Marie K. (avatar)

Marie K.

Autrice engagée, chroniqueuse sociale

Abonné·e de Mediapart

52 Billets

0 Édition

Billet de blog 21 mars 2025

Marie K. (avatar)

Marie K.

Autrice engagée, chroniqueuse sociale

Abonné·e de Mediapart

"L’inertie des institutions : quand l’immobilisme devient le moteur de la précarité"

"L'inertie des institutions, c'est la promesse de grandes réformes et l'attente éternelle. La lenteur des réponses, l'absence de vraies solutions, tout ça forme un cercle vicieux où les plus vulnérables paient les conséquences de cette inertie qui s'étire dans le temps. Le pire, c'est quand elles se croient innocentes en jouant la carte de la bienveillance."

Marie K. (avatar)

Marie K.

Autrice engagée, chroniqueuse sociale

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'inertie des institutions : Quand l'inaction devient une politique

Je n’ai jamais voulu travailler dans une institution. Pas une seule seconde. C’est d’ailleurs ce qui m’a rendue folle quand j'y étais, parce qu’on peut difficilement y échapper. C'est là qu’on se heurte à un mur, un mur de lenteur, de bureaucratie et de promesses non tenues. C’est l’inertie, un fléau plus sournois qu’on ne le pense, et pourtant si bien installé dans le paysage institutionnel.

Les institutions, qu’elles soient éducatives, sociales ou même publiques, prétendent œuvrer pour le bien commun, mais dans les faits, elles produisent l’exact opposé : la précarité. La précarité des individus, des situations et des espoirs. Parce qu’à force de se contenter d’afficher une bienveillance vide de sens, elles se dédouanent des pires erreurs. Bienveillance, que j’appelle plutôt lâcheté déguisée en humanité, car elle dissimule l'inaction. Ce n'est pas une attention réelle aux besoins des gens, c’est une sorte de façade pour cacher la déroute derrière.

La violence que certaines institutions infligent, c’est de maintenir un système où tout est décidé depuis des bureaux à des kilomètres de la réalité. C’est là que je me suis rendue compte qu’à l’intérieur de ces institutions, tout est fait pour empêcher l’action véritable. Les règles sont là pour empêcher les initiatives, pas pour les encourager. C’est comme si, plus on donne de pouvoir à une institution, plus elle se met à tourner en rond, sans jamais réellement résoudre les problèmes qu’elle est censée traiter.

Et on finit par se retrouver avec des démarches bureaucratiques, des rapports qui ne servent à rien, des analyses superficielles et des solutions en trompe-l'œil. C’est ce que j’ai vu, ce que j’ai vécu. Un enchaînement de réunions, de décisions qui n’ont aucun effet concret, d'initiatives sans suite. Et au final, ce sont toujours les mêmes qui payent : ceux qui sont déjà au fond, ceux qu’on oublie.

Tout ça me pousse à une réflexion simple : la mission des institutions est-elle encore d’apporter des réponses aux réels besoins des gens, ou simplement de maintenir un système où elles ne sont responsables de rien ? Parce que si la réponse est le second cas, alors le pire reste à venir. On produit des crises sur des crises, mais au fond, on se contente de petites réparations cosmétiques pour cacher l’ampleur des dégâts.

C’est pour ça que je ne veux plus de ce monde-là et que je n'en ai jamais voulue.  Ce système vous fait perdre votre âme à petit feu. Et ceux qui sont à l’intérieur, par peur ou par habitude, finissent par s’y noyer. Il n'y a pas de place pour la vraie action, juste pour l’enfumage et l’inertie. L’illusion de tout contrôler. Mais c'est un leurre. Un leurre bien installé, avec des conséquences qui, elles, sont bien réelles.

Alors oui, l’inertie des institutions est un poison. Un poison lent, qui ronge tout sur son passage sans jamais se faire remarquer, mais qui, au final, anéantit tout. Et ce n’est pas du cynisme, c’est de l’expérience.

Marie K.- pour un monde moins figé. 

L'inertie et la rigidité sont souvent liées, mais elles ont des nuances importantes dans leur signification.

L'inertie, c'est avant tout le manque de réaction ou d'adaptation face à des changements, un manque d'énergie pour sortir de la stagnation. Dans le contexte des institutions, cela se manifeste par une incapacité à réagir rapidement aux évolutions nécessaires ou aux crises, une sorte de lenteur qui empêche l'innovation ou la prise de décisions urgentes. C'est un état où, même face à l'évidence des problèmes, il y a une immobilité qui peut être perçue comme une forme de refus de changer.

La rigidité, en revanche, va plus loin. C’est l’incapacité d’adaptation non seulement dans le temps, mais aussi dans l’espace, une sorte de « blocage » ou de durcissement des structures, des normes et des pratiques. Une institution rigide ne s’ajuste pas aux besoins spécifiques ou aux nouvelles situations, car elle maintient des règles, des processus ou des hiérarchies fixes, même lorsque la réalité extérieure exige plus de flexibilité. C’est une absence d’ouverture aux ajustements nécessaires, même si les signaux d'alerte sont clairs.

Dans les institutions, l’inertie et la rigidité se nourrissent mutuellement. L’inertie fait qu’elles ne réagissent pas à temps, tandis que la rigidité les empêche de réagir de manière efficace quand elles finissent par bouger. Cela crée un environnement où les problèmes persistent, se complexifient et où les réponses sont toujours en retard par rapport à la situation.

La combinaison de ces deux éléments (inertie et rigidité) peut rendre tout changement encore plus difficile, puisqu’il est impossible de sortir de la zone de confort institutionnelle. La rigidité empêche l’innovation, et l’inertie empêche l’action rapide. Ensemble, elles forment un cercle vicieux où rien ne se transforme, et les problématiques perdurent, aggravant la situation.

Dans ce contexte, une institution qui devient à la fois inertie et rigidité devient une machine qui ne peut plus évoluer, s’adapter aux besoins de la société, ni même réparer ses propres défaillances. C’est ce qui peut mener à une perte de confiance générale.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.