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Billet de blog 13 mars 2025

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Le Mythe de l’Ennemie : Quand les femmes se trompent d’adversaire

Cet article invite à réfléchir sur la manière dont les femmes peuvent dépasser la division et la rivalité pour se concentrer sur ce qui les unit, tout en reconnaissant que les causes profondes de ces tensions sont souvent extérieures à elles-mêmes.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pourquoi dit-on que la femme est la pire ennemie de la femme ? Cette phrase, répétée à l’envi, semble indiquer qu’une rivalité naturelle existerait entre les femmes. Qu’elles seraient programmées pour se jalouser, se trahir, se détruire. Pourtant, cette prétendue rivalité est-elle vraiment innée ? Ou est-elle savamment entretenue par un système qui a tout intérêt à maintenir ce mythe en vie ?

On le sait, les rapports de pouvoir se nourrissent des divisions. On dresse les unes contre les autres en exploitant les insécurités, les désirs de reconnaissance, les ambitions personnelles. Les luttes de pouvoir entre femmes ne naissent pas de nulle part : elles sont souvent le fruit d’une société qui valorise la compétition, la conformité à des modèles préétablis, l’adhésion à des rôles sociaux où chacune est censée se battre pour une place limitée.

Et dans ce jeu cruel, les hommes eux-mêmes sont pris au piège. Car s’ils ne sont pas nécessairement les ennemis en tant qu’individus, leur adhésion aux rôles préfabriqués qui les arrangent – ou les rassurent – contribue malgré eux au maintien de ces rapports de force. Plus facile de se conforter dans une position dominante que de remettre en question un système qui leur donne l’illusion d’être maîtres du jeu.

Mais ce serait une erreur de croire que les hommes sont les seuls coupables. Beaucoup de femmes, en quête d’ascension sociale ou de validation, perpétuent les mêmes logiques de domination. Prêtes à s’écraser entre elles pour obtenir l’approbation d’un pouvoir qui, de toute façon, ne leur concédera que des miettes. La trahison entre femmes est le symptôme d’une aliénation profonde, d’un manque d’authenticité dans les rapports humains.

Alors, qui est vraiment l’ennemi ? Peut-être pas l’homme en soi. Ni même la femme. Mais un système qui encourage chacun·e à camper dans des rôles prédéfinis, au lieu d'explorer une véritable authenticité dans les rapports humains. Ce qui détruit la paix sociale et la paix des peuples, c’est cette facilité à endosser des postures qui flattent l’ego plutôt que de cultiver une compréhension sincère de l'autre.

Car si les hommes, et les femmes aussi, persistent à jouer des rôles qui ne leur ressemblent pas vraiment, à se conformer à des schémas hérités plutôt qu’à questionner leur propre manière d’exister, ils continuent d’alimenter un système qui exploite ces natures corruptibles. Tant que l’authenticité sera sacrifiée sur l’autel du pouvoir, de l’ego ou de la complaisance, la paix ne sera qu’un mirage. Le véritable défi consiste donc à déjouer ces mécanismes, à se défaire des masques pour avancer vers des relations humaines sincères, qui ne se laissent plus corrompre par les logiques de domination.

Mais au fond, la question qui revient toujours est : pourquoi dit-on que la femme est l’ennemie de la femme ? Ce n’est pas la question d’une rivalité innée, mais celle d’un système de pouvoir qui s’appuie sur cette division pour maintenir les inégalités. Si certains hommes ne parviennent pas à se détacher de ces rôles oppressifs, c’est à nous, les femmes, de prendre cette responsabilité. Nous avons une conscience aigüe des enjeux, et c’est à nous de reprendre le pouvoir sur ces rapports, pour éviter qu’ils ne nous isolent et nous divisent davantage. En repoussant les divisions internes et en dépassant ce rôle imposé, nous avons une chance d'instaurer des relations plus authentiques et une paix véritable. 

Marie K.

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