex-policier, électricien ou même journaliste... ne souffrant d'aucune pathologie psychique notable” ce qui a mis à mal beaucoup d’idées reçues notamment sur le profil des violeurs qui ne sont pas plus des monstres que des personnes racisées.
La défense des accusés a d’ailleurs souvent été pathétique avec des avocats reprenant tous les stéréotypes pour minimiser les actes de leurs clients, allant même jusqu’à agresser Gisèle Pelicot et n'hésitant pas à renverser l’accusation, voire victimiser les accusés car bien sûr, comme toute victime de viol, Gisèle Pelicot devait avoir sa part de responsabilité dans tout cela.
Alors oui, on en est toujours là et beaucoup de femmes (et pas encore assez d’hommes) demandent que la honte change de camp car il n’y a qu’en matière de violences sexuelles que la charge de la preuve se retourne en permanence contre la victime. C’est la “logique” d’une société dans laquelle toutes les violences et discriminations contre les femmes sont liées et forment un continuum de violences, une société dans laquelle l’égalité entre femmes et hommes reste un objectif à atteindre, une société sexiste dans laquelle les auteurs de violences sexuelles bénéficient encore d’une large impunité, résultat de ce que les féministes appellent la culture du viol.
Pour lutter contre cette triste réalité, il faut largement éduquer la jeunesse (garçons et filles) et ce dès le plus jeune âge. Alors comment ne pas être alerté·es de voir le nouveau gouvernement écouter une fois encore les sirènes de l’extrême droite et ressortir la soi-disant théorie du genre pour bloquer le programme d’éducation à la sexualité, votée par une loi de 2001 et qui allait enfin être mis en œuvre dans son intégralité. Il faut dire que huit ministres du gouvernement Barnier étaient membre de “La manif pour tous”. Ceci explique sans doute cela !