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Billet de blog 7 mars 2025

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Féminisme toxique : entre-soi, pouvoir et trahisons

"Depuis plus de 25 ans, je ne suis plus dans aucun confort, ni social, ni matériel. J’ai vu de l’intérieur comment le féminisme dominant exclut, contrôle et manipule. Aujourd’hui, je refuse d’être complice."

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Je suis née dedans.

Blanche, bourgeoise, catho de gauche. Éduquée dans ce féminisme-là. Celui qui parle d’émancipation, d’égalité, de luttes collectives. Celui qui prône l’universalisme, mais qui, en réalité, a des portes bien fermées et des places bien gardées.

Celui qui dénonce le patriarcat, mais jamais le sien.
Celui qui pointe du doigt les hommes noirs et arabes comme figures archaïques du sexisme, tout en perpétuant sa propre domination, plus sournoise, plus invisible.
Celui qui exclut tout en se prétendant inclusif.

Le patriarcat, c’est un problème. Mais il n’est pas l’exclusivité des classes populaires ou des hommes racisés, même si, pendant longtemps, certaines ont voulu le faire croire.

Aujourd’hui, les nouvelles générations de féministes blanches et bourgeoises ont bien intégré que leur champ de vision ne pouvait plus ignorer les Noirs et les Arabes. Elles savent qu’elles ne peuvent plus balayer la question aussi grossièrement.

Mais le pouvoir, lui, reste verrouillé.

Elles accablent encore "les autres" de misogynie et de paternalisme, tout en perpétuant leurs propres logiques de domination.
Elles dénoncent le patriarcat quand il est ailleurs, mais ne le remettent jamais en question quand il est chez elles.

La mécanique de contrôle reste la même. Seule la forme a changé.

Et ce paternalisme-là, celui qu’elles ne veulent pas voir, c’est aussi celui qui contrôle, qui enferme, qui humilie et parfois qui tue.

C’est celui qui brise les femmes qui dérangent. Celui qui fait interner celles qui refusent de se soumettre.
C’est celui qui écrase aussi les hommes noirs et arabes sous couvert de progressisme.

Le même pouvoir, les mêmes schémas, la même violence.

Un rouage bien huilé. Un système qui tourne parfaitement, parce qu’il a toujours fonctionné ainsi.

Mais moi, ça fait plus de 25 ans que je ne suis plus dedans.
Plus de 25 ans que je ne suis plus dans aucun confort, ni social, ni matériel.

Je ne parle pas depuis un piédestal.
Je parle depuis l’exil. Depuis la fracture. Depuis l’endroit où tout ce vernis bourgeois ne protège plus.

Et moi, j’ai été dedans, j’ai vu comment ça s’articulait, comment ça se justifiait, comment ça se perpétuait.

Et je refuse d’être complice de ça.

Il faut que ça change. Pas juste en surface. En profondeur.

Parce que si le féminisme ne sert qu’à reproduire des logiques de pouvoir en changeant les visages de celles qui dominent, alors ce n’est pas du féminisme. C’est une stratégie de classe.

Si la lutte ne sert pas à toutes, elle ne sert à rien.

Marie K. –  Je n'ai encore moins qu'avant, plus aucune raison de me taire . Ceci n’est pas une trahison. C’est un constat. 

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