J’ai déjà eu l’occasion ici d’évoquer la conception de l’art, uniquement mercantile, que professe l’hôte de l’Elysée, sa récente visite à Chaumont nous en donne une nouvelle preuve. Inaugurant le centre Pompidou mobile, le président n’a cessé de demander le prix des œuvres présentées, de les classer en fonction de leur supposée valeur marchande, le monochrome orange d’Yves Klein méritant toute son attention, puisque, selon ses propres termes « ça c’est plusieurs millions ».
C’est déjà navrant de voir que la seule sensibilité du premier personnage de l’Etat se situe du côté du porte-monnaie, mais ce qui l’est encore plus c’est que cette étonnante histoire de l’art se tenait devant des enfants en visite scolaire. En quelques phrases le président a réussi à détruire ce qu’il est si difficile à faire comprendre à des élèves de nos jours, d’une part que l’argent n’est pas la mesure de toutes choses, d’autre part que l’art correspond à une recherche personnelle exigeante, donne du sens à l’existence, fait appel à la sensibilité de chacun et ne se jauge pas en fonction de critères économiques.