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Billet de blog 31 octobre 2014

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nous vous adressons un appel vibrant

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J'ai pris un peu de temps. Celui de la rentrée, celui de l'attente de réactions.

Puis Trésor est sorti du camp de rétention de Corinthe :  non que , hélas, la loi selon laquelle il y était enfermé ait changé.

La lettre qu'il a écrite quand il y était enfermé, en son nom et au nom des nombreux migrants  qui partageaient son sort, nous l'avons fait traduire (merci à tous ceux qui ont participé) en anglais, en allemand, et fait circuler auprès des députés européens.

Nous avons reçu des réactions de surprise et des promesse d'action.

Nous attendons et vous adressons, à vous aussi, lecteurs, cette lettre écrite à Corinthe, dans le camp.

Lettre aux députés européens

Nous, migrants enfermés au centre de rétention, ancien camp militaire, de Corinthe, nous vous informons de notre situation et vous adressons un appel vibrant. Nous avons besoin de vous.   

Le Nomiko sumboulio tou kratous, service de consultation juridique et de représentation juridictionnelle de l’Etat grec, a publié le 20 mars 2014 l’avis 44/2014 à la suite d’une demande formulée par la direction de la police dépendant du ministère de l’ordre public et de la protection des citoyens. L’avis se prononce en faveur d'une prolongation illimitée dans le temps de la rétention des migrants. 

Nous, migrants enfermés au camp de Corinthe, avons réagi à cette décision grecque par une grève de la faim au mois de juin 2014 mais nos efforts sont restés vains.

Cette prolongation de rétention est complètement opposée à l'esprit et à la lettre de la directive 2008/115/CE du Parlement européen relative aux normes et procédures applicables dans les États membres en ce qui concerne le retour des ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier. La directive, qui préconise une rétention aussi brève que possible, en fixe le terme maximum à dix-huit mois.

Nos conditions d'arrestation et de rétention sont en tous points opposées au droit de l’Union européenne : retenus depuis 18 mois ou plus, nous n'avons jamais vu un juge. Nous ne disposons d'aucune voie de recours devant une autorité judiciaire (article 15). À l'intérieur du centre nous n'avons aucune distraction, ne pouvons nous laver, nous mangeons une nourriture insuffisante malgré les fonds européens destinés à nous nourrir. Nous ne bénéficions plus des services de Médecins du Monde dont les spécialistes (dentistes, dermatologues, psychiatres) intervenaient très régulièrement. Les tentatives de suicide sont fréquentes.    

Notre désespoir est immense.  

Nous vous demandons de faire en sorte que la Grèce respecte les standards européens en matière d'immigration et nous vous demandons instamment de repenser ce terrible enfermement d'une grande partie, la plus pauvre, de la population mondiale. Enfermement en camps dont les conséquences historiques, pour l'Europe, ne sont pas mesurées.  

Nous, migrants enfermés au camp de Corinthe, ce 15/08/2014, vous remercions pour votre intervention en notre faveur. 


Trésor B, pour les retenus du camp de rétention de Corinthe. 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.