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Billet de blog 29 août 2025

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Quand la famille enferme : essai sur les illusions sociales

Cet essai raconte comment les illusions autour de la famille et de la maternité enferment : croire que les hommes doivent toujours être assistés, ou qu’une femme ne devient complète qu’à travers un homme et/ou un rôle de mère, sert souvent à renforcer son image sociale plutôt qu’à libérer. Ici, on déconstruit les mythes. Ou quand " la famille " a vertu émancipatrice confine au lieu d'ouvrir .

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Famille canonique et féminisme : déconstruire les illusions

1. La famille canonique : un pilier patriarcal

La famille père-mère-enfants a été construite en faveur de ce système. Le père y détient l’autorité et la légitimité, tandis que la mère est confinée au rôle de soutien et d’éducation. Sacraliser cette structure, c’est figer les hiérarchies et naturaliser la domination, sous couvert de “tradition” ou de “valeur sacrée”.

Le féminisme ne peut pas défendre une institution qui s’appuie sur la dépossession des femmes et l’assignation rigide des rôles.


2. La famille sacralisée : un piège pour les femmes

Élever la famille au rang de valeur suprême enferme les femmes dans une double contrainte : être mères et maintenir la cohésion du foyer. Cette sacralisation justifie le silence face aux violences et aux abus et transforme la peur de la rupture en outil de contrôle social. Le féminisme lutte pour briser ces chaînes, pas pour les renforcer.


3. L’“honneur du père” : une arme patriarcale

Défendre l’honneur du père revient à placer l’homme au centre de la valeur familiale. Cet “honneur” est un outil pour discipliner femmes et enfants. La vie des femmes vaut souvent moins que la préservation de ce prestige. Sanctifier le père ou rêver au prince charmant n’a rien à voir avec le féminisme


4. Le féminisme défend les individus, pas les rôles sacrés

Être féministe ne consiste pas à protéger la réputation du père ou à sanctifier la famille. La famille compatible avec le féminisme est celle où aucun rôle n’est imposé par le sexe ou l’autorité, et où la liberté et l’égalité sont au centre des relations. Une mère de famille est d’abord une femme, un père de famille est d’abord un homme, et ressentir l'idée que nous soyons incomplet sans faire union entre homme et femme , n'est pas féministe non plus .

Attendre d’être assisté à tout bout de champ pour les hommes, ou se sentir complète par le biais d’un homme et du rôle de mère pour les femmes, ce sont des idées reçues qui conditionnent et qui n’ont rien d’émancipateur.


5. La maternité n’est pas une consécration

Considérer une femme comme complète uniquement parce qu’elle devient mère est une erreur : la maternité ne définit pas la valeur d’une femme. Elle réduit, enferme et manipule, imposant sacrifices et contraintes, parfois au prix de comportements coercitifs dans le foyer.


5bis. Quand le contrôle maternel devient malsain et destructeur

Dans certaines familles, certaines mères exercent un contrôle excessif sur le foyer. Ce contrôle n’est pas motivé par la protection ou le soin, mais par un besoin de se prouver qu’elles peuvent dominer, parfois en manipulant leurs fils et en maltraitant ou rejetant leurs filles.

Cette stratégie est souvent vaine : ces mères ne “gagnent” jamais vraiment. Elles peuvent détruire leurs enfants, briser les relations fraternelles et fragiliser la cellule familiale, tout en restant paradoxalement attachées aux normes patriarcales et bourgeoises qu’elles prétendent contester.

Certaines croient que faire de l’homme le bouffon ou le soumettre est une revanche sur le patriarcat. C’est vrai sauf lorsqu’il s’agit de toujours raconter les mêmes inepties, de sacraliser le père, ou de se prendre pour une princesse en attente du prince charmant. Dans ces cas-là, la manipulation, la maltraitance et la sacralisation du père n’ont rien à voir avec l’émancipation. Le féminisme peut avoir un aspect de revanche sur le patriarcat, mais il vise l’égalité, la liberté et le respect, pas le pouvoir individuel.


6. La maternité ne confère pas de privilège féministe

Dire qu’une mère est plus légitime pour parler féminisme est une illusion sociale et patriarcale. La maternité ne donne aucun privilège : elle n’autorise pas à imposer un modèle ou un contrôle. Le féminisme vise l’émancipation de toutes, pas la validation d’un rôle particulier.


7. Les familles homo-parentales et le renversement du schéma classique

Les familles homo-parentales montrent que l’organisation familiale ne dépend pas du modèle père-mère. Deux mères, deux pères ou d’autres configurations peuvent élever des enfants dans un cadre égalitaire et libre, où aucun rôle n’est imposé par le sexe.

La légitimité d’une famille ne se mesure pas à sa conformité au canon hétéro-normé, mais à la liberté et au respect des individus. Ces modèles démontrent que la famille peut exister sans reproduire la hiérarchie patriarcale et les abus ciblés.


8. Ni pour ni contre les familles

Je ne suis ni pour ni contre les familles. Pour qu’une société fonctionne, il faut des cellules sociales. Les familles en font partie mais restent problématiques par pleins d'aspect.  Nous pouvons être ami.es et valoir autant qu'une famille " classique " en terme de système de valeurs  . Nous pouvons aussi vivre seul.e et se sentir bien plus complet.e a travers nos activités , nos recherches et nos ressources . L’essentiel reste la liberté, le choix et ce sentiment de justice à l’intérieur de ces cellules.


9. Conclusion

Oui aux liens choisis et aux familles libres. Oui à l’émancipation dans toutes les configurations. Oui, le féminisme peut être une revanche sur le patriarcat, mais jamais au prix de la maltraitance, de la manipulation ou de la domination personnelle, surtout envers les filles. Son objectif reste l’abolition de toute hiérarchie coercitive et la promotion de l’égalité réelle.

Marie K., contre les illusions familiales et les rôles sacrés

PS: Désacraliser la famille est politique : elle n’est pas seulement privée, mais structurelle. Elle organise le pouvoir, reproduit les rôles genrés et sert l’État. Dans les ASE, la « politique de l’enfance et des familles » crée un vrai bordel, et le tabou de l’inceste empêche souvent de protéger réellement les enfants. Remettre la famille canonique en question, c’est s'attaquer aux symboles et aux normes qui enferment et invisibilisent.

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