le 10 juillet un nouveau responsable l'Aube dorée a été arrêté.
les drapeaux (orange), les autres (MAPE), le sitting dans une place commerçante qui fait face au parlement, à l'époque on est resté là des mois, on peut pas imaginer, à l'époque combien on était là, c'est ici dans la rue la convergence des luttes : enseignants, femmes de ménage renvoyées de l'ambassade, demain grosse manifestation contre l'exploitation de mines d'or dans le nord de la Grèce par des multinationales
ces nuits sont à toi, Alexis
écrit sur le mur de la rue de Chypre. Alexis, Alexis Grigoropoulos, 16 ans, premier mort des premières émeutes 2008. A toi, Alexis
des banderoles anti fascistes à Kypseli, devant le parc où, assis par terre, on roule des cigarettes et discute
slogans et tags anti-racistes partout, même autour de l'Acropole et quand on monte à Anafiotica des fumeurs de joints pas trop rasés, calmes, tout en haut, chantent l'hymne national, les escaliers peints à la chaux dégringolent, dégringolent, les volets bleus et les portes dans l'ombre
J'ai le numéro de T, l'appeler au centre de rétention de Corinthe
B ne s'étonne pas de cette loi qui a quelques mois et aucune pub : une loi anticonstitutionnelle certes, mais le gouvernement l'est, anticonstitutionnel, dis-moi ce qui ne l'est pas
il y a Tinos, il faut que tu ailles à Tinos, il y a là un musée ceci et un sculpteur de génie cela auprès de qui je prends de cours, regarde mon petit Hermès
et la musique, le jazz, les instruments orientaux, le fado. Et la poésie : ça tu peux pas mettre des mots sur l'effet que ça te fait, ça on te le prend pas. Comme on te prend pas non plus ce qu'on fait, là, on parle on parle, c'est ça qu'on veut, parler, le lien
un rêve, la maison de l'enfance : superbe mais c'est mal dit, le superbe à côté d'elle n'est rien, elle est faite de bouts de ficelle, l'enfance est quelque part en elle. A côté, qui s'oppose à la maison aux bouts de ficelle, l'autre, toute droite, stricte. L'autre maison, dégueulasse, aucune colère dans le rêve, juste la juxtaposition et au réveil, une impression de familiarité que rien, jamais, ne peut t'ôter
et puis, lié à ce premier rêve un autre, une petite peau, celle des ongles, à choisir, une peau humaine palpitante et grandissante qui ouvre et couvre la scène (laquelle ?), en tout cas le cœur bat, la peau-voile enveloppe, porte un nom, allez on est à Athènes, c'est Thésée le voile (ou la peau) de mon rêve, je cherche taisez, t'es zé, trouve rien sauf le souvenir de ce monsieur âgé, soigné, qui nous disait à deux pas de l'Acropole qu'il était aussi apollinien que dionysiaque mais ça n'a rien à voir
ce qu'a dit B: les dieux grecs vont se venger
et puis : tu devrais t'intéresser au nombre de suicides aujourd'hui en Grèce
et puis : la tombe en marbre dans le Péloponnèse, sur laquelle on a pas pu faire inscrire le nom du père mort, trop cher d'ailleurs demain j'ai RV aux impôts, et tu verrais ça, un laurier a poussé dans le marbre, là, dans le marbre de mon père, un laurier, c'est Daphni, la patte d'Apollon, dit-il
enfin bon, Daphni, tu sais, Apollon veut la violer
et puis : le dernier rêve de mauvaise nuit mauvais sommeil : 12, 12, ce chiffre, qui portait des merveilles.
les gens se sont retrouvés au chômage brusquement : que faire de notre savoir-faire ? Ici c'est une école autogérée, parents et enseignants. Là, Unfollow réunit des journalistes qui font du reportage de fond. Lefteris Xaralambopoulos, pour avoir dénoncé la contrebande du pétrole en Grèce par la compagnie Aegean a reçu des menaces de mort de Dimitris Melissanidis, gérant de la compagnie
nos savoirs-faire on ne les perd pas, on les met à l'œuvre, c'est pas rentable mais tu t'inscris là, tu fais, tu fais, en attendant
pour l'école ils ont choisi une formule que les autonomes leur reprochent plus ou moins : parents et enseignants sont impliqués dans le collectif mais on poursuit les cours privés de l'après midi
B raconte son stage pour apprendre à fabriquer des maisons à l'ancienne à Salonique et à préparer les semences, qu'on nous prenne tout, tout, on reviendra aux fondamentaux, c'est ça l'espérance
il faudrait aussi que tu te renseignes sur les prisons de Haute sécurité. Pour bandes organisées, opinions politiques. Le tout terrorisme, quoi
la mer, et les photos absentes pour cause de portable volé dans le métro au retour, on aurait vu les bleus qui se répondent, la pierre calcaire rose ou rouge, dominante ; on n'aurait pas entendu les cigales dans la poussière des lauriers et des oliviers, on n'aurait pas vu, quoi qu'il en soit, le reste
le reste : comme si je pouvais cesser là comme si c'était déjà fait comme si nous étions là, pourtant
le futur, quand tu es devant la bascule, n'est pas. Or tu fais le déplacement et ce qui n'était pas vient. Débrouille-toi avec le temps : le futur est présent. Si ce n'est pas du chaos. Et la Méditerranée bleuit encore. Du récit bousculé
T est enfermé au centre de rétention de Corinthe. L'Europe a débloqué des fonds pour la construction de centres modernes et grecs. Il n'y a rien, rien à faire dans les centres. Pas une pièce commune, dit T, pour regarder la télé. Pas de journaux. Pas d'activités. La seule activité, dit Trésor, ce sont nos portables, on a facebook, les mails, chacun son téléphone. L'isolement est total. Il y a ceux qui ne veulent pas demander l'asile - pour ne pas être renvoyé en Grèce après ? Non, dit T, mes amis qui l'ont demandé sont partis en Suède, Belgique, Allemagne, ils n'ont pas été renvoyés en Grèce. Non c'est parce que maintenant quand tu demandes l'asile on te retient dans le centre jusqu'à la réponse - si ça peut être long ?
les policiers c'est comme toujours, il y a ceux qui sont pleins de respect et qui ont un peu honte. Et il y a ceux qui, aux gens qui viennent de loin pour te voir, ne permettent de ne te parler qu'une minute, deux minutes