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Billet de blog 31 août 2025

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La solidarité à l’épreuve du modèle bourgeois

Dans un monde où la précarité et l’isolement explosent, la solidarité reste souvent confinée au modèle bourgeois, reproduisant les privilèges et les réseaux de pouvoir. Les vrais altruistes, eux, se retrouvent isolés et invisibles, dans un système qui préfère le calcul à l’empathie.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Aux origines de la solidarité

Le mot solidarité vient du latin solidus, qui signifie solide, entier, complet. Il désigne à l’origine le lien qui unit les individus entre eux et la responsabilité réciproque.


Plus t’es altruiste, plus t’es seul.e

Tenter d’être réellement solidaire dans ce contexte, c’est souvent se heurter à l’indifférence, au calcul ou au rejet. Les actes désintéressés, qui ne servent pas à consolider un réseau ou un avantage social, isolent celui qui les fait.

Définition et origine de l’altruisme :
Le mot altruisme vient du latin alter, “autrui”, et a été popularisé par Auguste Comte au XIXᵉ siècle pour désigner l’attention et le souci désintéressé porté aux autres. L’altruiste est celui qui place l’intérêt d’autrui au moins au même niveau que le sien, sans attendre de contrepartie.

Des études en sociologie et psychologie sociale montrent que les individus très altruistes ou empathiques se retrouvent parfois moins intégrés socialement, car leurs comportements ne correspondent pas toujours aux logiques de groupe ou de réciprocité (Paul Piff et al., 2012, Science ; Robert Putnam, Bowling Alone, 2000).

Les vrais altruistes se retrouvent seuls, invisibles dans un monde qui préfère la solidarité utilitaire : aider, oui, mais seulement si ça sert les codes du groupe.


La solidarité comme reproduction sociale

Les solidarités qui fonctionnent le mieux sont celles qui restent entre pairs : amis, collègues, membres du même milieu social ou économique. Elles ne remettent pas en cause l’ordre établi, au contraire : elles reproduisent le modèle bourgeois, garantissent la circulation des privilèges et consolident les hiérarchies.

Dans ce cadre, la solidarité devient un outil de survie interne plutôt qu’un vrai moteur de justice sociale. Elle est sélective, exclusive et auto-entretenue, loin de l’idée généreuse qu’on en a tous.


Les inégalités continuent de croître

Pendant que la solidarité circule en vase clos, les inégalités s’accentuent. Le modèle bourgeois qui gouverne exploite ce cloisonnement : les riches et les puissants organisent leurs propres réseaux, tandis que les laissés-pour-compte s’épuisent dans une solitude croissante. Les systèmes sociaux, économiques et politiques continuent de produire injustice et précarité, et la solidarité “publique” peine à franchir ces frontières.


💡 Conclusion

 Être altruiste, aujourd’hui, c’est souvent être isolé, tandis que l’organisation de nombreuses solidarités dans la société s’inspire du modèle bourgeois , entre-soi, hiérarchies, stratégies de pouvoir (avec tout leur lot de conflits d’intérêts, rivalités etc .. ) , consolidant privilèges et distinctions. L’altruisme se fout de ces codes , et se donne gratuitement . Ce qui se joue sur l’instant révèle l’essence même de l’humilité, opposée à toute prétention.

Marie K., pour une solidarité sans frontières


PS : quelques pistes pour limiter l’aggravation des inégalités

  • Renforcer les solidarités transversales : créer des réseaux qui ne se limitent pas à un milieu ou à un statut social, et favoriser l’échange et le soutien entre communautés différentes.
  • Soutenir l’altruisme concret : encourager les initiatives qui aident sans calcul, par exemple les associations locales, le bénévolat ou le mentorat, et valoriser ces actions publiquement.
  • Réformer les systèmes économiques et sociaux : pousser pour des politiques qui ciblent les inégalités structurelles (accès à l’éducation, logement, santé), et non seulement des aides ponctuelles.
  • Créer des espaces de partage et d’entraide : cafés associatifs, coopératives, lieux culturels ouverts, qui favorisent les interactions entre différents milieux et brisent l’isolement.
  • Encourager la responsabilité individuelle et collective : rappeler à chacun·e que soutenir l’autre et agir pour plus de justice sociale n’est pas seulement un devoir moral, mais un moyen de renforcer la cohésion et la résilience collective.

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