Après deux mois de « procrastination » (pour reprendre le terme à la mode), le président de la République a choisi de nommer Premier ministre un membre du parti arrivé en 6ème position lors des dernières élections législatives en la personne de Michel Barnier, vieux briscard de la politique, élu pour la 1ère fois en 1973. Longtemps connu comme pro-européen1, l’homme avait surpris nombre de gens en 2021 lors de la primaire de la droite en reprenant directement des propositions de l’extrême droite sur l’immigration tel le référendum afin de bafouer les Traités européens et le Convention européenne des droits de l’homme.
Le gouvernement qu’il a constitué fait la part belle à des représentants de la droite dure alors que les législatives ont permis la constitution d’un rassemblement républicain pour empêcher l’extrême droite (et ses idées) d’arriver au pouvoir. A titre d’exemple, huit ministres du gouvernement Barnier ont soutenu « la manif pour tous ».
Mais le plus symbolique de cette dérive est sans doute la nomination de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur. Sénateur de Vendée durant de nombreuses années, il a fait ses classes auprès de Philippe de Villiers et lui doit sa carrière politique jusqu’en 2010, date à laquelle il a pris ses distances pour rejoindre les LR et se mettre dans l’orbite de François Fillon. Dés 2014, il devient président de la droite républicaine au Sénat où ses positions ultra-réactionnaires n’ont visiblement jamais gêné personne. Petit rappel : il s’est prononcé contre le mariage homosexuel, contre l’interdiction des thérapies de conversion, contre la constitutionnalisation du droit à l’avortement…
Ses valeurs sont la liberté, l’autorité et l’ordre. Et point d’égalité mais c’est assez normal pour quelqu’un qui a été scénariste du Puy du fou2 pendant plusieurs années. Il se prononce pour une droite forte qui s’assume et défend des valeurs civilisationnelles (la colonisation a eu des bienfaits même s’il y a eu des heures noires) contre l’islamisme et le wokisme. Il dénonce l’ensauvagement de la France et les territoires perdus de la République que certains ont dû fuir la peur au ventre. Et sur l’immigration, c’est lui qui a été à la manœuvre de la réécriture du projet de loi Darmanin en faisant le texte le plus réactionnaire depuis la 2nde Guerre mondiale.
Il ne fait aucun doute que ce gouvernement est l’otage de l’extrême droite et l’on peut se demander à quel prix E. Macron et sa clique arriveront-ils à se maintenir encore au pouvoir. Il est de notre devoir de combattre toutes celles et tous ceux qui acceptent de telles compromissions et de ne jamais renoncer à l’espoir.